L'inflation et l'absorption des fonds communautaires (Cadre national stratégique de Référence - ESPA) ont été au centre des discussions mardi entre la direction politique du ministère de l'Economie, de la Compétitivité et de la Marine et les experts de la "troïka", lesquels ont également visité les ministères de la Défense, de l'Intérieur, des Transports, dans le cadre du contrôle de l'application du plan d'austérité par la Grèce.
Selon des informations émanant d'un haut cadre du ministère de l'Economie, les experts de la "troïka" se sont interrogés à propos de l'inflation sur les raisons qui empêchent une baisse massive des prix malgré la récession. Rapellons que le taux d'inflation en Grèce a été de 5,2% en juin 2010 contre 1,4% dans la zone euro pour le même mois.
Côté ministère, la réponse est que l'inflation, si l'on retranche les retombées de l'augmentation des taxes, TVA et taxes à la consommation, a chuté à 1,19% en juin, de 1,93% en janvier, alors que des baisses de prix sont enregistrées dans des secteurs précis, tels que l'alimentaire, même si des augmentations sont toujours relevées dans des secteurs, tels que les hôtels et les restaurants, un phénomène qui s'explique d'une part par la petite dimension des entreprises concernées et les hauts coûts fonctionnels (loyers, taxes municipales, énergie) et d'autre part par les structures oligopolistiques dans plusieurs branches du marché, commerce de détail et industrie - commerce de gros -, où un petit nombre de sociétés contrôle la majeure partie du marché.
A ce point, les représentants du ministère ont mentionné toute la série de mesures visant à contenir voire réduire les prix, en particulier dans la branche du médicament, les baux de location - en particulier des locaux professionnels -, le gel des frais de scolarité dans l'ensemble du système éducatif, le contrôle des transactions au sein des groupes et des différences de prix des produits à l'étalage entre l'UE et la Grèce, le nouveau cadre institutionnel pour la concurrence et la création d'un service de surveillance du marché.
Concernant le Cadre national stratégique de Référence (ESPA), le ministère assure que l'objectif d'absorption de 15% à la fin de l'année sera tenu (8,4% à l'heure actuelle contre 3,5% à la fin du précédent gouvernement), une demande ayant d'ores et déjà été soumise à l'UE pour l'obtention de 800 millions d'euros, alors que suivront des demandes pour 1,3 milliard en octobre et 660 millions en décembre.
Et si les experts ont relevé des retards dans certains programmes opérationnels (environnement, réforme administrative, transports-infrastructures), le ministère a expliqué ses retards par les grands changements dans les priorités et la planification, les rythmes devant s'accélérer de ce fait significativement à partir d'octobre.
Au plan des réformes institutionnelles, est attendue jeudi prochain la ratification par le Conseil des ministres de la nouvelle Loi de développement, qui sera ensuite soumise à la consultation publique, votée à l'automne prochain et mise en vigueur à partir du 1.1.2011, alors qu'est prévu pour le mois d'octobre le coup d'envoi effectif des nouvelles modalités de création des entreprises, entraînant à la fois la simplification des procédures et un moindre coût.
Concernant enfin les signes d'une limitation de la récession, sont pris en compte les exportations, les investissements en capital fixe, l'amélioration de la compétitivité et les nouvelles commandes dans l'industrie, surtout en provenance de l'étranger.
Les experts de la "troïka" se sont également entretenus avec le ministre de la Défense nationale, Evanghelos Venizelos, dans une "ambiance amicale", selon ce dernier, lequel en a informé du mode d'exécution du budget de son ministère, des prévisions comptables pour les prochaines années, de la mise en application de la législation sur les revenus des fonctionnaires, de la révision du Programme quinquennal de fournitures d'armement (EMPAE) et, enfin, des contrats pour les prochaines années.
Par ailleurs, au ministère des Infrastructures, des Transports et des Réseaux, et selon des sources officielles, les experts de la "troïka" ont été informés du projet à l'étude de la création de deux organismes dans les transports urbains, à savoir la fusion d'une part de l'ancienne ligne de métro Kifissia-Le Pirée (HSAP), du tram et du métro (AMEL), avec d'autre part les trolleys (HLPAP) et les autobus (EThEL).
Le déficit dans les transports publics se chiffre, selon l'officiel du ministère rendant compte de l'entrevue, à quelque 2,5 milliards d'euros.
Le dossier de l'assainissement des Chemins de fer hellénique (OSE) a été présenté également aux experts, ce projet devant être présenté vendredi au niveau technique, alors qu'il a été précisé que le déficit de l'organisme est estimé à 10 milliards d'euros, plus de 7,5 milliards concernant des emprunts pour la modernisation des infrastructures.
Enfin, la simplification des procédures pour la création de sociétés et la nouvelle Loi de développement ont été au centre des entretiens mercredi lors de la réunion commune des ministres de l'Economie, Louka Katseli, et des Finances, Georges Papaconstantinou, avec les experts de la "troïka" (Commission-BCE-FMI).
Selon des sources bien informées des ministères, les experts ont demandé l'accélération de la libération des professions fermées grâce à l'élaboration d'un projet de loi qui constiteura la "feuille de route" pour tous les ministères compétents ayant sous leur tutelle des professions de ce genre.
Les grandes dispositions de la nouvelle Loi de développement seront présentées, selon ces mêmes sources, devant la commission ad hoc du Parlement jeudi, alors que suivra une consultation publique en août, et le texte sera voté lors de la 2e session d'été du Parlement, pour être ensuite mis en application au 1er janvier.
i-GR/ANA-MPA