Le PASOK (socialiste) a remporté le scrutin des élections européennes du 7 juin en Grèce, avec une avance d'environ 4 points sur la ND (conservateurs, gouvernement), alors que le leader socialiste Georgios Papandreou espérait un écart d'au moins 7 points, le scrutin étant marqué pour un taux record d'abstention de plus de 45%, du jamais vu en Grèce.
Les électeurs grecs ont donc sanctionné le gouvernement Caramanlis, qui, cette année, a enchaîné scandale sur scandale, par un grand taux d'abstention, plus que par un report de leurs voix sur le PASOK. La ND perd toutefois plus de 10 points par rapport à 2004 (32,29% contre 43,01%), mais le PASOK ne progresse que de 2,6% passant de 34,03% en 2004 à 36,65% hier.
Le Parti communiste (KKE) qui dépasse les 8% aurait pu crier victoire mais ils ne réédite pas son score de 9,48% en 2004, tandis que la droite traditionaliste de Georgios Karatzaferis (LAOS) progresse nettement passant de 4,12% en 2004 à plus de 7% hier. La gauche radicale (SYRIZA), qui ambitionnait de dépasser le KKE, ne décolle pas et malgré un nouveau président jeune et charismatique à-la-Besancenot n'atteint que 4,70% (4,16% en 2004) et les Ecologistes se cantonnent à 3,5% mais bien mieux que le 0,67% de 2004. A noter enfin, un important éparpillement de 7,37% des votes (4,53% en 2007) au profit d'une multitude de petites listes.
Par contre, les Grecs de l'étranger, suivant la tendance dans le reste de l'Union Européenne, ont plébicité la droite. Dans la circoncription "étranger", la ND caracole avec 40,06% améliorant même son score de 2004 (39,05%), le PASOK regresse de plus de 4 points passant à 33,53% (37,64 en 2004), le KKE est à 9,43% (10,45% en 2004), le LAOS à 6,71% (5,44% en 2004), le SYRIZA à 3,84% (3,61% en 2004) et les écologistes-verts à 3,16% (0,71% en 2004). Les divers recoltent 3,26% (3,10% en 2004).
Selon les résultats, sur l'ensemble du territoire, fournis dans la nuit de dimanche à lundi - vers 02h50 - par le ministère de l'Intérieur, sur 98,68% des suffrages dépouillés, le PASOK vient en tête avec 36,68% des voix et 8 sièges, devant la Nouvelle Démocratie 32,33% (8 sièges), le KKE 8,34% (2 sièges), le LAOS 7,14% (2 sièges), la SYRIZA 4,69% (1 siège) et les Ecologistes-Verts 3,48% (1 siège).
Le premier ministre, Costas Caramanlis, a affiché sa détermination à persister dans la voie de la responsabilité pour assurer, avant et au-dessus de tout, l'avenir du pays, dans des déclarations dimanche tard en soirée sur le résultat des euro-élections.
M. Caramanlis, qui a jugé "sans précédent" pour les données grecques le taux de l'abstention, lequel exprime le message central du scrutin et le mécontentement des citoyens pour la politique, a déclaré retenir comme injonction du corps électoral, un traitement le plus efficace qui soit de la crise économique, ce qui constituera, a-t-il assuré, le devoir central du gouvernement.
"Le résultat électoral, bien sûr, ne nous satisfait pas. Il est clair qu'une part importante des électeurs de la ND ont choisi de protester afin de nous adresser leur message. Surtout par la voie de l'abstention", a souligné M. Caramanlis, qui a critiqué à cette occasion tous ceux qui veulent mettre à leur profit le résultat des élections. "Les quelconque enthousiasmes sont loin des messages des citoyens. Les citoyens exigent surtout une chose: le traitement le plus efficace possible des répercussions de la crise économique internationale. C'est là le devoir central du gouvernement".
Le premier ministre a dit être conscient que les citoyens exigent du gouvernement plus de vitesse, plus de détermination, plus d'efficacité. "Ils sont déçus, parce que le mécanisme d'Etat est le grand patient du pays, il continue à poser problème, malgré les pas réalisés", a souligné M. Caramanlis, affirmant prendre en compte et savoir que "certains comportement bien précis ont gêné, en violant des principes que j'ai posés, dès le premier moment que nous avons assumé la responsabilité de la gouvernance du pays".
"Nous reconnaissons cette réalité. Au même instant où les électeurs critiquent nos impuissances bien précises, ils savent que dans la gestion des grands problèmes du pays, nous avançons avec pour seule boussole la responsabilité. C'est avec responsabilité, que nous traitons la grande crise internationale et ses conséquences".
Papandréou: Les résultats des euro-élections sont l'espoir d'un meilleur lendemain
Le président du PASOK, Georges Papandréou, a mis l'accent sur l'espoir d'un meilleur lendemain, commentant dimanche soir les résultats des euro-élections, estimant que le premier pas a désormais été fait pour tourner la page, les électeurs ayant clairement demandé un changement politique radical.
M. Papandréou a parlé de renversement du paysage politique, et affirmé qu'à partir de maintenant tout commence, soulignant bien toutefois que l'heure n'est pas aux déclarations triomphales, mettant en garde les cadres du parti de toute arrogance et les exhortant à être l'écoute des électeurs.
"Aujourd'hui, il n'y a pas des citoyens vainqueurs et des citoyens vaincus, ce sont les politiques qui doivent changer qui ont été vaincues.
La victoire ce soir est celle des forces de progrès, a encore souligné le chef du principal parti de l'opposition, estimant que les résultats ont condamné l'idéologie et les pratiques du néo-conservatisme."
M. Papandréou a rappelé que le PASOK réclame des élections nationales depuis longtemps déjà, pour libérer le pays des politiques qui l'enfoncent, et c'est ce message qui est sorti des urnes aujourd'hui, a-t-il insisté, tranchant que le premier ministre ne peut plus empêcher les Grecs de changer de voie.
Papariga: Le KKE défendra les travailleurs face à des problèmes qui s'intensifieront
Le SG du KKE, Aleka Papariga, a assuré que le KKE s'engagera pleinement pour la défense des travailleurs dans les problèmes qui seront, à partir d'ajourd'hui, de plus en plus exacerbés, dans un premier commentaire dimanche sur le résultat des euro-élections.
Mme Papariga a déclaré que le KKE apprécie positivement son score, du fait surtout que ces euro-élections s'approchent plus des élections nationales, même sans s'y identifier, dénonçant en outre en règle générale un plan depuis les élections de 2007 visant à marginaliser le KKE et à le faire rétrogader de la 3e place sur l'échiquier politique.
Le KKE, a-t-elle dit, avec le soutien des travailleurs, a fait face bravement aux provocations et a démontré encore une fois qu'il résiste.
Enfin, Mme Papariga a critiqué l'abstention, en soulignant qu'il faut au contraire plus d'action. "Les deux grands partis utiliseront l'abstention pour empêcher la participation du peuple", a souligné Mme Papariga, ajoutant que "l'abstention comme attitude et comme choix empêche le redressement du mouvement qui est plus nécessaire que jamais".
Le président de la Coalition (SYN/SYRIZA), Alexis Tsipras, n'a pas caché sa déception au vu des résultats obtenus dimanche aux euro-élections, déclarant toutefois que son parti, par des moyens démocratiques, examinerait comment surmonter ses faiblesses.
M. Tsipras n'a pas exclu que la défaite de la ND et, en général, le faible taux des deux grands partis puissent conduire à des changements sur l'échiquier politique et permettre la mise en place d'un nouveau pôle pour sortir de la crise.
Le président du LAOS, Georges Karadzaferis, a souligné dans un commentaire à chaud des premiers résultats des euro-élections, peu après 21h30, que "des pourcentages plus élevés signifient aussi une plus grande responsabilité".
"J'appelle les cadres à faire preuve de la responsabilité et du sérieux qui se doivent", a affirmé M. Karadzaferis, soulignant la lecture qui devra être faite des résultats électoraux avec le plus grand sérieux.
M. Karadzaferis a souligné qu'avec un dépouillement de certes tout juste 10% des suffrages, le LAOS vient en 3e position dans la plupart des départements du pays, à savoir 27 départements.
i-GR/ANA-MPA