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"Debate" à la grecque : journalistes et politiques dans un non-show, non-débat.

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Par iNFO-GRECE,

L'art de débattre en politique a beau acquérir ses lettres de noblesse dans la Grèce antique, les Grecs modernes n'avaient qu'un mot à la bouche hier, c'était le "ntibbeït", version néo-hellénique de l'anglais "debate". Les six chefs de partis politiques qui disputent les élections législatives dans 10 jours participaient en effet jeudi soir à 21h à un grand débat télévisé. Avec une partition connue et maintes fois jouée, même dans le direct ce ne pouvait être ni un show ni un débat.

Costas Caramanlis était là pour pour la ND/Nea Dimokratia (conservateurs), Georgos Papandreou pour le PASOK (socialistes), Aleka Papariga pour le KKE (communistes), Alekos Alavanos pour Syriza/Synaspismos (extrême gauche), Georges Karatzaferis pour le LAOS (populistes de droite) et Stelios Papathemelis pour l'Dimokratiki Anagenisis (Renaissance démocratique, populistes du centre-gauche).

Le débat a eu lieu dans les studios de la Télévision publique grecque (NET), 7 journalistes interpellant les leaders politiques qui disposaient de 90 secondes pour répondre à chaque question : Olga Tremi (MEGA), Elli Staï (ALPHA), Nicos Hadzinicolaou (ALTER), Nicos Evangelatos (ANT1), Aimilios Liatsos (STAR) et Alexis Papachelas (SKAI) et Maria Houkli, coordinatrice du débat. Un débat quelque peu surréaliste pour satisfaire les desiderata à la fois des partis politiques et des chaînes de TV participantes, ce qui a abouti à 36 questions regroupées en 6 unités thématiques (politique étrangères, économie, administration publique, politique sociale et affaires plus générales).

A gauche la rangée des hommes politiques, à droite celle des journalistes.

Pour le téléspectateur, la partition était connue et elle n'a pas été démentie. - Caramanlis : "je n'ai rien fait en quatre ans, mais tout ce qui marche c'est à cause de moi. Je vous invite à continuer comme ça" ; Papandreou : "quand j'étais ministre, la Grèce était le nombril du monde. Vous ne vous êtes pas aperçu, mais moi qui a beaucoup voyagé en tant que ministre des Affaires étrangères, je peux en témoigner". Voilà pour l'essentiel des deux principaux prétendants. Quand aux autres intervenants, quand ils n'avaient pas des comptes à régler entrer eux, ils expliquaient pourquoi ils étaient trop petits devant les deux autres.

Dans un débat terne et amorphe dominé par l'"aerologia" (propos du vent ? ndlt), il était presque plus amusant - à défaut d'intéressant - d'observer les tics et les tricks des journalistes tv (mais pour les apprécier il fallait connaître le background de leurs rivalités) que de suivre les propos des hommes politiques. Pas une seule réponse concrète ou ligne de programme. On vous épargnera donc un compte rendu de notre cru en nous contentant des résumés, tels que retranscrits par l'agence officielle de presse.

Une tasse et une chemise verte, les conseillers en communication de Papandreou ont réussi le "tuning" pour personnaliser la table du débat et l'habiller aux couleurs du PASOK. L'occupant en est ravi de la trouvaille.

Caramanlis demande le suffrage des citoyens pour aller plus avant dans les innovations, changements, réformes

"Au cours des trois années et demi, des choses importantes ont été réalisées, mais sans être achevées. Nous sommes au milieu d'une route ascendante difficile. Et nous devons continuer à aller de l'avant avec une plus grande détermination", a affirmé M. Caramanlis, pour bien souligner que malgré des erreurs ou insuffisances, une oeuvre importante a été réalisée. "Personne ne dit que nous sommes infaillibles, quiconque agit, et surtout dans des conditions difficiles, fait des fautes et a des insuffisances. Nous pouvons réussir beaucoup si nous avançons tous unis", a-t-il dit.

M. Caramanlis a exclu à ce point toute perspective d'alliance post-électorale, faisant valoir que le nouveau gouvernement devra procéder aux innovations nécessaires, aux changements nécessaires, aux réformes nécessaires, afin que la Grèce devienne plus compétitive.

"Je pense personnellement que c'est là que réside le véritable enjeu. J'estime qu'il faut des changements dans de nombreux domaines. C'est là toute la vérité et je veux dire aux Grecs que s'ils me font confiance, c'est là ma décision, avancer avec encore plus de détermination".

S'il n'y a a pas de gouvernement fort d'une majorité absolue lors du scrutin du 16 septembre, il y aura de nouvelles élections, a affirmé M. Caramanlis, soulignant que les conditions objectives ne concourent pas pour une coopération avec d'autres partis.

M. Caramanlis a fait une mention spéciale à deux grands dossiers qui lui tiennent à coeur, les changements climatiques - soutenant que le gouvernement a fait d'importants pas en avant dans le domaine de la protection de l'environnement - et la réforme de l'éducation - où tout en reconnaissant que l'engagement de porter les dépenses pour l'éducation à 5% du PIB n'a pas été tenu, il a parlé de dépenses malgré cela en hausse en chiffres absolus.

M. Caramanlis a également insisté sur la nécessité absolue de pousser encore plus avant les réformes au sein de l'Etat, "le grand patient", a-t-il dit, afin qu'il soit au côté du citoyen chaque fois qu'il en aura besoin, retenant comme points positifs en ce sens le renforcement de la croissance, la réduction du chômage, pour conclure enfin sur les changements encore nécessaires au niveau de l'Etat social.

Enfin, au plan de la politique étrangère, M. Caramanlis a parlé du rôle dirigeant de la Grèce en Europe du Sud-Est, comme le reconnaît aussi l'UE, a-t-il noté, alors que plus précisément concernant la question de l'appellation de la FYROM, il a réitéré que la Grèce a fait preuve de toute sa bonne volonté et qu'il reste à présent au pays voisin à en faire autant. A ce sujet, M. Caramanlis a été extrêmement catégorique pour exclure toute adhésion de Skopje à aucune organisation internationale, y compris l'OTAN et l'UE, s'il n'y a pas au préalable une solution mutuellement acceptée sur la question du nom.

Papandréou: Le PASOK garantit une nouvelle voie de responsabilité et d'espoir

Le président du PASOK, Georges Papandréou, a invité tous les Grecs à avancer avec le PASOK dans une nouvelle voie de responsabilité, d'espoir et de perspective, ajoutant qu'au terme de son mandat gouvernemental il veut pouvoir regarder les citoyens dans les yeux "car, ensemble, nous aurons échappé au passé et changé la Grèce".

M. Papandréou a critiqué le gouvernement de la ND "qui a hérité de la Grèce des JO et, au lieu de construire sur ce qu'il a trouvé et réparer les erreurs de ceux qui l'ont précédé, à créé la plus grande catastrophe de la période d'après-guerre et la couverture de scandales sans précédent".

Interrogé sur la politique étrangère, M. Papandréou a observé que "nul ne nous fera de cadeaux si nous ne disposons pas d'une position forte et d'une capacité de négocier, une position de prestige et de puissance sur la scène internationale", accusant le gouvernement de la ND d'avoir porté atteinte au prestige du pays en "le traînant dans un recensement budgétaire (lors de son arrivée au pouvoir) et en parlant de menaces asymétriques au sujet des incendies (à la fin de son mandat)".

M. Papandréou a encore accusé M. Caramanlis d'avoir dissimulé le scandale des obligations structurées et de ne pas avoir remboursé l'argent (aux caisses de sécurité sociale qui avaient réalisé ces placements), de ne pas avoir communiqué le rapport Zorbas (sur les responsabilités existant dans le parcours de ces obligations entre établissements financiers et jusqu'aux caisses) et d'avoir avancé la convocation des élections pour ne pas avoir à dévoiler ce rapport.

Papariga: Nous restons fermes dans nos thèses, la perspective du socialisme, le pouvoir populaire

Le SG du KKE, Aleka Papariga, a appelé les citoyens à se désenclaver des deux grands partis, ND et PASOK, et opter pour l'alternative politique du KKE comme garantie de renforcer leur action et défendre leurs droits.

"Nous nous adressons à ceux qui comprennent qu'ils doivent quitter les deux partis et recherchent une assurance, dirais-je, dans leur choix alternatif qui stimulera et renforcera leur action", a affirmé Mme Papariga, insistant sur la franchise et la constance des thèses de son parti, la perspective du socialisme, le pouvoir populaire. "Nous ne disons pas une chose lundi et une autre mardi. Nous restons fermes sur nos thèses", a-t-elle lancé.

Mme Papariga, qui a reconnu que l'électeur peut ne pas être d'accord à 100% avec les thèses du KKE, le vote ne signifie pas une adhésion à une idéologie, a-t-elle souligné, a revendiqué le suffrage des citoyens comme "vote contre le duo ND-PASOK, contre la fatalité et la logique des voies uniques qui conduisent à choisir entre deux partis pareils et à ne pas voir ou choisir ou lutter pour l'issue que chacun veut".

Alavanos: Nous voulons promouvoir ce qui unit la Gauche

Le président de Synaspismos, Alekos Alavanos, a mis l'accent sur la nécessité de défendre les mobilisations de la jeunesse et de reconnaître leurs luttes pour l'éducation, l'environnement et, plus généralement, la société, ainsi que de soutenir les pauvres, les marginalisés et les familles endettées, tenant bien à se démarquer toutefois de tous ceux ayant participé à des incidents violents.

M. Alavanos a affirmé que la Coalition ne coopérera pas au niveau gouvernemental avec le PASOK, soulignant qu'il existe de nombreuses différences entre les deux partis, notamment dans le secteur des privatisations, de l'éducation et de la Constitution européenne.

M. Alavanos s'est dit heureux que les "deux grands partis soient inquiets et redoutent le résultat des élections", soulignant que cela peut changer la scène au lendemain des élections grâce au renforcement de la Coalition.

Karadzaferis invite tous les déçus des politiques appliquées à voter pour le LAOS

Le président du LAOS, Georges Karadzaferis, s'est déclaré en faveur d'un large dialogue pour le règlement de la question de la sécurité sociale, en proposant la création d'un nouveau organisme unifié auquel seront intégrés aussi les agriculteurs, ainsi que l'instauration d'une retraite nationale unique.

M. Karadzaferis a estimé que la ND gagnera les élections du 16 septembre et qu'aucune alliance post-électorale ne sera nécessaire, insistant toutefois que "la parole doit être donnée tout d'abord aux urnes, car en démocratie il n'existe pas d'impasse".

Enfin, M. Karadzaferis a invité tous ceux qui ne sont pas satisfaits des politiques appliquées jusqu'à présent à voter pour le LAOS.

Papathémélis: Pas de majorité absolue pour le 1er parti aux élections du 16 septembre

Le président de la Renaissance démocratique, Stélios Papathémélis, a estimé que le parti qui remportera les élections du 16 septembre ne s'assurera pas une majorité absolue au Parlement, alors que parmi les priorités de son parti il a cité le caractère public de la santé comme condition d'un Etat de prévoyance fort, qui aura la force de prendre des décisions et de les imposer, renchérissant dans la même voie que la croissance économique doit aller de pair avec la justice sociale.

Au plan de la politique étrangère, M. Papathémélis a exigé une nouvelle fois le veto de la Grèce à l'adhésion de la FYROM à l'UE sous le nom "Macédoine".

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