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Inquiétudes sur l'avenir du Kosovo après le décès d'Ibrahim Rugova

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Par iNFO-GRECE,

Le président élu de la province serbe du Kosovo, Ibrahim Rugova, est décédé samedi à l'âge de 61 ans, des suites d'un cancer du poumon diagnostiqué en août dernier. Le décès de M. Rugova intervient à quatre jours de la reprise des négociations sur le statut futur de la province du Kosovo, qui s'annoncent déjà plus difficiles et compliquées sans la présence d'Ibrahim Rugova. Le Premier ministre grec, Costas Caramanlis, et le ministre des Affaires étrangères, ont adressé leurs messages de condoléance, saluant la contribution du leader modéré des Albanais de Serbie à la stabilité régionale.


Né le 2 décembre 1944 Ibrahim Rugova avait consacré la première partie de sa carrière à la littérature avec des études à l'Pristina puis à Paris avant d'obtenir une chaire à l'Université de Pristina où il devient également président de l'union des écrivains du Kosovo. C'est en cette qualité qu'il entre pour la première fois en politique menant en 1989 un group de 215 intellectuels qui s'oppose au changement de la Constitution de la Serbie post-Yougoslave visant à restreindre l'autonomie de la province du Kosovo. A la fin de l'année, il crée le premier parti politique, l'Union Démocratique du Kosovo.

Sous son impulsion, les députés albanais, majoritaires au parlement régional, votent pour l'abandon du statut d'autonomie et la proclamation d'une République kosovare à part entière le 2 juillet 1990. Rugova sera ensuite marginalisé sous la pression américaine qui aux négociations de Rambouillet privilégie les maquisards armés de l'UCK (Armée de libération du Kosovo) qui serviront d'éclaireurs à l'intervention américaine contre la Serbie.

Aux élections de 2000, Rugova revient au devant de la scène politique locale et internationale en étant élu président du Kosovo, lequel est cette fois placé sous administration onusienne. Il est réélu en 2004. Son cancer est diagnostiqué au cours de l'été 2005. Il était marié et père de trois enfants. Il sera inhumé jeudi dans "le cimetière des martyrs albanais", réservé jusqu'ici aux membres de l'UCK tombés durant les combats de 1998-1999, bien que l'UCK n'ait jamais pardonné à Rugova son refus de soutenir la lutte armée pour l'indépendance.

Mais alors que la disparition d'Ibrahim Rugova fait craindre un réveil des querelles internes au camp albanais, entre modérés prônant le dialogue et jusqu'au-boutistes du KPC (Corps de protection du Kosovo remplaçant l'UCK), c'est la décision du président Serbe Boris Tadic de s'inviter aux funérailles de Rugova qui devient un casse-tête pour les albanokosovars et pour la Kfor, la force internationale chargée d'assurer la sécurité.

"Il est difficile de concevoir la politique à Kosovo et le Kosovo même sans Rugova", a dit à l'annonce du décès le chef de la mission de l'ONU au Kosovo, Soren Jessen-Petersen.

Le Premier ministre grec, M. Caramanlis, a fait part de sa profonde peine pour la perte d'Ibrahim Rugova. "Dans la récente histoire mouvementée du Kosovo, le président Rugova n'était pas seulement un homme de lettres, mais également un chef politique à la tête froide et lucide qui a gagné le respect et l'amour de son peuple ainsi que l'estime de la communauté internationale. Sa perte rend plus difficile encore l'effort complexe pour la détermination du statut futur du Kosovo. J'adresse mes sincères condoléances à ses proches et au peuple du Kosovo".

De même, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Georges Koumoutsakos, a fait part des condoléances du ministère pour le décès du président élu de la province serbe du Kosovo.

M. Koumoutsakos a exprimé l'espoir "que ce triste événement n'ait aucune conséquence négative dans la lucidité et la modération exigées pour faire face au processus en évolution pour la détermination du futur statut du Kosovo".

i-GR/ANA

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