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Jérusalem. Le Patriarche Eirinaios désavoué par ses prélats

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Par iNFO-GRECE,

"De quel droit me désavouez-vous ?", semble avoir répondu le Patriarche Irénée Ier de Jérusalem (Eirinaios) au Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, selon des sources bien informées. Et, plus loin : "vous ne cherchez pas l'apaisement, mais notre massacre". Rien n'arrive désormais à éteindre la crise qui a éclaté au Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, gardien des lieux Saints, depuis que son Patriarche Irénée a cédé en bail longue durée des propriétés du Patriarcat à des hommes d'Affaires israéliens provoquant la courroux des Palestiniens. En jeu des enjeux, la caisse !

Mais surtout, ce fut un prétexte à un règlement de comptes sans précédent qui a fait éclater le feu qui couvait depuis, visiblement, bien longtemps, en terre sainte. Même les cérémonies du plus saint des jours de l'orthodoxie, la semaine de la Passion et la Résurrection n'ont pas suffi à ramener calme et sagesse dans la hiérarchie du Patriarcat de Jérusalem. Devant l'échauffement des esprits, qui se sont violemment manifestés dès Vendredi Saint, la police israélienne a sévèrement filtré l'accès aux lieux le jour de la Résurrection samedi 30 avril, frustrant les milliers de pèlerins grecs, russes, chypriotes et autres nationalités orthodoxes.

Dimanche, des incidents ont éclaté au Patriarcat de Jérusalem, où les prélats du Synode ont tenté d'empêcher qu'une somme d'argent soit prélevée du service financier du Patriarcat, ainsi que soient soustraits le sceau du même service et toutes les procurations signées par le Patriarche Irénée par le passé. Après l'intervention de la police israélienne, il a été convenu que toute personne désirant pénétrer dans le service financier du Patriarcat devra tout d'abord en prévenir la police qui l'accompagnera. Entre temps, la police israélienne a scellé l'entrée du service financier, alors que la présence des membres du Synode et d'un représentant d'Eirinaios est exigée au cas où toute somme ou tout document devraient être prélevés.

Le Patriarche œcuménique, Bartholomée Ier, a lancé un appel au Patriarche Irénée, l'invitant à ne rien faire qui puisse aggraver la crise actuelle. Dans une lettre, transmise par fax au Patriarche Irénée, Bartholomée lui demande de ne pas réunir le Saint Synode, ainsi qu'il l'avait annonce précédemment, soulignant que cette action créerait des problèmes plus importants encore et alourdirait la crise qui secoue le patriarcat de Jérusalem.

La dernière tentative d'Irénée, vendredi dernier, de réunir le Saint Synode avait tourné au fiasco, une majorité des prélats ayant désavoué le Patriarche et procédé ensuite à l'occupation du Patriarcat, d'où Irénée n'a pu sortir que protégé par la police israélienne. Alors qu'Irénée serait tenté de prendre des mesures de rétorsion envers les contestataires, l'autorité de Phanar (siège du Patriarca œcuménique) semble reconnaître implicitement la passation de tous les pouvoirs du Patriarcat de Jérusalem à la Commission tripartite mise en place par la Fraternité du Saint Sépulcre, suite au désaveu d'Irénée.

Dans la soirée du mardi, le Conseil des ministres de la Jordanie a désavoué également le Patriarche Irénée, approuvant la décision du Saint Synode, ce qui conformément aux statuts du Patriarcat ouvrirait la voie à des élections pour la désignation d'un nouvel occupant du trône patriarcal des Lieux Saints. Bien que la Jordanie n'a plus de souveraineté territoriale sur Jérusalem depuis 1988, elle jouit toujours de ses droits de surveillance des institutions religieuses sur Jérusalem Est. A Tel-Aviv, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a fait savoir qu'Israël n'entendait pas se mêler de l'affaire. Quant à Athènes, le gouvernement grec demande depuis plusieurs mois à Irénée d'être "à la hauteur de la situation, et d'assumer ses responsabilités", une demande de démission qui ne porte pas son nom.

De son côté, Irénée a réitéré a l'intention de Bartholomée les affirmations faisant état "de fausses accusations" "dirigées" contre lui, et ne s'est nullement montré disposé à respecter les décisions de la majorité de la Fraternité du Saint Sépulcre, selon des sources bien informées.

Selon ces mêmes sources, le patriarche Irénée examinerait actuellement la possibilité de se rendre au Phanar, ainsi que l'en aurait convie Bartholomée, pour discuter des développements à Jérusalem. Cette invitation de Bartholomée à l'intention d'Irénée aurait été formulée par téléphone, selon les mêmes sources.

Toutefois, plus tard dans la journée, Irénée, se disant surpris de l'intervention du Phanar, a durci sa réponse au Patriarche œcuménique, contestant l'intervention de Bartholomée et l'objectivité du comité que ce dernier avait dépêché à Jérusalem à des fins d'information.

i-GR/ANA

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