Le Premier ministre grec, Costas Simitis devrait en toute probabilité annoncer la semaine prochaine son retrait du devant de la scène politique grecque quelques mois avant la tenue des élections législatives qui devaient avoir lieu vers mars-avril prochain. L'actuel ministre des Affaires étrangères Georgios Papandreou serait désigné comme successeur, lors d'une intervention très attendue du Premier ministre, mercredi prochain, à son retour du domicile familial à l'Ouest du Péloponnèse où il a passé les fêtes du jour de l'An.
Donné perdant dans tous les sondages depuis plus d'un an face à l'opposition de la droite (Nea Dimokratia), Costas Simitis a fini par prendre acte que les initiatives sociales prises par son gouvernement à la rentrée de septembre dernier n'ont pas produit le redressement espéré. Pas plus que les changements opérés à la tête du parti.
En octobre 2001, le Premier ministre, misait sur la maîtrise du parti et verrouillait le PASOK en y plaçant l'apparatchik Costas Laliotis, alors ministre de l'Environnement au Secrétariat Général. En juin 2003, à l'issue de la présidence grecque de l'Union européenne, Simitis mise sur son succès personnel de la présidence et sur la popularité de son ministre de l'Ordre Public, Michalis Chrisohoïdis, qui jouit du succès du démantèlement du groupe terroriste "17 novembre", dont le procès est alors en cours. Laliotis, cité dans plusieurs affaires de corruption, ne faisant plus l'unanimité au sein du parti pour conduire la campagne électorale, est limogé au cours d'une Convention extraordinaire du parti, au profit de Chrisohoïdis. En octobre dernier, Costas Simitis lançait la campagne électorale, dont il assurait vouloir la conduire lui-même, devant le Conseil National du PASOK. En effet, dans les sondages, M. Simitis apparaissait toujours comme le meilleur home politique grec à assurer le poste du Premier ministre, devant le président de Nea Dimokratia (ND), Costas Caramanlis. Mais cette préférence personnelle contrastait avec la situation du PASOK (Parti socialiste), entre 7 à 8 points derrière le parti de Karamanlis.
M. Simitis, sous la pression des cadres du PASOK, a fini par accepter de jouer, en ce début d'année, la dernière carte, celle de son Ministre des Affaires étrangères Georges Papandréou, qui jouit d'une certaine popularité en Grèce et qui est en même temps très apprécié dans les chancelleries étrangères et notamment aux Etats-Unis, dont le soutien reste toujours déterminant en Grèce. Les deux hommes ont terminé les préparatifs de l'annonce pendant les fêtes de fin d'année lors d'une conversation téléphonique entre Athènes et Paris où M. Papandréou se trouvait pour le réveillon du nouvel An.
Le scénario le plus probable veut que M. Simitis annonce la tenue d'un congrès extraordinaire du PASOK pour l'officialisation de son successeur. Le congrès extraordinaire pourrait ainsi se tenir le week-end du 23-24 janvier. Mais selon nos informations, M. Papandreou maintiendrait sa demande d'une reforme du statut du parti pour une élection de son président par la base, ce qui compliquerait le calendrier amenant, dans cette hypothèse, le PASOK à organiser des primaires au sein de ses Commissions départementales et à se prononcer dès le week-end du 7-8 février. M. Papandreou élu à la tête du parti pourrait alors demander au Président de la Démocratie Hellénique la dissolution de l'Assemblée et la tenue d'élections anticipées, accédant ainsi à la demande constante de… Nea Dimokratia. Dans ce dernier cas, les élections pourraient avoir lieu le dimanche 14 mars.
INFO-GRECE qui avait pressenti les événements, incluait le ministre des affaires étrangères parmi les personnalités de l'Année (voir article relatif dans la section Magazine), avait aussi interpellé M. Papandréou sur la question de la succession de M. Simitis à la tête du Pasok lors d'une rencontre à Paris le 1er décembre 2003. En guise de réponse, nous avions obtenu un sourire très révélateur. De même, M. Simitis était entré dans la liste des "épinglés" de notre palmarès, à cause de l'échec de sa stratégie pour le redressement de son parti dans les sondages. Pour éviter l'échec a la Jospin que nous préconisions dans notre palmarès, Simitis prend les devants. Et l'hypothèse que nous avions émis, il y a près d'un an, faisant état des rumeurs dans les coulisses bruxelloises, d'une carrière européenne comme possibilité de rebond de M. Simitis, refait aujourd'hui surface dans la presse grecque qui scrute la bulle du microcosme politique athénien pour deviner l'avenir politique du Premier ministre. C'est ainsi qu'elle prête à M. Simitis l'intention d'une visite en France et en Allemagne dans le courant du mois de janvier pour s'assurer du soutien de Président français et du chancellier allemand pour sa candidature à la présidence de la Commission.