A l’occasion de la prise en charge de l’exercice de la Présidence par notre pays au cours du premier semestre 2003, le Premier ministre grec Costas Simitis, en sa qualité de Président du Conseil des Chefs d’États et de gouvernements des pays de l’Union européenne, a adressé une lettre aux citoyens européens dans laquelle il souhaite "partager avec eux certaines de ses pensées en ce qui concerne les aspirations de la Présidence grecque pour une «véritable Europe des citoyens»". Plus spécifiquement, dans sa lettre, traduite dans les langues des 25 pays, M. Simitis écrit :
Chers citoyens de l’Europe,
Je m’adresse à vous à l’occasion de la Présidence du Conseil de l’Union européenne qui sera assurée par la Grèce au cours du premier semestre 2003. Je souhaiterais partager avec vous certaines pensées, en l’occurrence quelle Europe nous souhaitons et ce que la Présidence grecque a l’intention de faire pour sa construction.
Tout d’abord, nous voulons une Europe plus large, meilleure et plus puissante. Une Europe élargie grâce à l’adhésion des dix nouveaux états qui ont achevé leurs négociations et, par la suite, de tous les autres pays qui achèveront également les négociations et répondront aux critères politiques et économiques nécessaires à l’adhésion.
Nous souhaitons une Europe meilleure pour tous ses citoyens. L’Europe véritable des citoyens. Une Europe de la cohésion et de la solidarité qui se souciera des problèmes quotidiens de ses citoyens et qui tentera de trouver des réponses et des solutions. Une Europe pour les jeunes qui leur préparera un meilleur avenir sans insécurité et incertitudes. Une Europe du plein-emploi, dans un cadre de justice sociale et de sensibilité écologique. Une Europe avec des politiques pour ses citoyens, avec des chances égales pour tous. Une Europe tolérante et pluriculturelle, sans exclusions ni distinctions.
Nous voulons une Europe profondément démocratique dans le respect les droits fondamentaux de tous les citoyens et de tous les groupes sociaux. Une Europe aux horizons et aux perspectives ouvertes. Une Europe en tant qu’espace de liberté, de justice et de sécurité pour tous ses citoyens. Une Europe ayant des institutions bien établies, démocratiquement légitimes et efficaces tant pour l’élaboration des politiques que pour la prise de décisions.
Nous souhaitons encore une Europe puissante tant au niveau régional qu’international. Une Europe en tant qu’agent de paix, de stabilité et de développement durable pour tous. Une Europe à même de prévenir et de gérer les crises. Une Europe qui contribuera activement à la lutte contre le terrorisme, à toute forme de crime organisé, à la protection de l’environnement, au renforcement des institutions coopératives internationales et du droit international, à la promotion de la gouvernance mondiale sur des bases démocratiques, à la suppression des facteurs de pauvreté et de misère sur notre planète.
C’ets pour cette Europe que nous allons travailler en tant que Présidence en étroite collaboration avec tous nos partenaires actuels et futurs au sein de l’Union européenne, avec des institutions comme la Commission européenne et le Parlement européen. Nous allons œuvrer pour ouvrir de nouvelles voies communes, pour affronter de nouveaux défis, pour promouvoir des valeurs et principes communs.
Ce premier semestre 2003 est une date charnière pour l’Europe. Le 16 avril nous signerons à Athènes l’acte d’adhésion à l’Union européenne des dix nouveaux états. L’Union va ainsi augmenter le nombre de ses membres qui passera de quinze à vingt-cinq. Il ne s’agit pas toutefois de la dernière étape de l’élargissement. Dans un très proche avenir, l’adhésion de nouveaux états va suivre. L’élargissement de l’Union constitue une réussite d’importance historique pour l’Europe. Pour la première fois dans son histoire, l’Europe est unie sur une base de paix, de démocratie et de stabilité.
Au cours du premier semestre, nous allons également travailler pour que l’Europe soit encore plus démocratique, transparente et efficace ; rapprocher encore plus l’Union de ses citoyens. La Convention, qui depuis un an environ prépare les reformes pour l’Union européenne élargie, va achever ses travaux par des propositions qui constitueront la base de l’élaboration de la nouvelle morphologie de l’Europe élargie.
Pendant ce semestre, nous allons tenter aussi de faire face aux problèmes qui intéressent plus directement les citoyens et qui font pression sur eux et sur la société comme la reforme de l’économie européenne et la création de nouveaux postes de travail, la lutte contre le chômage, la modernisation et le renouvellement du modèle social européen, la promotion de la politique sociale, les problèmes associés à l’immigration et à l’immigration clandestine.
La Grèce souhaite, en tant que Présidence écouter la voix de tous les citoyens de l’Europe. Non seulement de ceux qui sont d’accord mais aussi de ceux qui ont des opinions divergentes quant aux choix, aux objectifs et aux politiques de l’Union européenne. La voix de chaque citoyen, de chaque groupe de citoyens qui s’exprime de manière démocratique revêt une importance particulière. Nous l’écouterons. Et nous en tiendrons sérieusement compte».