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Dix journalistes espagnols expulsés de la partie Nord de Chypre

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Par iNFO-GRECE,

Le 14 octobre 2002, dix journalistes espagnols, dont Xavier Vidal, rédacteur en chef du quotidien El Pais, ont été expulsés de la partie Nord de Chypre (partie occupée par l'armée turque) pour "réunion illégale". Reporters sans frontières (RSF) dénonce l'absurdité des réglementations imposées aux journalistes étrangers dans cette région.

La République de Chypre (partie libre de l'île) rappelle régulièrement que la soi-disant République Turque de Chypre du Nord (RTCN) n'est pas un Etat reconnu internationalement et de ce fait l'exercice des libertés fondamentales ne peut y être garantie. D'autre part, toute personne s'y rendant voyage à ses risques et périls puisque la RTCN signataire d'aucun accord international, les visas délivrés par la RTCN n'ont aucune valeur internationale et aucune compagnie d'assurances occidentale ne peut couvrir les risques encourus dans cette partie de l'île.

Voici le communiqué complet de Reporters sans frontières:

"Les conditions de travail imposées aux journalistes étrangers par les autorités chypriotes-turques dans le Nord de l'île sont inacceptables. S'ils ne veulent pas être espionnés et faire courir de risques à leurs sources, ils sont obligés, comme en Tchétchénie, de se mettre en situation irrégulière et de cacher leur activité de journaliste", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé à Tayyibe Gülek, la ministre turque responsable des affaires chypriotes. "Nous vous demandons de faire en sorte que cette réglementation qui entrave la liberté de la presse à Chypre soit modifiée", a ajouté M. Ménard.

Selon nos informations, un groupe de seize citoyens espagnols, dont dix journalistes, qui avait organisé des rencontres avec des ONG, des médias et des associations de la partie Nord de Chypre, ont été expulsés vers la partie Sud de l'île, le 14 octobre, par la police et le service de presse du ministère des Affaires étrangères. Les autorités reprochent aux journalistes d'avoir organisé des réunions illégalement et d'avoir "fourni de fausses informations aux autorités chypriotes-turques à la frontière". Le groupe, qui avait assisté à un séminaire sur l'élargissement de l'Union européenne dans la partie Sud, était entré dans la partie Nord avec un visa touristique.

Reporters sans frontières rappelle que les journalistes étrangers qui souhaitent travailler dans la partie Nord de l'île sont tenus d'en informer le service de presse du "ministère des Affaires étrangères" de la "RTCN" (République turque de Chypre de Nord, non reconnue par la communauté internationale) et d'être accompagnés dans tous leurs déplacements et rendez-vous par un fonctionnaire du "ministère".

En même temps, le tribunal pénal de première instance d'Istanbul a décidé, le 27 septembre 2002, d'inculper pour "insulte à l'armée" le rédacteur en chef de l'agence de presse Info-Türk, Dogan Ozgüden, le journaliste-écrivain free-lance Emin Karaca et l'éditeur de la revue Türkiye'de ve Avrupa'da Yazin, Mehmet Emin Sert. Reporters sans frontières dénonce une Turquie qui "la Turquie trahit ses engagements auprès de l'Union européenne", alors que l'organisation qui défend la liberté des journalistes dans le monde doit affronter un procès intenté à son encontre par la Turquie pour "atteinte au droit à l'image". Le 3 mai 2002, à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières avait proposé au public français de faire la connaissance des 38 "prédateurs de la liberté de la presse", dont les portraits étaient épinglés sur une mappemonde géante installée dans le hall de la gare Saint-Lazare, Paris. La présence du portrait du chef d'état-major des armées turques, Hüseyin Kivrikoglu, parmi les "prédateurs de la liberté de la presse" a provoqué des incidents lors de l'exposition à la gare Saint-Lazare et suscité de très vives réactions en Turquie. L'ancien chef d'état-major intente désormais un procès contre Reporters sans frontières pour atteinte au droit à l'image. Le procès, prévu le mercredi 16 octobre devant le tribunal de grande instance de Paris, a été reporté à une date ultérieure.

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