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La Communauté Européenne prête à monnayer la bonne conduite des Turco-chypriotes au processus de paix.

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Par Corinne Sabatier,

La Commission européenne présente aujourd'hui, mercredi 30 janvier 2002, ses propositions de financement de l'intégration des 10 nouveaux membres dans l'Union Européenne d'ici 2004. Chypre est le pays le plus avancé au niveaux des critères exigés pa l'UE, mais la division de l'île depuis l'invasion turque de 1974, retarde l'échéance. Selon l'Agence Reuters, la Commission s'apprêterait à traiter Chypre sur le modèle de l'Irlande, en déversant une manne de plusieurs milliards d'euros aux turco-chypriotes de Chypre du Nord.

Les accords du Vendredi Saint [The Good Friday], en 1998, inspireraient ainsi les commissaires européens à la recherche d'une solution d'intégration de Chypre sans fâcher la Turquie, qui se considère tuteur de la communauté musulmane vivant au Nord de Chypre. Pour mémoire l'Irlande est divisée entre protestants et catholiques romains, aussi la stratégie de la commission avait-elle été de réunir les chefs des deux camps et proposer d'importantes subventions en faveur de leur province à la condition expresse d'un accord de paix.

L'enjeu est de taille pour Chypre, puisque la commission "offre" 25 milliards d'euro en aide régionale et 10 milliards d'euro en faveur de l'agriculture aux nouveaux états membres pour la période 2004 à 2006. Et le "pactole" aide régionale dans le cas de Chypre irait à la communauté turque du nord de l'île ... s'il y avait un accord de paix. D'ailleurs, le porte-parole de la commission a bien mis l'accent sur ce dernier point : "Il s'agira d'une somme rondelette. Ce qui prouve que la politique régionale peut contribuer à la paix"

Pour l'heure, seul le gouvernement Chypriote de Nicosie (composé, de fait, par des grecs), unique autorité de l'île reconnue au niveau international, a souscrit au statut de la communauté européenne. La Turquie et la dite République Turque du Nord de Chypre, uniquement reconnue par Ankara, s'insurgent contre ces pourparlers qu'ils jugent illicites. La Turquie a même menacé d'annexer la partie Nord qu'elle occupe, si l'Union Européenne acceptait l'adhésion chypriote avant qu'une solution soit trouvée pour la communauté musulmane.

Concrètement, les chypriotes Grecs ne sauraient prétendre à l'aide régionale, car leurs ressources excèdent le seuil de 75 % imposé par la Communauté Européenne, contrairement aux Turcs chypriotes qui sont loin d'atteindre ces mêmes 75 %.

La Commission Européenne espère appâter les deux camps par cette manœuvre financière et accélérer le processus de paix, ouvert au début du mois par les négociations lancées par les leaders des deux communautés en présence, Glafcos Cléridès (pour la République de Chypre) et Rauf Denktash (pour les turco-chypriotes).

Denktash a boycotté la demande d'accession au statut de pays membre de la Communauté Européenne et réclame un statut de confédération de deux états égaux plutôt qu'une fédération binôme intégrant les deux régions et les deux communautés sous une seule dénomination d'Etat soumis aux règles imposées par les Nations Unies.

CS

Notes complémentaires

Quelques petites précisions importantes
1 - Une troupe turque de 30 000 hommes est stationnée en permanence sur l'île, rien n'est possible sans l'accord de la Turquie à Chypre.
2 - Les diplomates européens ont averti que si aucun accord de paix n'intervenait cette année, l'Union Européenne pourrait être amenée à ignorer le problème de Chypre au niveau du bloc européen et accepter l'adhésion de Chypre en l'Etat. La Turquie a menacé d'annexer la partie Nord si ce cas se produisait.
3 - En 1999, l'Union Européenne a accordé à la Turquie le statut de candidat état membre, mais cela ne garantit nullement une condition de bonne fin, Ankara devant donner des gages de démocratisation et de meilleur respect des droits de l'homme.

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