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Léthé, poème de Lorentzos Mavilis

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Année

Léthé est un des 58 sonnets, caractéristique de l’écriture de Mavilis : il vante la fortune des morts qui peuvent oublier leur vie sur terre, alors que les vivants – qui voudraient bien oublier certaines amertumes de la vie – n’y arrivent pas.

Λήθη

Καλότυχοι οἱ νεκροὶ ποὺ λησμονᾶνε
τὴν πίκρια τῆς ζωῆς. Ὅντας βυθίσει
ὁ ἥλιος καὶ τὸ σούρουπο ἀκλουθήσει,
μὴν τοὺς κλαῖς, ὁ καημός σου ὅσος καὶ νἆναι.

Τέτοιαν ὥρα οἱ ψυχὲς διψοῦν καὶ πᾶνε
στῆς λησμονιᾶς τὴν κρουσταλλένια βρύση·
μὰ βοῦρκος τὸ νεράκι θὰ μαυρίσει,
ἂ στάξει γι᾿ αὐτὲς δάκρυ ὅθε ἀγαπᾶνε.

Κι ἂν πιοῦν θολὸ νερὸ ξαναθυμοῦνται.
Διαβαίνοντας λιβάδια ἀπὸ ἀσφοδύλι,
πόνους παλιούς, ποὺ μέσα τους κοιμοῦνται.

Ἂ δὲ μπορεῖς παρὰ νὰ κλαῖς τὸ δείλι,
τοὺς ζωντανοὺς τὰ μάτια σου ἂς θρηνήσουν·
Θέλουν μὰ δὲ βολεῖ νὰ λησμονήσουν.

Léthé (L'oubli)

Bienheureux les morts, qui oublient
l'amertume de la vie. Quand sombre
le soleil et que le crépuscule suit,
ne les pleure pas, si grand que soit ton chagrin !

C'est l'heure où les âmes ont soif et s'en vont
à la fontaine cristalline de l'Oubli ;
mais en bourbe l'eau s'obscurcira,
si une larme tombe pour elles, venue de ceux qu'elles aiment.

Et si elles boivent l'eau troublée, elles se souviennent à nouveau,
en traversant le champs d'asphodèles,
d'anciennes douleurs, qui dorment en eux.

Et si tu ne peux que pleurer le soir,
que tes yeux pleurent les vivants :
Qui veulent – mais c'est impossible - oublier.

Lorentzos Mavilis appartient à ce qu’on appelle l’Ecole ionienne ou heptanesienne, défenseurs du dialecte démotique et marqué par des influences italiennes. Léthé est un des 58 sonnets, caractéristique de l’écriture de Mavilis : il vante la fortune des morts qui peuvent oublier leur vie sur terre, alors que les vivants – qui  voudraient bien oublier certaines amertumes de la vie – n’y arrivent pas. Bien que le poème s’intitule Léthé, ce mot n’est jamais rencontré dans le corps du sonnet. Il est en revanche évoqué par « fontaine cristalline de l’oubli » où les âmes viennent s’abreuver, référence directe au fleuve Léthé du monde souterrain de l’antiquité.

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