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Arafat à la convention des socialistes grecs, une gaffe diplomatique

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By iNFO-GRECE,

La rencontre espérée par le ministre grec des Affaires étrangères Georges Papandréou entre le leader palestinien Yasser Arafat et le ministre des Affaires étrangères israélien Shimon Peres n'aura finalement pas lieu. Arafat occupera seul la scène de la convention du Parti socialiste du Premier ministre grec qui s'est ouverte aujourd'hui. Les chefs des grands partis socialistes européens ayant préféré rester chez eux, le chef de l'Autorité palestinienne pourra savourer d'être la seule vedette du Congrès du Pasok aux côtés du Premier ministre albanais Ilia Meta, témoins malgré eux de l'isolement de la diplomatie grecque sur la scène internationale.

A entendre la salve d'applaudissements des militants socialistes qui ont ovationné l'entrée en héros d'Arafat dans le stade olympique où se tient la convention du Pasok, il est certain que Shimon Peres se serait senti mal à l'aise. Celui-ci avait pris la précaution de prévenir par son son porte-parole qu'il n'avait pas planifié de voyage à Athènes ce week-end. Le gouvernement israélien sera finalement représenté par le ministre des Transports Ephraim Sneh mais il n'était pas encore question qu'il rencontre Arafat.

L'invitation du leader palestinien ressemble à un cafouillage étant donné le contexte international suivant les attentats terroristes du 11 septembre contre les Etats-Unis. Le 11 septembre était aussi la date anniversaire de la fin des Jeux Olympiques de Munich, il y a 29 ans, où les commandos palestiniens de "Septembre Noir" éliminaient 11 athlètes israéliens. L'OLP, qui s'était radicalisée à partir de 1969 où Arafat devenait président, était soutenu par l'argent des mêmes milliardaires émiratis qu'aujourd'hui la Al Qaida de Oussama Ben Laden et les palestiniens avaient perfectionné l'art de l'aéropiraterie bien avant Ben Laden. Septembre Noir était issu de cette radicalisation après l'écrasement de l'OLP en Jordanie, en septembre 1970. Arafat est acculé à renoncer officiellement au terrorisme, depuis la tribune de l'Assemblée Générale de l'ONU en décembre 1988.

Pas beaucoup de chefs de gouvernement ne souhaiteraient s'afficher aux côtés d'Arafat dans le contexte actuel. Les socialistes grecs ont voulu jouer le coup médiatique en rapprochant palestiniens et israéliens au moment où le processus de paix est de nouveau en panne. Les Israéliens craignent de payer les frais de la "compréhension" arabe de la riposte américaine sur l'Afghanistan ; Arafat peine, lui, à contenir la sympathie de la rue pour les actions terroristes de Ben Laden à la bravoure duquel elle s'identifie. Le jeu en valait la peine, mais le risque est de se trouver maintenant en catégorie amateurs et surtout avec la perte de crédibilité pour la diplomatie grecque qui en est le corollaire.

Bien sûr, les hôtes grecs de ce week-end ont invité Arafat avec sa nouvelle carte de visite : de chef de la Palestine et de Nobel pour la Paix, prix qu'il partage avec l'israélien Yitzhak Rabin suite à la signature de l'accord de reconnaissance mutuelle à Washington le 9 septembre 1993, mais le moment était particulièrement mal choisi. Il est probable que deux invitations se sont croisées. D'une part, celle de Georges Papandréou, ministre des Affaires étrangères dont le père Andreas entretenait des relations étroites avec Arafat. Arafat lui était toujours reconnaissant des bateaux qu'il avait envoyés en août 1982 pour évacuer les combattants palestiniens de Beyrouth au moment de l'invasion du Liban par Israël.

Il y a quinze jours Georges Papandréou avait entrepris une longue tournée des capitales occidentales espérant en vain faire jouer un rôle à la Grèce dans la réponse aux attentats de New York. Les occidentaux n'avait pas la même estimation que M. Papandreou de l'importance des relations de la Grèce avec le monde arabe pour y miser leurs négociations. La réussite d'une rencontre Arafat - Peres à Athènes, au moment où les relations israélo-palestiniennes sont de nouveau au plus bas permettrait, de prouver le contraire.

G. Papandreou est le principal rival de M. Simitis au sein du Pasok, au point où jusqu'à la dernière minute il a hésité à présenter une candidature concurrente pour la présidence du parti. Une rencontre Arafat - Peres aurait été avant tout une victoire personnelle, une victoire de sa diplomatie, en plein congés du parti. G. Papandréou devra maintenant assumer l'échec de l'opération d'autant plus qu'Arafat n'a jamais caché sa préférence pour Simitis. Lors de sa précédente visite à Athènes en 1999, Arafat avait soutenu Simitis face à la vieille garde du parti qui se disputait le contrôle du parti après la mort de son fondateur en l'appelant "le successeur naturel d'Andreas Papandreou".

La convention du Pasok a été convoquée en juin dernier après que le Premier Ministre et Président de la formation socialiste grecque Costas Simitis avait admis un manque de confiance du public en même temps qu'une fronde à l'intérieur de son mouvement. Une des tâches de la convention est de réhabiliter l'autorité de M. Simitis sur le parti. Sachant que les exécutifs des partis politiques au pouvoir sont traditionnellement les antichambres du gouvernement grec, la réélection - assurée - de M. Simitis revient aussi à réaffirmer son rôle de Premier ministre face à une opposition de plus en plus agressive et impatiente à prendre le relais.

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