"La Grèce et l'Albanie doivent rejeter les méfiances qui ont pesé sur elles par le passe et oeuvrer pour un avenir qui sera base sur des valeurs certaines et des modèles stables", ont déclaré les Présidents d'Albanie et de Grèce, Alfred Moisiu et Costis Stephanopoulos, au cours d'une rencontre lundi à Tirana dans le cadre de la visite officielle de trois jours du chef de l'Etat grec en Albanie. Le Président albanais avait tenté d'évoquer avec son homologue grec la question des propriétés albanaises en Epire, Tsamouria ou Chamourgia pour les Albanais.
"Nous fermons définitivement la porte au passe et nous regardons désormais vers l'avenir", a notamment déclaré M. Stephanopoulos, répondant a l'allocution prononcé par son homologue albanais au cours du déjeuner offert en son honneur. M. Stephanopoulos a également inclus dans un passé définitivement clos la question "des Chams albanais en Grèce" soulevée par son homologue albanais, soulignant que cette question est inexistante car, a-t-il dit, "si nous voulions nous rappeler de cette époque, nous devrions également nous rappeler des revendications de la Grèce à l'égard de l'Albanie. Est-il possible de discuter de telles choses? Je n'ai aucune envie de creuser de vieilles affaires, en rappelant les conditions dans lesquelles elles ont eu lieu et qui sont a présent dépassées".
En avril dernier, des épisodes avaient suivi le refus par une faible majorité du Parlement albanais de voter une déclaration faisant état d'un problème de propriétés albanaises en Epire grecque. Bien que proposée par le parti nationaliste Balli Kombetar, la proposition avait rencontré un large écho auprès des députés albanais, le vote étant évité de justesse après le changement de position des députés socialistes. La thématique d'une revendication albanaise en Epire reste relativement populaire mais plus que la perspective de retrouver des propriétés en Grèce, datant d'avant la deuxième guerre mondiale, c'est le bénéfice des visas d'entrée en Grèce qui constitue le principal motif.
Dès 2001, quelques centaines d'Albanais manifestaient à Tirana une entrée libre en Grèce pour visiter leurs… propriétés ! C'est aussi pour l'Albanie, une façon de faire contrepoids à l'importante minorité grecque qui vit dans le sud de l'Albanie, dont il est difficile de nier l'existence, ce qui n'est pas le cas de cette hypothétique Epire albanophone en Grèce. En tout cas, ce désir d'immigration vers la Grèce alimente le discours des nationalistes albanais et de l'UCK en train de prendre en otage l'ensemble de la classe politique albanaise. Les récents épisodes contre les albanais en Grèce - des affrontements entre extrémistes grecs et immigrés albanais fêtant la victoire de leur équipe nationale du football en Grèce aux plus récents refus des élèves grecs de voir leurs camarades d'école d'origine albanaise porter le drapeau grec dans la fête nationale - ne font que renouveler les prétextes malvenus.
Dans une conférence de presse commune au terme de ce déjeuner, M. Stephanopoulos a demandé que soient abolies les "zones de minorités ethniques" et que les Albanais de souche grecque, vivant dans toutes les régions d'Albanie, puissent jouir des droits découlant des accords européens et internationaux.
Evoquant par ailleurs la question des migrants économiques albanais en Grèce, M. Stephanopoulos a assuré que le gouvernement grec respecte tout particulièrement les droits de l'Homme qu'il applique indépendamment des différences ethniques, religieuses ou raciales, et a affirmé reprouver les actes sporadiques de violence à l'encontre d'immigres en Grèce.
Dans la soirée, M. Stephanopoulos devait rencontrer l'archevêque orthodoxe de Tirana et primat d'Albanie, Mgr Anastassios, et les représentants des communautés grecques d'Albanie.
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