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La constitution europeene...

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Submitted by vivi on

...etes vous pour ou contre? et pour quelles raisons?
(svp pas d'infos subjectives basez vous sur des textes concrets)

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Golem

[u]Voici un extrait d'une tres bonne reflexion ecrite par un prof de droit à Marseille, etienne chouard[/u]

[b]"Une mauvaise constitution
qui révèle un secret cancer de notre démocratie[/b]

(...)

Dans cette affaire d'État, les fondements du droit constitutionnel sont malmenés, ce qui rappelle au premier plan cinq principes traditionnels conçus pour protéger les citoyens.

1. Une Constitution doit être lisible pour permettre un vote populaire : ce texte-là est illisible.

2. Une Constitution n’impose pas une politique ou une autre : ce texte-là est partisan.

3. Une Constitution est révisable : ce texte-là est verrouillé par une exigence de double unanimité.

4. Une Constitution protège de la tyrannie par la séparation des pouvoirs et par le contrôle des pouvoirs : ce texte-là n’organise pas un vrai contrôle des pouvoirs ni une réelle séparation des pouvoirs.

5. Une Constitution n’est pas octroyée par les puissants, elle est établie par le peuple lui-même, précisément pour se protéger de l’arbitraire des puissants, à travers une assemblée constituante, indépendante, élue pour ça et révoquée après : ce texte-là entérine des institutions européennes qui ont été écrites depuis cinquante ans par les hommes au pouvoir, à la fois juges et parties.

(...)

Préalable : Constitution ou traité ?
Quelle est la juste qualification de ce projet ?

Il faut rappeler ce qu’est une Constitution et pourquoi on entoure son élaboration de précautions particulières.

Une Constitution est un pacte passé entre les hommes et leurs gouvernants. C’est parce qu’ils ont signé ce pacte que les hommes acceptent d’obéir aux lois. C’est par ce pacte que l’autorité trouve sa légitimité. Ce pacte doit protéger les hommes contre l’injustice et l’arbitraire. Les principes dont on va parler servent à garantir que le pacte joue son rôle protecteur et que les hommes pourront le contrôler.

Le projet de Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TCE) est exécutoire sans limitation de durée[2], il s’impose sur presque tous les sujets essentiels à la vie des gens[3], sa force juridique est supérieure à toutes nos normes nationales[4] (règlements, lois, Constitution), il met en place les grands pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) et il en règle les équilibres.

Pour se convaincre de l’enjeu, on peut citer Jean Foyer, professeur émérite à l’Université de Paris II, membre de l’Institut, ancien garde des sceaux : « Si le traité était ratifié, la loi constitutionnelle de la France serait d’une force juridique inférieure à celle d’une simple directive de l’Union européenne. »

Le projet de TCE est donc, par nature, une Constitution, il fixe "le droit du droit".

Les débats en cours montrent que ce préalable est au centre des réfutations. Je renforce donc mon affirmation par une citation d’Olivier Gohin, professeur à l’Université de Paris II : « Le nouveau Traité est une véritable Constitution dès lors qu’elle correspond à la définition matérielle de toute constitution : organisation des pouvoirs publics et garantie des libertés fondamentales, avec identification d’un pouvoir constituant (…) la nouvelle Union européenne réunit, dès à présent, les éléments nécessaires de la définition de l’État » [5].

Le plus important n’est donc pas, à mon avis, la qualification que les auteurs ont eux-mêmes donnée à leur texte, puisque les principes dont on va parler servent à protéger les citoyens contre des institutions dangereuses : tout texte fondamental qui définit ou modifie les pouvoirs des institutions devrait donc respecter ces principes, quelle que soit sa dénomination officielle.

Est-ce que ce texte à vocation constitutionnelle, donc, offre les garanties qu’on peut en attendre ?[6]

Premier principe de droit constitutionnel : une Constitution est un texte lisible.
Une constitution doit être acceptée, directement, par le peuple qui s’y soumet.

Pour que cette acceptation ait un sens, il faut que le texte soit lisible par le peuple, celui qui va signer (et pas seulement par des experts).

De ce point de vue, le "traité constitutionnel" est long et complexe[7] : 485 pages A4, soit presque une ramette (dans la version compacte actuellement disponible sur le site http://www.constitution-europeenne.fr).

Cette longueur, unique au monde pour une Constitution, se double d’une multiplicité de renvois qui la rendent simplement illisible pour les citoyens de base.

Certains points importants comme la définition des SIEG n’apparaissent pas dans le texte[8].

Des contradictions apparaissent même entre des parties éloignées[9].

Pour illustrer encore la difficulté de lecture de ce texte, on doit relever également, et c’est grave, l’absence de liste des domaines dans lesquels chaque institution peut créer le droit. Ainsi, on ne trouve nulle part (et on peut donc parfaitement ignorer qu’existe) la liste des domaines où le Parlement européen est complètement tenu à l’écart du droit de légiférer (ce n’est pourtant ni banal, ni anodin). Pour connaître cette répartition, il faut scruter les centaines d’articles un à un, en espérant de ne pas en avoir oublié (voir plus loin). Est-ce qu’on peut parler de lisibilité ?

D’autres articles importants, comme l’article I-33 qui institue les "actes non législatifs" (règlements et décisions) qui permettent à une Commission (non élue) de créer sans contrôle parlementaire des normes aussi contraignantes que des lois[10], ne sont pas suivis d’une liste contrôlable.

Cette longueur et cette complexité interdisent la critique pour le commun des mortels.

Les 75% d’Espagnols votants qui ont approuvé ce texte, comme les 60% qui se sont abstenus, ne l'ont probablement pas lu : ni les ministres, ni les parlementaires, ni les professeurs, ni les journalistes, ni les citoyens, qui ont tous autre chose à faire : qui a le temps matériel de lire 500 pages A4 ? Il suffit de se poser la question pour soi-même : ce n’est pas différent pour les autres.

Ces citoyens prennent ainsi le risque majeur, pour eux, mais aussi pour leurs enfants et leurs petits-enfants, de découvrir trop tard ce qu'ils ne pourront plus changer.

Il faut évidemment lire et comprendre ce que l'on signe. Ou bien, on refuse de signer.

Même s'il était simple (et il ne l'est pas), un texte aussi long ne permet pas de le juger avec discernement.

Et pourtant, il faut bien avoir un avis. Comment faire pour avoir un avis sur un texte qu'on ne peut pas lire ? En s’alignant sur "les autres", on se rassure, comme les moutons de Panurge.

Cette longueur est, par elle-même, non démocratique : le débat est réservé aux experts.

Une Constitution est la loi fondamentale, elle est "le droit du droit", elle doit pouvoir être lue par tous, pour être approuvée ou rejetée en connaissance de cause.

Deuxième principe de droit constitutionnel : une Constitution n’impose pas une politique ou une autre, elle permet le débat politique sans en imposer l'issue
Une Constitution démocratique n'est pas de droite ou de gauche, elle n'est pas socialiste ou libérale, une Constitution n'est pas partisane : elle rend possible le débat politique, elle est au-dessus du débat politique.

À l’inverse, le TCE, en plus de fixer la règle du jeu politique, voudrait fixer le jeu lui-même !

En imposant dans toutes ses parties[11] (I, II et surtout III) des contraintes et références libérales, ce texte n'est pas neutre politiquement, il impose pour longtemps des choix de politique économique qui devraient évidemment dépendre du débat politique quotidien, variable selon la conjoncture. C’est une sorte de hold-up sur l’alternance des politiques économiques.

Notamment, ce texte confirme pour longtemps que l’Europe se prive elle-même des trois principaux leviers économiques qui permettent à tous les États du monde de gouverner :

Pas de politique monétaire : nous sommes les seuls au monde à avoir rendu notre banque centrale totalement indépendante, avec en plus, comme seule mission, constitutionnelle, intangible, la lutte contre l’inflation et aucunement l’emploi ou la croissance[12]. Aucun moyen n’est accordé aux pouvoirs politiques pour modifier ces missions. On sait pourtant que les politiques anti-inflation­nistes se paient en chômage[13], par un effet presque mécanique. (bien lire la note 13)

Pas de politique budgétaire : le pacte de stabilité[14] enferme les États dans une rigueur budgétaire qui est certes une politique possible, mais qui ne doit pas être la seule ad vitam aeternam. Aucune relance de type Keynésien (grands travaux) n’est plus possible.

Pas de politique industrielle : l’interdiction de toute entrave à la concurrence[15] emporte avec elle l’interdiction d’aider certains acteurs nationaux en difficulté ou fragiles.

C’est une politique de l’impuissance économique décrite par l’économiste Jean-Paul Fitoussi[16] qui est ainsi institutionnalisée, imposée pour longtemps.

À ce sujet, il faut lire la passionnante synthèse de douze économistes contre le TCE[17].

Le projet de TCE infantilise les citoyens d'Europe : il nous prive tous de l'intérêt de réfléchir à des alternatives. À quoi bon continuer le débat politique, en effet, puisque toute alternative réelle est expressément interdite dans le texte suprême ?

Mise à part la constitution soviétique (qui imposait, elle aussi, une politique, le collectivisme), cette constitution partisane serait un cas unique au monde.

Troisième principe de droit constitutionnel : une Constitution démocratique est révisable
Tous les peuples du monde vivant en démocratie peuvent réviser leur pacte de gouvernement.

Le projet de TCE est beaucoup trop difficilement révisable[18] : pour changer une virgule à ce texte, il faut d'abord l'unanimité des gouvernements pour tomber d'accord sur un projet de révision, puis il faut l'unanimité des peuples (parlements ou référendums) pour le ratifier (cela s’appelle la procédure de révision ordinaire).

Avec 25 États, cette procédure de double unanimité est une vraie garantie d'intangibilité pour les partisans de l'immobilisme. Ce texte semble pétrifié dès sa naissance.

Concrètement, si une large majorité d’Européens souhaitent modifier leur loi fondamentale, ils ne le pourront pas. C’est ça qui est choquant, inquiétant.

C'est inacceptable pour une Constitution[19] et ce serait, là encore, un cas unique au monde.

On me répond en mettant en avant le mot "traité" pour prétendre que l'unanimité est normale (ce qui est vrai en matière de traités), mais ça ne tient pas : ce texte, à l’évidence, joue le rôle d’une constitution et l'oxymore "Traité constitutionnel" (assemblage de mots contradictoires) conduit, en jouant sur les mots, à créer une norme suprême trop rigide, trop difficile à réviser.

Paradoxalement, cette rigidité excessive s’accompagne d’une souplesse étonnante à l’occasion d’une autre procédure qui, elle, ne requiert pas l’accord direct des peuples : la procédure de révision simplifiée[20] autorise un des organes de l’Union (le Conseil des ministres) à modifier de sa propre initiative l’un des éléments clefs de la Constitution qui conditionne le degré de souveraineté conservé par les États membres dans tel ou tel domaine (puisque le passage à la majorité fait perdre à tous le droit de blocage)[21]. Ça, c’est grave.

Par ailleurs, pour l'entrée d'un nouvel État dans l'UE, la règle de l’unanimité est une protection, mais ce n'est pas l'unanimité des peuples consultés par référendum qui est requise : c'est d’abord l’unanimité des 25 représentants des gouvernements (dont beaucoup ne sont pas élus, et dont aucun ne l'est avec le mandat de décider sur ce point important), puis l’unanimité des États selon leur procédure nationale de ratification[22]. Seuls les pays qui ont une procédure référendaire, et la France en fait partie, verront donc leur peuple directement consulté.

On dirait vraiment que la volonté des peuples compte peu pour ceux qui les gouvernent.

Quatrième principe de droit constitutionnel :
une Constitution démocratique garantit contre l'arbi­traire
en assurant à la fois la séparation des pouvoirs et le contrôle des pouvoirs
L'esprit des lois décrit par Montesquieu est sans doute la meilleure idée de toute l'histoire de l'Humanité : tous les pouvoirs tendent naturellement, mécaniquement, à l'abus de pouvoir. Il est donc essentiel, pour protéger les humains contre la tyrannie, d'abord de séparer les pouvoirs, et ensuite d'organiser le contrôle des pouvoirs : pas de confusion des pouvoirs, et pas de pouvoir sans contre-pouvoirs.

Ainsi le peuple dit : « Toi, le Parlement, tu fais les lois, mais tu ne les exécutes pas. Et toi, le Gouvernement, tu exécutes les lois, mais tu ne peux pas les écrire toi-même. » Ainsi, aucun pouvoir n’a, à lui seul, les moyens d’imposer sa volonté.

...Suite sur http://etienne.chouard.free.fr/Europe/

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sam 14/05/2005 - 12:19 Permalien
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Nikolaki

Juste une question : Les partisants du non proposent-ils une autre alternative que la constitution pour laquelle nous voterons ?

J'ai encore lu les arguments des uns et des autres mais aucune proposition acceptable par tous les états européens n'est faite. Il faudra bien organiser le pouvoir politique dans l'UE d'une manière our d'une autre non ? Que propose les partisants du non ?

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sam 14/05/2005 - 15:27 Permalien
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CITOYEN D ATHENES

En réponse à par Nikolaki

Moi je propose une chose simple:

La même Constitution sans la partie III (elle continuera à exister sous la forme de Traité et on ne devra pas donner une légitimité constitutionnelle et démocratique aux politiques qu'elle contient: ce n'est pas parce que la partie Nord de Chypre est occupée depuis 1974 que l'on doit la reconnaître comme état indépendant)

Et une modification essentielle mais limitée qui ne porte que sur 3 articles (art 443-444-445): que la Constitution soit révisable à la majorité qualifiée par une Assemblée Constituante élue pour discuter des différents projets de révision, selon les mêmes règles que le Parlement Européen.

Ce n'est pas demander la lune et si le NON l'emporte c'est possible et ce sera une très grande victoire pour l'Europe (la seul chance qu'elle ne soit pas vassale des USA) et la démocratie (la seule chance que les grandes politiques puissent être choisies par les citoyens en fonction des évolutions des opinions publiques et des nouveaux défis que cette Europe aura à affronter et non en fonction d'un rapport de force tout à fait circonstanciel.

C'est la voie de la sagesse: dire NON pour permettre que l'Europe continue à se construire au lieu de se figer dans l'état où elle est.

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ven 20/05/2005 - 23:21 Permalien
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romios

En réponse à par Nikolaki

Bien,

Rien de compliqué.

Reprendre la "constitution" ... (elle a le merite d'exister) comme base.

et

MODIFIER FONDAMENTALEMENT LES ARTICLES ... sur la DEFENSE, ... sur l'organisation SOCIAL, ... etc...

Il me semble que beaucoup de peuples européans comprendront et souhaiterons cela.

Le mieux encore ca seirai de faire APRES CORRECTION ET DEBAT un REFERENDUM EUROPEAN -- AVEC LA MEME QUESTION --- LE MEME JOUR --- SIMULTANEMENT POUR LES 25 PAYS EUROPEANS.

jE PENSE QUE C'est AU PEUPLES DE DECIDER et NON QUELQUES ELITES BIEN PORTANTS !!!!

A+
romios@tiscali.fr

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lun 16/05/2005 - 12:46 Permalien
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laurent

J`aimerai juste que l`on rajoute un petit alineas a cette constitution ;

Que toutes personnes elus par le suffrage universelle directe puisse etre etre limogee sans indemnitees pour non respect de ses engagements pendant sa campagne electorale.

n`importe quel salarie dans l`europe depent de cette loi dans le cas d`un non respect du contrat de travail

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jeu 19/05/2005 - 01:35 Permalien
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Christos

En réponse à par laurent

mais qui jugerait de la qualité du travail fourni? c'est assez utopique comme proposition.
Le parlement n'est pas capable de le faire puisqu'il est acquis au pouvoir en place.

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ven 20/05/2005 - 15:25 Permalien
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eleutheria

En réponse à par laurent

Ce qui embête en fait nos gouvernements c'est l'émergence du / des peuple(s) et la difficulté qui va être la leur de se faire légitimer

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ven 20/05/2005 - 16:50 Permalien
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Nikolaki

En réponse à par laurent

Selon vous pourra-t-on convaincre les pays qui ont déjà dit oui de revoir le texte ? sincèrement celà me semble utopique. Pour ma part je vois mal la france pouvoir négocier quoi que ce soit après avoir insister, contre l'avis de tous sur les éléments qui concerne la culture, l'agriculture...

De même remodeler un texte à une sauce plus sociale et moins libérale est à mon avis tout aussi compliqué, voir irréalisable quand on constate que certain de nos voisins (GB, pays scandinaves et autres...) considère ce texte comme déjà trop social. N'oublions qu'il faudra composer aussi avec ces pays là !

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lun 23/05/2005 - 01:03 Permalien