"Diplomatie parallèle", "diplomatie secrète", "diplomatie personnelle", les leaders de l'opposition ont usé de tous les synonymes pour qualifier l'action du premier ministre grec, Georges Papandréou, à l'international, notamment dans ses discussions avec la Turquie voisine, au cours d'un débat, lundi soir au Parlement.
Le président de la Nouvelle Démocratie (ND, centre-droit), Antonis Samaras, a tracé très précisément "des lignes rouges" sur les questions d'intérêt national, en s'adressant lundi au Parlement au cours du débat demandé à son initiative, prenant position sur les relations grécoturques, Chypre, la FYROM.
Plus précisément, M. Samaras a vivement exprimé son opposition quant à une co-exploitation de la mer Egée, écartant toute discussion concernant le plateau continental à partir d'une base zéro, et appelant à la définition des Zones économiques exclusives (ZEE).
Pour la question chypriote, M. Samaras s'est prononcé en faveur d'un deuxième plan Annan, pour la question de la FYROM il a salué le succès obtenu par la Grèce au sommet de Bucarest, comprenant une appellation "erga omnes" dénuée d'approche ethnologique.
Enfin, M. Samaras a réitéré son opposition quant à la "diplomatie secrète" pour laquelle il avait formulé des critiques à l'égard du premier ministre, Georges Papandréou, précisant que celle-ci aboutit à des méfiances dans le pays au lieu de perpétrer un bon climat avec nos voisins.
M. Samaras s'est demandé en particulier quel avait pu être le contenu des deux heures d'entretien entre MM. Papandréou et Erdogan à Erzeroum, citant cet exemple de diplomatie secrète.
Enfin, le chef du principal parti de l'opposition a fait référence au "dogme Davutoglu" [ministre turc des Affaires étrangères, ndlr] sur la politique étrangère de la Turquie et soutenu qu'elle crée des problèmes et avec le monde arabe, mais aussi avec Israël et les Etats-Unis ainsi qu'avec des pays tels que la Russie et l'Inde.
"Nous ne vous faisons pas confiance", a surenchéri la secrétaire générale du parti communiste (KKE), "non pas que vous soyez des traîtres, mais parce que ce que vous faites est pour assurer des profits aux multinationales et que, ceci dit, vous restez indifférents aux réactions voire dissimulez cette politique sous la fausse appellation de nouveau patriotisme".
Mme Papariga s'est interrogé si la Grèce existe encore comme Etat national, si les termes de "frontières", de "souveraineté nationale" ont été supprimés, car pour "nous", a-t-elle dit, "le sens de frontières, de plateau continental, de droits souverains, de ZEE existent".
La SG du KKE a dénoncé avoir demandé au Parlement au ministre compétent les comptes-rendus des concertations avec la Turquie, la réponse a été que l'on ne gardait pas de comptes-rendus, même chose étant survenu avec le ministre de la Défense, le ministère renvoyant aux déclarations publiques de M. Venizelos.
Le président du LAOS (droite traditionnaliste), Georges Karadzaferis, a appelé, quant à lui, le gouvernement à aller de l'avant dans le dossier des Zones économiques exclusives (ZEE), estimant que "la Turquie cesserait d'être la voie unique pour l'énergie avec la liaison Grèce-Chypre-Israël".
M. Karadzaferis a estimé nécessaire une révision de la politique étrangère pour qu'elle soit plus multi-sélective, étant donné que la conjoncture actuelle le permet, critiquant les pas timides de la politique du gouvernement, pour ajouter que le président chypriote, Dimitris Christofias, prenant des initiatives courageuses, avait amené dans l'île le président Sarkozy et la chancelière allemande, Mme Merkel.
Le président du LAOS a relevé encore que les partis politiques grecs ne connaissent pas toute la vérité sur ce que demande le gouvernement avec la Turquie, et demandé être informé par conséquent complètement.
Enfin, le président du groupe parlementaire de la SYRIZA (gauche radicale), Alexis Tsipras, a caractérisé la politique étrangère du gouvernement de "diplomatie personnelle" et de politique philo-atlantique, dénonçant les contacts personnels, les voyages et discussions à huis clos.
Dans son intervention au Parlement lundi, M. Tsipras a demandé une réponse pourquoi la Turquie peut étendre ses eaux territoriales et délimiter des ZEE en mer Noire, pourquoi l'Albanie après avoir signé avec la Grèce pour les ZEE, annule cet accord avec recours à la Cour constitutionnelle, pur ajouter encore qu'advient-il de Gavdos.
M. Papandréou nie mener une politique parallèle sur les questions nationales
"Notre pays a suffisamment de problèmes sans qu'il soit nécessaire d'en construire de nouveaux inexistants", a déclaré le premier ministre, Georges Papandréou, lors du débat au Parlement lundi au niveau des chefs de partis sur les questions nationales, une question posée par le principal parti de l'opposition.
"Nous n'avons pas besoin de dissensions artificielles", a souligné M. Papandréou, estimant au contraire que "la politique étrangère devrait unir les Grecs" et que "la crise nous a obligé à penser très différemment"
"L'heure n'est pas à des confrontations factices, à placer des ennemis intérieurs grâce à des scénarios imaginaires", a poursuivi le premier ministre, recommandant que ce qu'il faut "c'est d'être comme un seul poing pour construire une nouvelle Grèce, avec un nouveau patriotisme, alors que le peuple uni, faisant preuve d'une maturité manifeste et déterminé, lutte pour son quotidien. Les citoyens ont compris ce qui n'allait pas, et ils savent qu'ils ont un gouvernement qui fait son devoir: fait ce qu'il peut".
M. Papandréou a mis l'accent également sur le fait que le gouvernement par les efforts qu'il fait pour restaurer la crédibilité de la Grèce au plan économique et budgétaire a su laisser en dehors de toute sphère d'évaluation les questions nationales.
Regrettant le critiques entendues sur sa visite récente en Turquie, M. Papandréou a mentionné les soupçons provoqués dés le tout début pour une politique de rapprochement Grèce-Turquie, affirmant toutefois qu'elle a porté ses fruits même si les violations aériennes continuent. "Nous avons dit à la Turquie que nous aspirons à la paix, mais que les menaces de conflit voire de violations de notre souveraineté nationale, n'ont pas de place dans l'UE".
En ce qui concerne la question chypriote, M. Papandréou a relevé que l'idée de la Turquie et de la communauté turcochypriote pour une confédération "souple" "n'est pas viable mais, au contraire, dysfonctionnelle. Nous soutenons pour notre part les effort du président Christofias, alors que l'autre partie essaie de mener toute la procédure à une impasse (...) La communauté internationale n'est pas prête à légitimer l'invasion et l'occupation à Chypre", a-t-il assuré.
i-GR/ANA-MPA