Alors que les élections municipales en novembre prennent des allures d'un référendum pour la cure de grande austérité imposée aux Grecs par le gouvernement socialiste, le premier ministre est plus seul que jamais à une semaine du traditionnel discours de rentrée sociale et politique à la Foire internationale de Thessalonique (FIT), avec plusieurs des ministres qui refusent d'aller au charbon et se porter candidats aux mandants des grandes municipalités.
Les travaux du Conseil politique du PASOK, réuni jeudi sous la présidence du premier ministre, Georges Papandréou, ont focalisé sur les préparatifs des élections, sur les critères de sélection des candidats, alors qu'à propos de leur nombre, des informations font état de 60-65 personnes dont les noms seront connus dans la journée, de 20 autres samedi, le PASOK devant soutenir officiellement 140 autres candidats.
Dimanche, au dernier jour de la réunion du Conseil national, dont les travaux s'ouvrent vendredi au Phalère, seront annoncés les noms que soutiendra le PASOK pour les maires d'Athènes et du Pirée, mais aussi pour les 13 régions du pays.
"Le premier ministre est seul à décider qui est ministre, à quelle fonction et pour quelle durée", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Georges Petalotis, s'adressant aux journalistes mercredi, en commentaire de certaines réactions de ministres déclarant ne pas souhaiter être candidat aux élections municipales et régionales de novembre prochain.
"Les ministres sont dans leur ministère tant qu'ils ont un mandat précis", a déclaré M. Petalotis, pour ajouter que "il est de la responsabilité du premier ministre de déterminer à quel poste et qui est ministre. Je ne crois pas qu'il existe un ministre qui pense être en permanence à son poste".
Au dilemme posé aux électeurs de novembre par la Nouvelle Démocratie "Oui" ou "Non" au Mémorandum de la Troïka (UE-BCE-FMI), le PASOK répond par "Oui" ou "Non" aux changements, un slogan que le parti gouvernemental mettra en avant dans sa campagne pour les élections municipales et régionales, a dit M. Papandréou dans son intervention en ouverture des travaux du Conseil national du PASOK.
Se référant au mot d'ordre notamment du principal parti de l'opposition, le chef du gouvernement a déclaré: "il est facile d'appeler les citoyens à voter contre la Troïka. Il ne s'agit pas simplement d'un vote de contestation, mais surtout d'un vote non substantiel, puisque l'intention est de cacher les vrais problèmes, les questions auxquelles nous devons faire face et dont sont responsables ceux qui nous ont mené à la situation dans laquelle nous nous trouvons".
Les décisions que prendra le PASOK pour les autorités locales et régionales ne concernent pas uniquement une liste de nom, mais un nouveau départ, tant pour les collectivités locales que pour la création d'un Etat exécutif, a dit le premier ministre dans un effort d'esquiver la question de constitution des listes du parti avec plusieurs des ministres et cadres du gouvernement qui refusent de se présenter aux élections.
Se référant à l'accord sur le mécanisme de soutien à la Grèce, les 110 milliards d'euros, M. Papandréou a relevé "qu'il permettra de soutenir les grands changements, le vrai dilemme", a-t-il dit, "étant de construire l'économie, la croissance, de créer un pays différent".
Si 2011 sera une année difficile, a reconnu M. Papandréou, les changements qui auront lieu aideront le citoyen à l'avenir et donneront de nouvelles perspectives à l'économie, citant à ce point la réforme dans l'architecture administrative du pays baptisée "Kallikratis", qui sera un facteur de croissance, avec un Etat totalement différent ayant des règles, des lois, des possibilités de développement et des services différents du passé.
Mais ce message d'espoir contrastait avec les déclarations du même premier ministre lors d'une réunion quelques heures plus tôt au Palais Maximou avec les partenaires sociaux, où M. Papandréou n'a pas écarté le risque de faillite du pays. "La plus grande partie du danger est toutefois évitée", a-t-il voulu rassurer demandant un effort national pour réaliser rapidement les grands changements dont a besoin la Grèce puisque, a-t-il insisté, "15 à 20 ministres ne peuvent transformer à eux tout seuls le pays".
"Si nous réussissons, ce sera quelque chose de très positif, si nous trébuchons comme pays - pas comme gouvernement -, le message négatif se décuplera", a soutenu M. Papandréou, ne manquant pas de rappeler que les yeux de tous sont rivés sur la Grèce et insistant, une fois encore, sur le besoin de parvenir à un accord social national.
Mais la politique fiscale présentée comme de solidarité sociale et les nombreuses hausses d'impôts comme une incitation à des investissements qui stimuleront la croissance de l'économie, n'ont pas convaincu les syndicats ni les représentants du patronat. La presse, et notamment celle proche de la gauche, calculait le lendemain le coût de la "solidarité", rien que par la hausse des taxes sur le fuel domestique qui pèseront plus de 700 euros sur l'année dans le budget des ménages !
Le bureau exécutif de l'ADEDY (principale centrale syndicale des fonctionnaires, proche du PASOK) a annoncé que "étant donné que les salariés et les retraités, les chômeurs et les jeunes, sont frappés par le raid de coupes sombres sur les salaires et les retraites", la présence traditionnelle de sa direction au discours du premier ministre à l'ouverture de la FIT "n'avait pas de sens" et que, donc, elle s'abstiendrait de cette rencontre "communicationnelle", dans une "conjoncture inédite depuis l'après-guerre".
i-GR/ANA-MPA