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Elections européennes : le débat des chefs à la télé

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Par iNFO-GRECE,

Le grand débat politique entre chefs de partis politiques, intervenant dans la campagne pour les élections européennes en Grèce, s'est déroulé ce jeudi soir à 20h00 locales, retransmis sur la plupart des chaînes tv, dans une ambiance de tons bas et sans véritables surprises.

Six journalistes, 6 rhèmes - Politique étrangère, Economie et Développement, Politique sociale et Emploi, Education, Environnement, Gouvernance et Administration publique -, 5 dirigeants des partis parlementaires étaient au programme du grand débat, à quelques jours des élections européennes.

Les questions ne pouvaient pas dépasser 30 secondes, tandis que les dirigeants politiques disposaient de 90 secondes pour répondre. La coordination du débat était assurée par la journaliste de l'ERT, Maria Houkli.

Europe et politique étrangère

Le premier ministre, Costas Caramanlis, répondant à la première question sur la politique étrangères, a souligné la série de résultats majeurs remportés par le gouvernement au plan de la politique étrangère, mentionnant les dossiers de Chypre, de la FYROM et de l'énergie.

Le gouvernement a obtenu une série de résultats importants dans ce domaine, a souligné M. Caramanlis représentant la ND (conservateurs), et citant le soutien de la Grèce à Chypre lorsque s'est posée la question du plan Annan, un soutien conforme à l'aspiration de la majorité écrasante du peuple chypriote, la décision courageuse et généreuse, a-t-il insisté, d'Athènes de poser son véto à l'adhésion de Skopje à l'OTAN et, enfin, les accords énergétiques majeurs conclus par le gouvernement, qui transforment la Grèce en carrefour de l'énergie, plus précisément l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis, le Gazoduc South Stream et le gazoduc Turquie-Grèce-Italie.

Invité à prendre position sur des articles négatifs de la presse internationale sur la Grèce, M. Caramanlis a explicité que ces publications sont souvent excessives et ne reflètent pas la réalité, citant le cas précis des Cassandre qui disaient que le gouvernement serait obligé de recourir au FMI. Finalement, a-t-il noté, le gouvernement a couvert les besoins de financements du pays dès les quatre premiers mois de l'année.

A ce point, M. Caramanlis a rappelé qu'un même phénomène avait eu lieu dans la presse internationale avant les JO de 2004, retenant de ces critiques dépréciatrices que l'important pour la Grèce est que l'opposition n'en profite pas pour diffamer le pays. La Grèce, a-t-il conclu, peut être au coeur de l'Europe.

Le président du PASOK (socialistes), Georges Papandréou, a souligné, lui, que "la Grèce a toute raison de soutenir les accords internationaux, les droits de l'Homme et l'intégrité territoriale du pays, ce qui signifie une politique étrangère forte qui sait négocier".

M. Papandréou a estimé que la Grèce doit défendre les droits de l'Homme pour tous et non laisser les autres le faire à sa place, répondant à une question sur le droit d'"autodétermination" des membres de la minorité musulmane de Thrace, le président du PASOK précisant que ce droit est "individuel et non collectif", alors qu'il a critiqué en outre le gouvernement d'"avoir déposé les armes face à la Turquie en 2004, 2005 et 2009, avec pour résultat que la Turquie considère (l'attitude de la Grèce) comme acquise". Dans ce contexte, "nous ne pouvons aménager les conditions de stabilité et de sécurité", a-t-il ajouté.

Evoquant ensuite la politique des gouvernements du PASOK, M. Papandréou a affirmé que "nous avons réussi l'entrée de Chypre à l'UE, les Cadres communautaires d'appui (CCA), les Programmes intégrés méditerranéens (PIM) et la politique insulaire", concluant qu'"il existe une perspective alternative de politique étrangère grâce à la participation et non à l'absence du pays". "Il faut changer de politique étrangère" en adoptant une politique active, a-t-il dit.

Pour le KKE (communiste), sa secrétaire générale Aleka Papariga, a souligné que les financements qui affluent de l'UE en Grèce profitent à de grands groupes d'affaires, même si certains ouvrages peuvent profiter aussi au peuple grec, interrogée sur la position du KKE sur la participation de la Grèce à l'UE.

Et dans un commentaire aux thèses du KKE en faveur du désengagement de la Grèce de l'UE, Mme Papariga a noté d'abord que ce n'est pas là l'enjeu du scrutin européen du 7 juin, faisant valoir ensuite que le coût de la participation est extrêmement lourd pour le peuple mais très profitable à la ploutocratie.

Si la Grèce n'était pas dans l'UE, a-t-elle ajouté, et si nous avions une gouvernance populaire, le peuple y gagnerait beaucoup puisque les richesses seraient propriété publique.

Enfin, Mme Papariga a dénoncé qu'aucun référendum n'ait été organisé en Grèce, ni sur le Traité de Maastricht, ni pour tout autre traité.

Le président de la SYRIZA (gauche radicale), Alekos Alavanos, a affirmé, lui, que "nous avons des faits, nous avons une politique active de l'UE et les travailleurs l'ont vécue", répondant à des critiques soutenant que la SYRIZA perd ces derniers temps son orientation européenne.

Par ailleurs, invité à commenter le point 5 du projet de Décision politique de la SYRIZA, selon lequel les institutions européennes sont utilisées pour les profits du grand capital et la limitation de la démocratie, M. Alavanos a renvoyé à la "crise terrible où prévalent dans l'UE l'impunité complète du grand capital, l'économie de casino, et où les banques font tout ce qu'elles veulent".

"Qu'est-ce que cela a à voir avec une politique européenne", s'est-il interrogé, avant d'ajouter que "l'UE est elle-même responsable de la crise".

Enfin, le président du LAOS, Georges Karadzaferis, a appelé à l'organisation d'un référendum pour que le peuple grec dise s'il souhaite ou non l'adhésion de la Turquie dans l'UE, dans son intervention sur le thème de la politique étrangère lors du débat télévisé des chefs de parti sur les euro-élections, en adoptant la logique du président français, Nicolas Sarkozy, sur cette question et exprimant l'opposition de son parti à la Marche européenne de la Turquie.

Invité à dire s'il y a une contradiction entre cette position et la désignation de la tête de liste de son parti aux euro-élections, une femme qui plaide en faveur du rapprochement greco-turc, M. Karadzaferis a observé qu'"en Europe, nous avons appris la synthèse". "Nous sommes fiers du choix de Niki Tzavella et nous mettrons à profit ses connaissances au plan international", a-t-il dit.

Economie

Répondant à la 2e entité thématique sur l'économie, M. Caramanlis a noté que la crise économique internationale a mis en relief la nécessité d'avancer à pas plus rapides", rejetant une observation du journaliste soutenant que "le gouvernement a tardé les réformes craignant le coût politique".

"Je n'ai jamais dit que seul un petit nombre de réformes a été réalisé", a insisté M. Caramanlis, citant à titre indicatif le changement du cadre pour les partenariats entre secteurs public et privé (SDIT), la réforme de l'éducation, la réforme de la sécurité sociale, le nouveau plan d'aménagement du territoire, la dénationalisation d'Olympic Airlines, la location à long terme du port du Pirée. Face à ces réalisations, M. Caramanlis a déploré que ces réformes ont lieu dans une conjoncture hostile de la part de l'opposition.

M. Caramanlis a mis l'accent sur les changements indispensables dans les systèmes de sécurité sociale-retraites et de santé, en particulier les efforts d'assainissement dans la branche santé.

Enfin, le premier ministre n'a pas manqué de se référer aux efforts en cours du gouvernement pour réprimer le phénomène étendu de l'évasion fiscale, alors qu'il a conclu sur le fait que "la Grèce vit la crise moins durement que d'autres pays: le chômage en Espagne est de 18%, les déficits en Angleterre et en France plus grands que dans notre pays".

La planète doit changer de modèle de développement, et la Grèce doit devenir un pays d'avant-garde dans le développement vert pour lequel nous avons une proposition politique globale, laquelle inclut entre autres la restauration de bâtiments, le recyclage et les sources renouvelables d'énergie partout", a affirmé M. Papandréou, interrogé sur l'économie au cours du débat télévisé.

M. Papandréou a parlé de la nécessité d'un entreprenariat vert et de produits environnementaux de qualité, tout en soulignant que ces investissements exigent un ministère de l'Environnement et non une forme "dédaléen" de gouvernement.

En ce qui concerne l'affirmation selon laquelle "l'énergie propre est une énergie chère", M. Papandréou a relevé que l'"entretien des bâtiments réduira le coût payé par les citoyens pour l'énergie électrique, le chauffage et la climatisation", tout en mettant l'accent sur la nécessité d'investissements et d'infrastructures qui auront un rendement sur un horizon de 4 à 6 ans". "Nous avons besoin d'un Etat crédible qui soutiendra les investissements verts et qui saura négocier, et non d'un Etat comme aujourd'hui qui s'est endetté de 80 milliards €, dont nous nous ne savons pas où ils sont allés ", a-t-il conclu.

Le SG du KKE, Aleka Papariga, a défendu les positions du KKE en faveur de l'instauration d'un salaire de base à 1.400 euros, répliquant à la question d'un journaliste qui s'interrogeait pourquoi ce salaire n'est pas accordé aux cadres du parti ou dans l'entreprise d'impression qu'il possède, que tous ceux qui travaillent pour le parti le font sur une base volontaire et reçoivent un salaire moyen.

Mme Papariga a fait valoir toujours à ce sujet que cette relation de travail n'est pas purement professionnelle et rejeté la logique qui consisterait à associer la contribution au parti avec l'accès à une activité professionnelle.

Le président du SYRIZA, Alekos Alavanos, interrogé sur l'économie a souligné que la SYRIZA n'est pas opposée à l'UE mais demande que soit modifié le Pacte de stabilité tout en se prononçant en faveur de la nationalisation de la Banque nationale de Grèce.

"Le Pacte de stabilité n'est pas le crédo des chrétiens, c'est un choix constitutionnel qui a laissé l'UE sans défense dans les capitaux de spéculation et limité sa possibilité de contribuer au développement des pays", a-t-il indiqué.

Education

"La loi-cadre pour l'Université est appliquée malgré les réactions anti-démocratiques et rageuses", a affirmé le premier ministre au sujet de l'éducation ajoutant encore que la réforme de ce secteur ne souffre aucun retard alors que le gouvernement vise à promouvoir des réformes pour le secondaire de sorte à modifier le système des examens.

Le système éducatif doit être modifié rapidement, a affirmé le président du PASOK, Georges Papandréou, tout en soutenant le financement du secteur de l'éducation sur une base de 5% du PIB et l'établissement d'une relation entre l'éducation, le développement vert et les nouveaux emplois.

Mme Papariga (KKE) a demandé une éducation égale, moderne, de haut niveau, publique et gratuite tout en soulignant la nécessité de régler le problème de la formation professionnelle et de l'emploi.

Le président de la SYRIZA, M. Alavanos a déclaré que son parti est fier de se tenir aux côtés des jeunes, en référence aux événements survenus en décembre dernier et invité les médias et les forces politiques à se mettre à l'écoute de la jeunesse et de ses problèmes.

Environnement

En ce qui concerne l'environnement, M. Caramanlis a observé qu'il s'agit d'une priorité majeure qui doit être appliquée dans les actes et non en paroles, soutenant que le nouveau plan d'aménagement du territoire a apporté un immense service à l'environnement alors que le gouvernement précédent avait été critiqué par l'UE.

Pour sa part, M. Papandréou a souligné que la conscience écologique se développe au niveau mondial et présenté le dilemme "développement vert ou barbarie si nous ne nous dirigeons pas vers un autre modèle de développement".

Le PASOK dispose d'un programme concret pour l'application du "développement vert", a-t-il affirmé.

Au chapitre de l'environnement, Mme Papariga a indiqué que le KKE contribue à développer une conscience environnementale dans le pays tout en dénonçant "les soi-disant sensibilités environnementales de l'UE" ainsi que la circulation d'OGM dans certains pays européens.

Concernant l'environnement, M. Alavanos a accusé M. Caramanlis au sujet du fait que la Grèce reçoit les subventions les plus faibles de l'UE dans les secteurs de l'éducation et de l'environnement.

L'administation publique

"J'ai le courage et l'audace -lorsque quelque chose ne va pas bien- d'affirmer que j'en prends la responsabilité", a lancé le premier ministre, Costas Caramanlis, se référant à l'affaire de Vatopediou et plus généralement répondant sur les dysfonctionnements de l'administration publique.

Le président du PASOK pour sa part a demandé qu'un terme soit mis à l'hypocrisie du gouvernement qui a clôturé les travaux du Parlement et permis ainsi la prescription des scandales.

La SG du KKE, Mme Papariga a répondu aux questions concernant un différend opposant le parti avec M. Pangalos tout en s'interrogeant sur les intentions du PASOK et en affirmant ne pas vouloir pénaliser la vie politique.

Pour sa part, M. Alavanos a affirmé que son parti a proposé la création de 100.000 nouveaux emplois au lieu de donner de l'argent aux banques, tandis que M. Karadzaféris a mis l'accent sur la nécessité de trouver une issue aux impasses qui se présentent et souligné que son parti exige la transparence.

i-GR/ANA-MPA

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