Avec 24 heures de retard, la réunion convoquée par le premier ministre grec sur la vague de violence déchaînée après la mort d'un adolescent tué par un policier, ne pourrait plus être qualifiée d'urgence mais de bilan ; un calme précaire à Athènes et dans les grandes villes, après une nouvelle nuit trouble, alors que plusieurs établissements scolaires restent fermés et que des nouvelles manifestations sont attendues lundi après-midi.
Le gouvernement est décidé à faire respecter l'ordre, a déclaré le ministre de l'Intérieur, de l'Administration publique et de la Décentralisation, Procopis Pavlopoulos, après une réunion dimanche soir au palais Maximou, siège du premier ministre qui a présidé la réunion.
M. Pavlopoulos a souligné à la presse que la violence à l'état pur se dresse contre la paix sociale et les droits des citoyens, et qu'elle est inadmissible puisque abolissant les droits des citoyens à manifester et à s'exprimer en pleine liberté.
M. Pavlopoulos et son ministre délégué, Panagiotis Hinofotis, avaient présenté leur démission le soir du déclenchement des violences démissions qui avaient été refusées par le premier ministre, Costas Caramanlis.
M. Caramanlis, qui samedi était en déplacement dans le département de la Messénie dans le Sud-Ouest du Péloponnèse, a été très discret, voir absent, tout au long du week-end, laissant son ministre de l'Intérieur gérer seul la crise, ne prenant que tardivement la mesure de l'ampleur de la mobilisation des jeunes, alors même que les émeutes avaient gagné toutes les grandes villes de la Grèce en quelques heures, samedi soir, et à peine quelques heures après l'annonce de la mort du jeune homme d'Exarcheia.
La dépouille du jeune homme doit subir une autopsie lundi, sa famille ayant déclaré vouloir y assister accompagnée d'un expert indépendant.
Les deux policiers mis en cause dans l'incident ont été arrêtés avec les accusations de mort d'homme par préméditation et d'usage illégal des armes.
Les incendies de magasins et des bacs des poubelles focalisent l'attention des photographes et caméras ajoutant à la médiatisation du mouvement tout en compliquant la tâche aux forces de l'ordre.
Dimanche après-midi, les manifestations et les échauffourées entres groupes de jeunes et la police se sont poursuivies dans la plupart des grandes villes où d'importantes forces de l'ordre étaient déployées.
Malgré les nouveaux incendies de magasins, de voitures et des bacs à ordures, qui rendent spectaculaires et… télégéniques les mobilisations, les violences ont baissé d'un cran dimanche soir donnant des signes d'épuisement du mouvement.
Toutefois, des nouvelles manifestations sont appelées pour ce lundi après-midi. Les professionnels de la protestation, syndicats et partis, tentent de prendre la situation en main et de tirer profit du mouvement, mais les rassemblements spontanés des jeunes se sont poursuivis toute la nuit dans les rues d'Athènes, de Thessalonique et d'Irakleio.
La situation aux alentours de l'Ecole polytechnique d'Athènes, occupée par un groupe de jeunes venus du quartier voisin d'Exarcheia, QG des animateurs de la contestation, demeure tendue. La faculté des Sciences économiques est également occupée, de même que l'Université Aristote de Thessalonique.
Plusieurs syndicats des étudiants et des employés ont appelé à des manifestations lundi après-midi, alors que les syndicats des enseignants du supérieur et du secondaire ont annoncé une grève de trois jours. Lundi, la Polytechnique nationale (école d'ingénieurs), l'Université d'Athènes, l'Université Panteios, les TEI d'Athènes et du Pirée (équivalents des IUT français) étaient fermés.
i-GR