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Psychodrame au parlement grec autour du vote pour la commission parlementaire sur le scandale Vatopediou. Démission du ministre d'Etat et porte-parole du gouvernement M. Roussopoulos

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Par iNFO-GRECE,

Au terme de plusieurs heures de suspense procédurier, la proposition du PASOK pour la mise en place d'une commission parlementaire spéciale d'instruction préliminaire concernant l'affaire du monastère de Vatopediou n'a finalement pas été mise au vote vendredi au Parlement, alors que, la veille, le ministre d'Etat et porte-parole du gouvernement Theodoros Roussopoulos, cible de l'opposition depuis plusieurs jours, avait remis sa démission au premier ministre.

La commission parlementaire spéciale d'instruction préliminaire concernant l'affaire du monastère de Vatopediou devait être chargée d'instruire l'existence ou non d'une responsabilité politique voire pénale de trois ministres du gouvernement, dont l'ex-porte-parole du gouvernement, Theodoros Roussopoulos, dans l'affaire du monastère Vatopediou.

Selon l'avis des députés présents (les députés de la ND avaient convenu jeudi soir de ne pas siéger), les conditions préalables à ce scrutin n'étaient pas réunies, notant toutefois - et par la voix du président du GP du PASOK, M. Venizelos - que cette proposition "n'est pas rejetée".

En début de séance vendredi matin, les députés du LAOS avaient annoncé qu'ils se retiraient eux aussi du débat.

Explicitant la décision du gouvernement et de la ND de ne pas prendre part au débat, le porte-parole du gouvernement, Evanghelos Antonaros, a indiqué que "la position du gouvernement et de la ND est une position politique et de responsabilité d'Etat dont les raisons ont été clairement présentées jeudi par M. Pavlopoulos". Il a encore estimé que "l'empressement du PASOK est dû à un effort de faire impression et si la ND avait participé au vote, cette proposition aurait été rejetée".

De son côté, le président de la SYRIZA, Alécos Alavanos, a affirmé que la fuite de la ND devant le débat sur la mise en place d'une commission d'instruction préliminaire et l'absence du PASOK lors de la révision de la Constitution est un élément de la crise du bipartisme.

Il a encore représenté la proposition de loi de son parti pour la séparation entre l'Eglise et l'Etat, attribuant des responsabilités à la ND et au PASOK pour ne pas avoir soutenu cette proposition et invitant les deux grands partis à réviser leur position.

venizelos kaklamanis papandreou


MM Papandreou (à dr.) et Venizelos (àg.) consultent l'ancien président du Parlement M. Kaklamanis (au c.)

Enfin, prenant la parole en fin d'après-midi au Parlement, le président du PASOK, Georges Papandreou, a fait état de "l'effondrement de la crédibilité du gouvernement" au sujet de l'absence de la ND du débat sur la commission d'instruction préliminaire, alors qu'en ce qui concerne la crise financière "qui touche à présent la Grèce" il a tiré la sonnette d'alarme au sujet "d'un nouveau crime énorme aux dépens du peuple grec et proposé une nationalisation partielle des banques touchées".

Commentant l'absence des députés de la majorité, le porte-parole du groupe parlementaire du PASOK, Evanghélos Vénizélos, a déclaré que "le premier ministre écrit aujourd'hui, de ses propres mains, une des pages les plus sombres de l'histoire du Parlement grec".

M. Venizelos a constaté aussi que "le retrait du gouvernement et de la ND constitue un aveu que ce parti s'effondre et qu'il n'a pas la confiance du Parlement".

L'ancien ministre du PASOK a par ailleurs nié toutes les accusations, selon lesquelles l'affaire du Vatopediou aurait commencé à l'époque du PASOK, précisant que "à l'époque du PASOK, seuls les droits du monastère avaient été reconnus autour du lac Vistonida, mais aucun titre n'a jamais été délivré, ces décisions concernaient le droit d'usage et non la propriété, d'ou le recours en justice du monastère".

La pleine propriété de l'Etat reconnue sur le lac Victonidas

Selon un communiqué du ministère de la Justice, la justice a définitivement validé la pleine propriété de l'État sur le lac Victonidas et ses environs moins un îlot, qui reste détenu par le monastère Vatopediou du mont Athos. Cette décision, qui devrait être publiée dans les prochains jours, est la conséquence d'une enquête disciplinaire sur la non-publication d'un jugement sur le contentieux foncier opposant l'État et le monastère Vatopediou. Une enquête disciplinaire avait en effet été ouverte quant à la non-délivrance d'un jugement du Tribunal de première instance de Rhodes, qui, ayant à juger de l'action en revendication du monastère sur les biens en cause, avait donné raison à l'État.

L'inspection interne des tribunaux, en la personne du vice-président de la Cour de cassation, Ioannis Papanicolaou, a considéré que le président du tribunal était dans l'obligation de publier le jugement, la délibération du jugement ayant eu lieu, aucune conciliation ni renoncement n'était plus possible.

Cette reconnaissance de propriété rend dorénavant impossible tout échange de propriété avec d'autres biens appartenant au domaine public.

Dans cette même affaire, le ministère public a engagé une procédure disciplinaire contre le notaire et épouse de l'ex-ministre de la Marine marchande, Georges Voulgarakis, Aikaterinis Pélékis, quant à sa participation dans une SARL et pour la rédaction de certains passages d'actes notariés concernant des sites archéologiques dans le cadre de l'affaire entre l'Etat et le monastère Vatopediou.

Démission Roussopoulos

Le premier ministre, Costas Caramanlis, a accepté jeudi en fin d'après-midi la démission du ministre d'Etat et porte-parole du gouvernement, Theodoros Roussopoulos, le remerciant pour son étroite et efficace collaboration.

Le premier ministre a souligné en outre comprendre les raisons qui ont conduit M. Roussopoulos à déposer sa démission, lesquelles prouvent un respect de soi-même et une moralité politique.

Sur décision du chef du gouvernement, le porte-parole par intérim, Evanghélos Antonaros succède à M. Roussopoulos, le ministre de l'Intérieur, Procopis Pavlopoulos, étant chargé de la supervision du secrétariat général de la Communication et Information.

Dans sa lettre de démission, M. Roussopoulos, souligne en particulier que "en tant que simple député, libéré des engagements qu'impose la fonction de porte-parole du gouvernement, je pourrai me défendre de l'attaque servile et entièrement sans fondement lancée contre moi ces derniers temps".

La démission de M. Roussopoulos avait été précédée d'une passe d'armes avec le président du PASOK, M. Papandreou, au cours du débat mercredi sur la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire, le premier accusant le second de responsable de "l'attaque illicite, misérable et amorale" lancée contre lui.

M. Roussopoulos a affirmé que le PASOK a fondé ses accusations sur un seul fait réel qui est sa relation spirituelle avec l'higoumène du monastère Vatopediou et a invité les députés du PASOK à révéler combien d'entre eux sont allés à Vatopediou et combien de ministres du PASOK ont approuvé des subventions en faveur du monastère,

M. Roussopoulos a cité notamment l'ancien ministre socialiste Costas Laliotis, avec une subvention de 50 millions de drachmes en 1997, M. Vrettos, secrétaire d'Etat à l'Agriculture, avec une subvention de 441 millions en 1999, M. Magriotis ministre de Macédoine-Thrace avec des subventions de 20 et 70 millions en 1999, M. Paschalidis 30 millions en 2001, M. Triaridis un million en 1994 et M. Pachtas 996 millions en 1999.

M. Roussopoulos s'est ensuite adressé personnellement à M. Papandreou affirmant que la seule chose qui l'intéresse est de porter atteinte à ses adversaires politiques par n'importe quel moyen, avec pour objectif réel le gouvernement et le premier ministre qui exprime la politique de changements et de réformes.

Le ministre d'Etat a encore affirmé "avoir fait preuve d'une grande tolérance jusqu'à présent, mais la tolérance ne signifie pas être coupable mais être digne et d'avoir une pensée politique différente", indiquant "être inquiet quant à l'avenir du pays, si jamais le président du PASOK était à la tête du gouvernement et appliquait ses méthodes fourbes".

Enfin, il a appelé le Parlement en voter en faveur de la mise en place de la commission d'enquête parlementaire afin de révéler toute la vérité.

Cependant les députés de la Nouvelle Democratie avaient annoncé qu'ils ne participeraient pas au vote sur la commission parlementaire spéciale d'instruction préliminaire

Le ministre de l'Intérieur, Procopis Pavlopoulos, qui a remplacé M. Rousspoulos dans ses fonctions de porte-parole a expliqué jeudi à l'issue de la réunion du cabinet restreintque si la ND participait au débat, ce parti voterait contre la proposition d'une commission, ce qui empêcherait par la suite la mise en place d'une commission d'instruction préliminaire, si sont mises en évidence des responsabilités pénales lors de l'enquête de la Commission parlementaire.

Plus précisément, "conformément au règlement du Parlement, la commission d'enquête parlementaire a les compétences des magistrats d'instruction et du procureur du tribunal de 1ère instance, à savoir les mêmes compétences que celles d'une commission spéciale d'instruction préliminaire", a souligné le ministre, expliquant qu'une fois l'enquête des députés finalisée, et s'il s'avère qu'il existe des preuves fondées concernant des responsabilités pénales, rien n'empêcherait que soit demandée la mise en place d'une commission parlementaire spéciale d'instruction préliminaire.

Pour cette raison, M. Pavlopoulos a appelé le PASOK à retirer sa proposition sur la commission parlementaire spéciale d'instruction préliminaire, jugeant cette demande "d'infondée" et ayant comme cible "de pénaliser la vie politique et politiser la justice".

Réagissant immédiatement à cette décision, le président du PASOK, Georgios Papandreou, a déclaré "la ND ne peut pas supporter la vérité", choisissant la "fuite" et blessant les institutions parlementaires, la personnalité des députés, et affirmé que dans "cette gigantesque affaire de pillage des biens publics, dans l'affaire du monastère Vatopediou, nous avons pris des initiatives pour garantir la transparence, la vérité, la justice. Le gouvernement de la ND au contraire a tout fait pour faire obstruction".

De son côté, le président du groupe parlementaire du SYRIZA (coalition de la gauche radicale), Alecos Alavanos, a attribué des responsabilités à la ND et au PASOK jugeant que les deux partis ont évité de se contrôler mutuellement dans leur gestion de l'affaire Vatopediou.

M. Alavanos a par ailleurs dénoncé que l'affaire Vatopediou n'est pas la seule, il y a également celle du monastère Toplou et a annoncé l'intention de son parti de redéposer une proposition de loi sur les relations entre l'Eglise et l'Etat qui avait été rejetée précédemment.

i-GR/ANA-MPA

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