Les déclarations du secrétaire d'Etat adjoint américain chargé des Affaires européennes, Daniel Fried, évoquant une "ethnie macédonienne" et une "langue macédonienne" ont provoqué la réaction immédiate du ministre grec des Affaires étrangères, dora Bakoyannis, dans la guerre des impressions à la quelle Athènes et Washington se livrent depuis que la FYROM, petit protégé des Etats-Unis dans les Balkans a manqué son invitation à rejoindre l'Alliance atlantique, à cause de l'opposition menée par la Grèce.
Le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, a affirmé que les déclarations faites la veille par M. Fried, n'aident pas à la recherche d'une solution mutuellement acceptée entre la Grèce et la FYROM sur la question du nom de l'Etat voisin.
"Ces déclarations n'aident pas. L'objet des négociations est précis et concerne l'obtention d'une solution mutuellement acceptable sur la question du nom", a affirmé Mme Bakoyannis.
Commentant une référence de M. Fried à l'existence d'une "identité macédonienne" en rapport avec les les concertations entre Athènes et Skopje à l'ONU pour trouver un nom acceptable à la l'ancienne république yougoslave de Macédoine (FYROM selon l'acronyme anglais), Mme Bakoyannis a ajouté que la Grèce est en faveur de la stabilité et de la prospérité de la FYROM, "un pays avec lequel nous vivrons ensemble", a-t-elle dit, "et que nous devons regarder l'avenir".
"Nous sommes prêts à la reprise des négociations", a conclu Mme Bakoyannis.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Georges Koumoutsakos, a précisé de son côté que la négociation en cours dans le cadre de l'ONU sur l'appellation de la FYROM a un objet et un but précis, l'obtention d'une solution mutuellement acceptée, cohérente, pratique et applicable, dans vainqueurs ni vaincus.
"Nous ne nous laisserons pas entraîner dans des discussions qui dévient la négociation de son objet réel", a-t-il ajouté en commentaire des déclarations Fried .
Le porte-parole adjoint du Département d'Etat américain, Tom Casey, a procédé à une nouvelle déclaration de précision sur certains points de la déclaration faite lundi par Daniel Fried, dans laquelle il affirme que "les Etats-Unis n'octroient pas de reconnaissance officielle de langue ou d'ethnie, et toute déclaration concernant la langue macédonienne ou l'ethnie macédonienne ne doivent avoir aucune incidence sur le règlement de la question de l'appellation de Skopje entre Athènes et la Macédoine ".
Toutefois, M. Casey n'a pas désavoué les propos de M. Fried et les officiels américains ne manquent pas une occasion pour appeler la FYROM "Macédoine".
Le communiqué souligne encore que "Washington continue à encourager les deux parties à rester attachées à la procédure de l'ONU et à continuer à oeuvrer pour l'obtention le plus rapidement possible d'une solution acceptée mutuellement".
De son côté, à Bruxelles, le Haut représentant de l'UE, Javier Solana, a fait part de son espoir que les concertations s'intensifient en vue de trouver un règlement à la question de l'appellation de la FYROM le plus rapidement possible.
Caramanlis adresse un nouveau message à la FYROM
Le premier ministre, Costas Caramanlis, a adressé mardi soir un nouveau message à la FYROM l'invitant à coopérer avec la Grèce pour trouver un règlement à la question de l'appellation.
"Une appellation composée, acceptée mutuellement et pour tous les usages, une solution qui ne pourra être utilisée en tant vecteur pour des logiques nationalistes, irrédentistes et non historiques", a-t-il souligné dans son discours au congrès de l'Economist, tout en qualifiant la position de la Grèce à Bucarest -et plus généralement face à l'adhésion de la FYROM à l'OTAN- d'"acte de responsabilité et de crédibilité" en respect des principes du bon voisinage.
"Personne ne sortira ni vainqueur ni vaincu de la procédure de recherche d'une solution qui ira dans l'intérêt des deux pays", a encore dit M. Caramanlis, réitérant que la Grèce a franchi la distance qui conduit au point de convergence, et que "sans solution, il ne peut y avoir d'invitation".
"Notre position est [devenue] aujourd'hui décision de l'OTAN, c'est une évolution importante qui peut contribuer à l'obtention d'un règlement définitif accepté par les deux parties dans l'intérêt de tous et principalement de la stabilité", a conclu le premier ministre.
M. Caramanlis, s'adressera par ailleurs aux députés jeudi matin lors d'un débat extraordinaire des chefs de partis demandé par le LAOS sur la question de la FYROM.
i-GR/ANA-MPA