Dimanche 13 janvier 2008, le stade Karaïskaki accueillait dans le cadre de la Nationale A, le 99e derby des séculaires Olympiakos et Panathinaïkos en clôture de la 16e journée du championnat de Grèce. La veille, en explosant Veria (5-1), l’AEK du très contesté Lorenzo Serra Ferrer avait repris la tête du classement. La donne était donc simple : le vainqueur du derby s’installerait à la première place, en cas de résultat nul, ce serait l’AEK qui conserverait la tête. Comme toujours, l’ambiance était électrique, d’autant plus que l’un des hauts dirigeants du Panathinaïkos avait tenu des propos déplacés à l’encontre de l’Olympiakos lors de la fête du centenaire, organisée la semaine précédente par les Verts.
Tous les ingrédients du bon derby étaient donc là. Olympiakos voyait son milieu de terrain très affaibli par les forfaits de ses deux relayeurs, Ledesma et Stoltidis, tandis que le Panathinaïkos se voyait privé du talentueux brésilien Mattos. D’entrée de jeu, l’Olympiakos se mettait en évidence et passait tout près de l’ouverture du score : Torosidis centrait de la droite au deuxième poteau où Lua-Lua reprenait d’une demi-volée qui rebondissait devant le but suprenant le portier polonais Malarz qui repoussait en corner en catastrophe (1e). Le ton semblait donné pour les locaux, mais c’est le Panathinaïkos qui prenait véritablement les choses en main. D’abord par l’autrichien Iwanschitz qui progressait à gauche mais croisait trop son tir (5e). Ensuite, sur une balle en profondeur exploitée par Salpiggidis dont le tir poussait Nikopolidis à une parade en corner dans sa lucarne (8e).
Faisant bien circuler le ballon, trouvant des failles dans l’axe où Mendrinos et Patsatzoglou, appelés à remplacer les absents, endiguaient difficilement les assauts adverses, le Panathinaïkos ouvrait méritoirement le score au quart d’heure de jeu. Salpiggidis débordait à gauche, prenant de vitesse Zewlakow. Après que la balle ait franchi la ligne de sortie de but, il redressait un centre en retrait pour N’Doye qui réussissait un superbe dribble à contresens, traversant le rideau défensif des rouges et blancs, et croisait une jolie frappe du gauche dans la lucarne opposée de Nikopolidis (0-1).
Après cette ouverture du score, les verts reculaient et laissaient le bénéfice du ballon aux Piréotes. Après plusieurs situations inquiétantes pour le but des visiteurs, dont un bon tir de Torosidis dans le petit filet extérieur (34e) et une action de Lua-Lua qui provoquait une sortie hasardeuse de Malarz à l’entrée de la surface de réparation bien rattrapée par Goumas aux dépens de Galletti (37e), Olympiakos assurait sa domination. Un premier tir lointain de Lua-Lua frappait la base du poteau de Malarz et revenait sur Galletti dont le tir écrasé était détourné en corner (39e). Poussant le PAO dans ses derniers retranchements, Olympiakos obtenait une égalisation méritée dans les arrêts de jeu de la première période. Djordjevic tirait un corner à gauche qui provoquait une scène de panique dans la défense. Malarz tentait de s’emparer du ballon au-dessus de la tête de Torosidis mais le relâchait. Antzas se jetait sur le ballon et la poussait vers le but où il était arrêté par une cuisse sur la ligne de but par un défenseur. Antzas était alors le plus prompt et profitait de ce ballon qui traînait pour le prolonger au fond des filets (1-1).
A la pause, le score était de 1-1 et la première période avait été de toute beauté, chacun ayant eu l’occasion de se mettre en valeur, le PAO pendant les vingt premières minutes, l’Olympiakos pendant les vingt dernières. Le Panathinaïkos s’était exprimé par un jeu bien léché, une circulation de balle attrayante, tandis qu’Olympiakos avait riposté à l’envie usant particulièrement du talent de ses défenseurs pour venir porter le surnombre. Mais il était clair au vu de la première partie du match que l’Olympiakos souffrait beaucoup de l’absence de ses deux chiens de garde du milieu de terrain.
La seconde période repartait tambour battant dans la même configuration que la première, avec un Olympiakos visiblement à la recherche du second but. Les Piréotes se créaient d’ailleurs une énorme occasion à la 52e minute, quand Pantos s’infiltrait au cœur du milieu de terrain adverse et servait Kovacevic dans le dos de la défense adverse, couvert par Vyntra qui, à l’autre extrémité de la surface de réparation, n’avait pas suivi sa défense, laquelle avait clairement joué le hors-jeu technique. Le bomber serbe se présentait en face à face avec Malarz et enroulait un intérieur du droit qui trompait le gardien polonais. Vyntra rattrapait son erreur de placement en sauvant ce ballon sur la ligne de but.
Alerté par cette situation chaude, le Panathinaïkos relevait enfin la tête et enchaînait un très bon quart d’heure, prenant plusieurs fois l’Olympiakos en contre, profitant surtout d’une stratégie offensive des locaux quelque peu anarchique. Ainsi à la 63e, Iwanschitz percée à droite tout en technique, se mettait en position de frappe et enroulait superbement un tir du gauche sur la base du montant gauche. A la reprise, N’Doye, posté aux six mètres, tirait en plein sur Nikopolidis. A peine le temps de respirer pour Olympiakos qu’il se retrouvait de nouveau en fâcheuse posture. En effet, sur un nouveau débordement d’Iwanschitz, incontestablement le meilleur homme sur le terrain, le Panathinaïkos obtenait un penalty. L’autrichien centrait de la droite sur Antzas qui bloquait le ballon mais tombait dessus le touchant alors de la main. Une décision difficile pour l’arbitre de la rencontre, M.Kalopoulos. C’est Dimitris Papadopoulos, tout juste entré en jeu en lieu et place de Salpiggidis, qui se chargeait de la sentence. Mais son tir au centre du but et à ras de terre était arrêté sans mal par un Nikopolidis en grande forme (67e).
Voyant les siens malmenés à domicile, Lemonis procédait à deux changements à quelques minutes d’intervalle : Mendrinos et Lua-Lua laissaient leur place au néo-piroté Sisic et à Konstantinou. Mais rien n’y faisait, le Panathinaïkos continuait à se montrer plus dangereux, laissant le champ libre aux locaux et frappait en contre avec virtuosité. Si l’on excepte un gros moment de doute pour la défense verte composé d’une série de frappes contrées à la 71e, Olympiakos ne parvenait pas à se montrer dangereux. Sur une balle perdue à 70 mètres de ses buts par Sisic, les verts réussissaient la contre-attaque parfaite, traversant latéralement le terrain et mettant N’Doye en orbite face à Nikopolidis. L’avant-centre africain prenait tout son temps pour croiser son ballon… au ras du poteau droit (79e). Puis, à la 82e, Karagounis offrait la possibilité à Iwanschitz de conclure son match en héros, mais là encore les verts ne trouvaient pas le cadre (82e).
Comme bien souvent dans le football, la menace de la loi tacite planait sur le Panathinaïkos qui, en seconde période, avait eu la possibilité d’obtenir la victoire. Mais cette fois-ci, le fameux adage selon lequel des occasions de buts ratées finissent par se payer par un but encaissé ne se vérifiait pas. Une ouverture millimétrée trouvait Kovacevic qui jaillissait dans le dos de la défense, s’embarquait le ballon d’un amorti poitrine orienté et des 12 mètres, seul face au but grand ouvert, ouvrait son pied droit en direction de la lucarne droite. La balle passait juste au-dessus de la transversale. Non, « Darkogoal » comme le surnomment affectueusement les supporters ne marquerait pas son quatorzième but en championnat ! Pour la première fois de la saison, Kovacevic restait muet au Karaïskaki et pour la première fois de la saison, Olympiakos n’imposait pas sa loi dans son antre.
Les deux équipes se quittaient sur ce score nul de 1-1 qui n’arrangeait personne, si ce n’est les Unionistes de l’AEK, désormais leader de la SuperLeague 2007/2008, à 14 journées de la fin de la compétition. Un classement serré qui laisse présager une fin de saison intense et passionnante : AEK 36, Olympiakos 35, Panathinaïkos 34. Mais, bien que le résultat desserve les ambitions des protagonistes de la soirée, le public de la Grèce entière pourra remercier les entraîneurs et les joueurs de leur avoir offert un spectacle si plaisant, dénué de calcul, agrémenté de multiples occasions de but franches, de deux buts, deux poteaux, et surtout, d’une intensité rare. Prochaine étape, mercredi 16 janvier, même endroit, même équipes, pour un 1/8e de finale explosif où l’Olympiakos aura à cœur de se faire pardonner sa prestation plus que moyenne, et où le Panathinaïkos tentera d’achever ce qu’il n’a pu conclure lors de la rencontre de championnat.
i-GR/Orpheas Visvikis
La fiche du match
16e journée du championnat de Grèce
OLYMPIAKOS – PANATHINAÏKOS : 1-1 (1-1)
Buts : Antzas (45) – N’Doye (15)
Avertissements : Mendrinos, Patsatzoglou, Galletti – Malarz, Goumas.
Olympiakos : Nikopolidis – Torosidis, Pantos, Zewlakow, Antzas – Mendrinos (Sisic 70), Patsatzoglou, Galletti (Nunez 83), Djordjevic – Lua-Lua (Konstantinou 76), Kovacevic. Ent : Panagiotis Lemonis
Panathinaïkos : Malarz – Nilsson, Vyntra, Goumas, Sarrieghi – Simao, Tziolis, Iwanschitz, Karagounis – Salpiggidis (Papadopoulos 62), N’Doye. Ent : José Peixeiro
Les réactions
José Peixeiro (entraîneur du Panathinaïkos) : C’était un très bon match que le Panathinaïkos méritait de gagner. C’est nous qui avons adressé notre domination. Je suis déçu du résultat, mais pas de la manière. Nous ne pouvons nous prendre qu’à nous-mêmes devant notre manque de réussite devant le but.
Takis Lemonis (entraîneur d’Olympiakos) : Nous ne pouvons pas considérer un nul comme satisfaisant. Le match ressemblait à la roulette russe. Nous avons bien fini la première période, mais en seconde, nous sommes sortis de notre rythme et nous avons cherché le but sans sérénité. Néanmoins, nous avons eu de très bonnes occasions. L’arrêt de Nikopolidis sur le penalty a été déterminant.
Darko Kovacevic (joueur d’Olympiakos) : C’était un très beau match, rythmé et plein d’occasions. Le résultat me semble juste. Nikopolidis est en grande forme.
Kostas Mendrinos (joueur d’Olympiakos) : Le match avait tous les éléments du derby : de la passion et beaucoup de phases de jeu. Selon moi, le résultat est juste. L’expérience de Nikopolidis a beaucoup joué ce soir. La balle est sortie sur le but du Panathinaïkos.
Argiris Mitsou (dirigeant du Panathinaïkos) : Je suis heureux de la performance des joueurs, pas du résultat. Nous avons gâché beaucoup d’occasions et le football a failli nous le faire payer. Nous remercions la direction de l’Olympiakos pour son impeccable accueil.
Antonis Nikopolidis (joueur d’Olympiakos) : Nous sommes embarrassés par notre niveau de jeu, en particulier en seconde période. Nous avons souffert sur les contres du Panathinaïkos. Nous avons pris l’habitude de jouer avec des absences, mais nous attendons avec impatience les retours de Stoltidis et Ledesma. Le Panathinaïkos était très bon, offensif, et n’a pas eu le rôle attentiste des derniers derbies. Nous verrons un autre match mercredi.
Andreas Iwanschitz (joueur du Panathinaïkos) : Nous avions la possibilité de gagner, mais il faut être meilleur devant le but pour y parvenir.
Giorgos Karagounis (joueur du Panathinaïkos) : Ces matches-là, il faut les gagner. Nous n’avons pas réussi à finir nos nombreuses actions. Le football est ainsi fait ! Olympiakos reste une grande équipe. Il y a eu un vainqueur au derby : l’AEK.
Ioannis Goumas (joueur du Panathinaïkos) : Nous avons été meilleur. Le score est injuste. Nous aurions pu gagner 4-1 ou 5-1. Nous devons faire attention à la finition. Aujourd’hui, le Panathinaïkos avait plusieurs classes d’écart avec l’Olympiakos. Gardons les bons côtés de notre prestation et améliorons les mauvais.
Alexandros Tziolis (joueur du Panathinaïkos) : Nous sommes malchanceux. Tout le monde a vu que nous avons eu plus d’occasions de but. Mais désormais, c’est au derby de la coupe que nous devons penser.
Arkadiusz Malarz (joueur du Panathinaïkos) : Le résultat nous laisse un goût amer. Il y avait faute sur moi sur le but de Torosidis Nos supporters seront contents en fin de saison. A chaque match, nous jouons pour la victoire.
Ioannis Moralis (dirigeant d’Olympiakos) : Comme me l’ont dit les gens de la télévision, Olympiakos a été freiné par l’arbitrage en plusieurs occasions : le but du Panathinaïkos, la main de Nilsson dans la surface, le penalty du Panathinaïkos qui n’est pas une main volontaire. Mais je ne mets pas ces faits en relation avec le résultat, car le Panathinaïkos a mieux joué et s’est procuré plus d’occasions de but. Au vu des matches depuis le début de saison, nous pensons que les coups de sifflets néfastes à l’Olympiakos sont plus fréquents que ceux à l’encontre de ses adversaires directs.
Trésor Lomana Lua-Lua (joueur d’Olympiakos) : Match très dur. Nous aurions pu perdre.
Luciano Galletti (joueur d’Olympiakos) : Nous n’avons pas fait le match que nous nous devions de faire. Nous avons laissé l’adversaire développé son jeu pendant la majeure partie du match. Le championnat est encore long et il semble que les trois équipes se battront jusqu’au bout.
Josu Sarrieghi (joueur du Panathinaïkos) : Le stade Karaïskaki est un terrain fort. Kovacevic est un grand joueur et nous nous connaissons bien. D’ici mercredi, nous devrons travailler devant les buts car c’est ce qui nous a manqué ce soir.
Mikaël Nilsson (joueur du Panathinaïkos) : Nous aurions pu obtenir plus de cette partir. Faisons à présent très attention contre les petites équipes, car nous avons prouvé que dans les derbies nous savons répondre présent. Nous essaierons de faire mieux mercredi.