La bataille de la "Macédoine" aura-t-elle l'heureuse issue de la bataille pour la "feta" ? (voir notre article précédent). La Grèce repose sur les résolutions des Nations Unis et demande une solution internationale, et menace d'user de so droit de veto contre l'adhésion de Skopje à l'OTAN, puisque voyant un fond d'hostilité dans l'usurpation du nom de la province grecque et de l'histoire de la Grèce ancienne par le pays voisin. Les Etats-Unis, par le biais du secrétaire d'Etat adjoint américain chargé des Affaires politiques, Nicholas Burns, qui s'exprimait jeudi à l'issue d'un entretien avec la ministre grecque des Affaires Etrangères, Dora Bakoyannis refusent, eux, d'étudier le fond de la question et considèrent qu'il s'agit d'une simple sensibilité grecque que Skopje doit cependant prendre en compte.
"Le gouvernement de Skopje doit faire preuve de plus grande sensibilité vis-à-vis de l'opinion publique grecque et du gouvernement grec, et comprendre que certaines de leurs actions ont été très provocantes", a affirmé M. Burns en marge de la session ministérielle de l'OSCE à Madrid, refusant ainsi de suivre le ministre grec sur la question de l'appellation définitive de la FYROM (acronyme anglais de l'Ancienne république yougoslave de Macédoine, sous lequel cette république est reconnue internationalement).
Ainsi, M. Burns parle d'actions passés de Skopje alors même que la promotion d'un nationalisme artificiel autour d'une identité "macédonienne" et d'une descendance d'Alexandre le Grand est plus que jamais d'actualité dans sur les rives du Vardar et dont les dirigeants de la petite république se servent pour dénier la présence d'un bon tiers d'Albanais parmi la population du pays.
En refusant d'entrer sur le fond du différend et en le réduisant à une question de sensibilité grecque, M. Burns, bien qu'appelant Skopje à tenir compte des desiderata de son voisin, enferme la question à un niveau bilatéral, prenant ainsi le contre-pied de la diplomatie grecque. Forte des résolutions des Nations Unios, Athènes demande des négociations au niveau international, comme elles sont menées actuellement sous l'égide de l'ONU.
Mme Bakoyannis a déclaré à ce sujet qu'Athènes est prête à aller à un dialogue et une négociation constructifs, et assuré que c'est très exactement dans cet état d'esprit que la partie grecque attend dans les prochains jours le médiateur de l'ONU, Matthew Nimetz, à Athènes.
M. Burns, qui a indiqué avoir fait part de ses observations au ministre des Affaires étrangères de la FYROM, M. Milososki, qu'il avait rencontré tout juste auparavant, a affirmé être pleinement conscient de l'importance de la question du nom pour le peuple et le gouvernement grecs, ayant lui-même vécu de nombreuses années en Grèce.
"Nous avons demandé à M. Nimetz de s'impliquer à nouveau et nous espérons qu'une solution sera trouvée, laquelle pourra être soutenue à la fois par les deux pays. Il faut que le gouvernement de Skopje reconnaisse qu'il a la responsabilité de rencontrer la Grèce à mi-parcours et manifester de la sensibilité vis-à-vis des inquiétudes grecques", a affirmé M. Burns.
Mme Bakoyannis et M. Burns ont discuté également du Proche-Orient au vu de la Conférence d'Annapolis ainsi que du Kosovo.
M. Burns a salué à cette occasion la présence grecque à Annapolis, se disant "heureux que la Grèce ait participé comme membre à part entière. Je suis reconnaissant auprès de Mme Bakoyannis pour le soutien qu'elle apporte aux efforts pour l'instauration de la paix entre Israël et les Palestiniens, pour la création d'un Etat palestinien 60 ans après et pour la création de conditions de sécurité en Isarël. Le rôle de la Grèce, qui s'implique dans ce processus, est très important. La Conférence de Annapolis a été un grand succès".
La Grèce assumera la présidence de l'OSCE en 2009
La Grèce assumera la présidence de l'OSCE en 2009, selon une décision arrêtée vendredi tard dans l'après-midi à Madrid par la session ministérielle de l'Organisation.
"C'est un grand honneur pour la Grèce de se charger de la présidence de l'OSCE en 2009. C'est un défi important pour la Grèce, étant donné que nous assumerons la présidence du plus grand organisme de sécurité au monde, un organisme qui promeut la sécurité régionale via la coexistence pacifique de Vancouver à Vladivostok", a souligné le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, dans une déclaration après l'annonce de la décision.
"Le monde est confronté à une série de grands défis. Le terrorisme menace l'Etat de droit et la démocratie. La prolifération des armes de destruction massive met le monde en danger. Le crime organisé, en association avec des Etats ayant échoué, diffuse la violence au-delà des frontières nationales. Le changement climatique exacerbe les conflits", a affirmé Mme Bakoyannis, soulignant que le traitement de ces problèmes nécessite l'action collective et que de ce fait la coopération, la transparence et le principe du consensus constitueront la règle fonctionnelle de la présidence grecque.
i-GR/ANA-MPA