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Chypre abat son mur protecteur et appelle à la levée des barrages turcs

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Par iNFO-GRECE,

Le gouvernement de Chypre a décidé unilatéralement la démolition du mur dans la rue de Ledra au centre de Nicosie, a annoncé le Président de Chypre Tassos Papadopoulos, à la grande surprise de la population de la ville. La déclaration du président chypriote venait quelques heures après la démolition du mur par la garde nationale dans cette rue commerçante de la capitale de l'île. "Pour enlever n'importe quel prétexte qu'ils (les Turcs) posaient pour démolir la passerelle et ouvrir le passage, nous avons démoli ce soir le point de contrôle sur notre côté", a souligné M. Papadopoulos, façon de dire que des tractations avaient déjà lieu avec les chyproturcs et que Chypre était pressée par l'UE qui tient cette fin de semaine son sommet de printemps à Bruxelles.

Le mur de la rue Lidras avait été érigé par la République de Chypre après l'invasion de l'île par l'armée turque en 1974. Plusieurs barrages de ce type coupent désormais la ville de Nicosie/Lefkosia en deux, le secteur libre d'un côté et le secteur toujours occupé par la Turquie de l'autre. La levée de ces barrages fait partie des accords dits du 8 juillet 2006. Le 10 janvier dernier, l'administration chyproturque avait démoli le pont érigé par l'armée turque un an auparavant de l'autre côté du barrage mais le gouvernement chypriote refusait d'abattre le mur de son côté tant que l'armée turque continuait à stationner à 50 mètres du passage.

M. Papadopoulos, actuellement à Bruxelles pour le sommet de l'Union Européenne, a clarifié que la démolition du mur ne signifiait pas pour autant l'ouverture d'un passage pour la population de et vers le secteur de la ville sous occupation turque tant que les forces turques ne se retirent pas et ne déminent le secteur.

Le Président Papadopoulos a répété que du côté chypriote grec les propositions pour l'ouverture de la rue de Ledra avaient été soumises aux Nations Unies et que la démolition avait été planifiée il y a une quinzaine de jours. "Maintenant que le point de contrôle de la garde nationale de la République à la rue de Ledra a été démoli, nous verrons bien si les troupes turques se retirent pour permettre au passage de s'ouvrir effectivement", a-t-il dit.

M. Papadopouos a rappelé ce qu'il avait à plusieurs reprises dit dans le passé à savoir que "une fois que les Turcs acceptent de retirer les troupes, notre point de contrôle pourrait être enlevé à moins de 24 heures. Maintenant nous verrons si les troupes turques se retireront de sorte qu'un passage puisse s'ouvrir", notant aussitôt que "naturellement, si les troupes ne sont pas retirées et que les bâtiments [en état de délabrement avancé, ndlr] de chaque côté de la rue ne sont pas renforcés, il ne peut pas y avoir d'ouverture pour permettre aux personnes de passer".

Athènes comme Bruxelles, qui ne voient comment se débarrasser du dossier chypriote, ont dûment salué l'initiative du président chypriote . A Bruxelles pour le sommet européen, le premier ministre grec Costas Caramanlis a souligné la "décision courageuse" de Chypre et a dit attendre "la réponse de l'autre côté pour que ce passage devienne un symbole de la communication libre entre chypriotes grecs et chypriotes turcs". De son côté, le commissaire européen chargé de l'élargissement, Olli Rehn, a dit à peu près la même chose, et a appelé toutes les parties concernées "à utiliser l'opportunité créée par cette courageuse décision et par la décision de la communauté chyproturque de retirer le pont pour entreprendre les prochaines étapes pour l'ouverture effective de la rue Ledra qui traverse le centre de Nicosie". "Nous saluons l'initiative du président de la République chypriote, Tassos Papadopoulos, en tant qu'action constructive qui contribue à l'effort et au désir de tous de voir rapidement la réunification de Chypre", a dit pour sa part le chef de l'opposition socialiste en Grèce, Yorgos Papandreou.

Reste à savoir maintenant quel bénéfice pourra retirer Chypre en renonçant aux conditions qu'elle-même avait posées jusqu'ici pour la démolition du mur, puisque bien entendu les troupes d'occupation sont toujours là et les mines ne sont pas enlevées. Certainement que M. Papadopoulos sera accueili les bras ouverts au sommet de Bruxelles, il est moins sûr qu'il repartira les poches pleines. Le plus probable est que la présence militaire turc sur l'île sera banalisée et que l'administration chyproturcque autoproclamée "gouvernement de la République turque de Chypre du Nord" petit à petit officialisée. Prochaine étape : le commerce en direct avec les zones occupées réclamé à la fois par l'UE et les Etats-Unis. A cette allure il ne s'agit plus d'un processus d'unification de l'île, mais d'un processus de normalisation d'un état de fait, peu importe le comment il a été fait, c'est-à-dire par la force d'une invasion militaire étrangère.

i-GR/CNA/ANA-MPA

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