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La Turquie trompe l'OTAN sur l'étendue de la zone démilitarisée en Egée

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Par iNFO-GRECE,

Le gouvernement grec ne décolère pas après que l'OTAN ait cédé à la demande de la Turquie d'exclure une partie du Nord de l'Egée, l'île grecque de Aï Stratis, dans les exercices de l'Alliance atlantique sous prétexte que l'île se trouvait dans la zone démilitarisée définie par les accords greco-turcs de Lausanne. "Cet acte ne vise pas seulement à mettre en doute les droits souverains d'un pays allié, mais détruit la cohésion et l'efficacité de l'OTAN", a prévenu jeudi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Georgios Koumoutsakos.

L'exercice de l'OTAN sur les systèmes d'alerte prévoyait qu'un avion de type AWACS s'approche de l'île d'Agios Efstratios (Aï Stratis). Le QG de l'Alliance à Larissa a transmis l'ordre de décoller à l'Unité de Naples en Italie, mais le commandant turc de la base atlantique stationnée à Smyrne (Ismir, Turquie) a envoyé de son côté un signal au commandant américain de l'OTAN aux forces aéronavales de la Méditerranée prétendant que Agios Efstratios se trouvait dans la zone démilitarisée définie dans les accords de Lausanne. Le commandant américain estimant que l'OTAN n'a pas à se mêler des différends entre les pays-membres de l'organisation a adopté les arguments de la Turquie refusant de survoler l'île grecque. Finalement l'exercice n'a pas eu lieu à cause des… "mauvaises conditions climatiques" selon Athènes.

Aussitôt le commandant grec à Larissa a informé sa hiérarchie que l'exercice militaire était annulé mais que les arguments turcs n'avaient aucune base puisque ni les accords de Lausanne, ni aucun autre accord entre la Grèce et la Turquie ne fait état d'une zone démilitarisée incluant l'île de Agios Eftathios.

M. Koumoutsakos a confirmé que "c'est un acte complètement infondé du point de vue du droit international et des traités internationaux, y compris le traité de Lausanne, et donc par conséquent inadmissible."

En ce qui concerne des répercussions éventuelles sur les relations grecoturques, M. Koumoutsakos a relevé qu'"il n'y a jamais eu (dans les relations) des lignes droites", ajoutant à propos de la visite prochaine - la date n'est toujours pas fixée - à Athènes du chef de la diplomatie turque, Abdullah Gül, il a rappelé que "le travail des ministres des Affaires étrangères est de se rencontrer et de discuter. Il n'existe pas une interruption des contacts entre les deux Etats, car ceci est de l'intérêt de la Grèce et de sa gestion des relations internationales".

Le représentant permanent de la Grèce à l'OTAN, Yannis Zepos, a été mandaté pour rencontrer le Secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, dans le cadre des démarches de protestation de la diplomatie grecque.

Dans ses déclarations à l'issue de la rencontre, M. Zepos a souligné la préoccupation du gouvernement grec, insistant qu'il n'est pas concevable, qu'à chaque fois que la Turquie pose une question, que le exercices de l'Alliance soient annulés, ce fait amenuisant la crédibilité de l'organisme, et rappelant aussi que Ai Stratis ne figure pas dans le traité de Lausanne, comme l'a soutenu Ankara.

Grande comme 42 km2, à 21 miles de Limnos, l'île de Saint Efstratios compte actuellement une population de 286 habitants. Plus petite île de la préfecture de Limnos, ses habitations ont été entièrement reconstruites après un séisme destructeur en 1968. Elle s'était fait tristement connue pour être le lieux d'exil des communistes durant la guerre civile qui a sévit en Grèce durant la seconde guerre mondiale. Des personnalités comme le compositeur Théodorakis, les poètes Ritsos, Karouzos et Varnalis et le metteur en scène Katrakis y avaient été assignés en résidence surveillée.

i-GR/ANA-MPA

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