C'est au cours d'une double conférence de presse mardi, à Athènes et à Paris, que les ministres grec et français des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis et Philippe Douste-Blazy, sont revenus sur la résolution sur "la protection des journalistes dans les zones de conflit" présentée en septembre dernier à l'ONU, alors sous présidence grecque, pour en appeler aujourd'hui au vote unanime.
L'idée d'une résolution, à l'initiative de la Fédération internationale des Journalistes (FIJ) et de "Reporters sans Frontières", a été soumise en septembre dernier à l'ONU lors de la présidence grecque du Conseil de sécurité et est actuellement en cours de discussion. Le projet de résolution "condamne toutes les attaques ciblant les journalistes, les professionnels des médias et personnels associés dans les situations de conflit armé et appelle toutes les parties à mettre fin à ces pratiques".
A Athènes, dans une conférence de presse commune au ministère des Affaires étrangères, en présence des syndicats de journalistes, le ministre Dora Bakoyannis, et l'ambassadeur de France en Grèce, Bruno Delaye, ont déclaré que la Grèce et la France travaillent de concert pour obtenir un vote du Conseil de sécurité de l'ONU sur la protection des journalistes qui travaillent dans les zones en guerre ou en crise.
Mme Bakoyannis, après être brièvement revenue sur les efforts pour soumettre ce thème aux autres pays, a déclaré que la Grèce, comme présidente du Conseil, avait bénéficié du soutien d'un membre permanent, pays ami et partenaire, la France, et que les autres pays ne les avaient pas découragés. Le ministre des Affaires étrangères a ensuite exprimé l'espoir que "le Conseil fera un pas décisif dans la bonne direction, afin de diffuser un message clair et substantiel".
De son côté, M. Delaye a insisté sur le lourd tribu payé par les professionnels de la presse et de l'information et rappelé que 65 journalistes ont été tués en 2005 et 75 en 2006, alors que pendant la même période, les medias ont perdu 130 membres de leur personnel rien qu'en Irak.
En même temps, à Paris, s'exprimant dans une conférence de presse en présence de l'ambassadeur de Grèce en France, Dimitris Paraskevopoulos, et de plusieurs journalistes, dont la journaliste de Libération, Florence Aubenas, qui dernièrement avait été retenue en otage en Irak, le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, faisait part de son optimisme sur l'adoption "à l'unanimité" par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution.
"Le temps est maintenant venu de compter les votes", a déclaré M. Douste-Blazy, soulignant la qualité de la coopération avec la Grèce en vue du dépôt du projet de résolution.
"Je me réjouis qu'un partenaire européen soit engagé avec nous dans cette action au service de l'une de nos libertés fondamentales", a-t-il dit, saluant M. Paraskevopoulos.
Le ministre français a souhaité que le texte, déposé début décembre par la France et la Grèce, soit voté "dans quelques heures ou quelques jours" et "à l'unanimité". "Je ne vois pas qui pourrait ne pas le voter", a-t-il ajouté.
Dans son intervention, M. Paraskevopoulos a évoqué le droit humanitaire international qui, a-t-il noté apporte certaines solutions dans les conflits de type "classique", mais qu'aujourd'hui, "la différenciation des conflits, en association avec la réalité du terrorisme international, rend impératif d'en améliorer l'efficacité".
M. Paraskevopoulos a souligné à ce point qu'il est urgent d'exhorter tous les pays non seulement à condamner, mais à sanctionner toute forme de violence contre les journalistes, rappelant que "tous les pays devront signer et ratifier le protocole additionnel I de la Convention de Genève".
"Nous estimons que ce projet de résolution, qui est présenté par deux Etats aux idéaux communs, tels que la liberté sous toutes ses formes et la démocratie, pourra, une fois adopté, contribuer tant à la défense de la liberté de la Presse dans le monde entier qu'à la protection des journalistes dans des cas de conflits armés", a conclu M. Paraskevopoulos.
i-GR/ANA-MPA