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Sous la crainte d’actions terroristes, la Grèce ménage le Hezbollah

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Par iNFO-GRECE,

Alors que les Etats-Unis et l’Union Européenne tentent une politique d’équidistance entre le droit à la défense d’Israël et la sensibilité du monde arabe, la Grèce cherche encore à ménager le Hezbollah s’estimant exposée à des éventuels actions terroristes. Pour le gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, a parlé « d’apothéose de l’absurde », tandis que la gauche, au nom de l’anti-américanisme et du droit des Palestiniens, elle a depuis longtemps pris parti pour les activistes arabes de la région, peu regardante de leurs méthodes d’action. Un officiel de l'Autorité palestinienne à Athènes attirait samedi l’attention sur les conséquences imprévisibles du conflit.


Mme Bakoyannis, a souligné que la Grèce coopère avec d'autres Etats de l'UE pour « sortir le plus rapidement de la crise » au Proche-Orient, et soutient d'autre part les efforts du SG de l'ONU, Kofi Annan, dans une interview à l’édition dominicale du quotidien athénien Eleftherotypia, où elle estime que « chaque jour qui passe, le cercle vicieux de la violence s'accentue et renforce tous ceux ambitionnant l'instabilité et la tension dans la région. »

Qualifiant la situation de « apothéose de l'absurde », Mme Bakoyannis appelle la communauté internationale à aider le gouvernement libanais et « à restaurer le plus rapidement possible la souveraineté sur l'ensemble de son territoire », préconisant de plus la libération de « tous les soldats prisonniers » et « le désarmement général de tous les groupes paramilitaires. »

Enfin à propos du rôle de la Grèce, le ministre a informé que le gouvernement « était prêt à jouer un rôle actif dans le redressement du pays (le Liban) », rappelant que la Grèce a été « parmi les premiers pays à répondre aux demandes du gouvernement libanais », alors que « du point de vue de l'aide humanitaire, elle a été parmi les premiers à arriver au port de Beyrouth. »

Le PASOK appelle à une conférence régionale sur le Proche-Orient

A un jour de la Conférence international de Rome sur la situation sur le Liban, l’appel du président du PASOK, Yorgos Papandreou, dans deux interviews de presse - dimanche dans Eleftherotypia et samedi dans Kosmos tou Ependiti / Le monde de l’investisseur, à une conférence régionale « devant impliquer et engager tous les intéressés » semblait un peu hors d’actualité tout autant qu’improbable, tellement les conditions sont loin d’être réunies, alors que le besoin d’un cessez-le-feu devient chaque jour plus urgent.

M. Papandreou juge très tiède et réservée la réaction de la communauté internationale, appelant Israël et les Etats-Unis à ne pas suivre une ligne d'actions extrémistes et militaristes, mettant en garde contre une escalade des réponses terroristes, ajoutant que « Israël ne peut vivre comme un îlot au milieu de populations ennemies (...) Un Etat palestinien va dans l'intérêt d'Israël. »

Dans ses deux interviews le leader socialiste ne manque pas de critiquer le gouvernement grec, qui a choisi « la voie du silence », un « rôle de simple observateur », son « absence totale », recommandant alors que le gouvernement « préserve l'image de la Grèce vis-à-vis des Arabes et des pacifistes israéliens, une image de puissance politique de paix et de prises d'initiatives. »

Le chef du principal parti de l'opposition déclare « Non à une généralisation de la crise, Non à la violence comme solution aux problèmes, Non à un nouvel Irak », ajoutant qu'en tant que président de l'Internationale Socialiste il continuera à prendre des initiatives pour le rétablissement de la paix dans la région.

La Gauche européenne essaie de se faire entendre à Athènes

Sur le thème de la mission au Liban de la délégation de la Gauche européenne prévue pour mardi 25 juillet, la coalition de la gauche radicale grecque, Synaspismos, organisait lundi 24 juillet une conférence de presse, en présence outre de son président Alekos Alavanos, de Stellios Pappas, membre du comite exécutif de la Gauche européenne, Panos Trigazis, membre du BP de Synaspismos, des députés allemand Wolfgang Gerke, du français Jean-Claude Lefort, de l’italien Alfio Nicotra, de l'eurodéputé portugais Miguel Portas et de l'Espagnole Maïté Mola, membre du comite exécutif de la Gauche européenne.

Par ailleurs, Synaspismos et le Forum social grec annoncent une manifestation mardi 25 juillet à Athènes à19h au départ du Parc Eleftherias.

Le Parti communiste demande "l'arrêt immédiat des opérations israéliennes"

Côté communistes, le Secrétaire général du KKE, Aleka Papariga, a rencontré lundi l'ambassadeur du Liban, William Habib, pour s'entretenir de la situation au Proche Orient, soulignant à l'issue de cet entretien « il n'y a qu'une seule solution, mettre un terme à l'attaque israélienne. Il n'y a pas d'autre issue, et le problème est que les alliés d'Israël l'utilisent (le Liban) comme un avant-poste aux dépens du peuple du Liban, de Palestine et en général des peuples du Moyen Orient. »

Mme Papariga a encore affirmé n'avoir aucune confiance en la Conférence de Rome, considérant que celle-ci sera utilisée comme moyen de pression au Liban et en Palestine, et aussi comme moyen de manifester de la sympathie et de la tolérance aux dirigeants d'Israël. Elle s'est en outre déclarée totalement opposée à la solution que visent à promouvoir les Etats Unis et Israël pour une présence de l'OTAN au Liban, ainsi que son opposition à ce que la Grèce participe à une telle force.

« Après 1990 les forces de paix dans la plupart des cas prennent la place de l'agresseur. Si il existait une force de paix qui puisse aider les peuples du Liban et de la Palestine, nous voudrions alors que la Grèce y participe », a-t-elle affirmé.

La crise au Proche-Orient aura des conséquences imprévisibles, selon un officiel de l'Autorité palestinienne à Athènes

Dans des déclarations lundi à l'ANA-MPA, l'attaché de l'ambassade de l'Autorité palestinienne à Athènes, Ismat Sabri, a estimé imprévisibles les conséquences de la crise au Proche-Orient, prévoyant que ce conflit aurait des « vainqueurs et des vaincus » et ne se confinerait pas à une solution de compromis.

M.Sabri, qui se trouvait à Thessalonique a la rencontre préparatoire du programme européen Media Terra, lequel s'inscrit dans le cadre de l'initiative communautaire Archimed et vise à sensibiliser l'opinion publique sur les catastrophes naturelles, s'est dit convaincu que « cette explosion aurait des répercussions sur les régions voisines », relevant encore que « même aujourd'hui après les prises de positions des pays arabes et des divergences de certains par rapport à l'ensemble - je parle de l'Arabie saoudite, la Jordanie et l'Egypte -, ce conflit ne satisfait pas la demande américaine et européenne de le limiter dans un certain cadre tel qu'ils le souhaitent. »

« Israël », a encore observé M. Sabri, « est entré dans une nouvelle politique et affronte une nouvelle conjoncture. Le Liban de 1982 n'est pas celui de 2006. Le Hezbollah n'est pas le Hezbollah de 2000 et le peuple libanais se regroupe de plus en plus derrière le Hezbollah, indépendamment de convictions politiques, à l'exception de certains dirigeants des Druzes. Ce qui est important c'est qu'il a la sympathie et le soutien de tout le monde arabe et musulman. »

i-GR/ANA-MPA

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