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L'ex-président de la DEH M. Palaiocrassas s'explique sur sa démission

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Par iNFO-GRECE,

L'ex-président de l'Electricité de Grèce (DEH), Ioannis Palaiocrassas, qui a démissionné de son poste vendredi dernier après avoir dénoncé la corruption qui selon lui mine l'entreprise publique, a donné lundi une conférence de presse dans laquelle il a expliqué les raisons de son départ, mettant directement en cause le ministre du Développement, M. Sioufas.


M. Palaiocrassas a engagé la responsabilité du ministre du Développement, Dimitris Sioufas, pour avoir conservé MM. Nezis et Mizan dans la direction de DEH, ces dirigeants étant impliqués d'après lui dans les affaires pour lesquelles il a lui-même saisi la justice.

M. Palaiocrassas a en effet dénoncé avoir détecté des phénomènes de corruption dans les services de la DEH et, en particulier, à la Direction générale de la production, parlant d'appels d'offres truqués qui aboutissent à ce que deux ou même une seule entreprise demeurent en lice au dernier stade de la procédure.

L'ex-président a également donné des détails quant à l'attribution des marchés de travaux de la DEH à partir de l'an 2000, répliquant aux allégations de l'existence d'un "fournisseur national" qu'il aurait privilégié. Selon ces éléments, l'entreprise METKA a obtenu des travaux d'un montant de 520 millions d'euros, suivi par Athina SA pour 196 millions d'euros, AEGEK SA pour 102 millions d'euros et Damco Energy à hauteur de 4,3 millions d'euros.

M. Palaiocrassas a fait ensuite référence analytiquement aux 7 affaires dont il a saisi la justice en février dernier, et a critiqué le conseil d'administration de la DEH de ne pas avoir tenu compte de ses remarques pour changer le mode de passation des travaux et des marchés de fourniture de la DEH.

M. Palaiocrassas a clarifié que le Premier minsitre, Costas Caramanlis, n'a pas trahi ses espoirs, comme il ne l'a pas trompé, tranchant que "ce sont d'autres qui l'ont poussé à décider de son éviction", et laissant comprendre qu'il s'agissait notamment de l'actuel ministre du Développement M. Sioufas.

M. Palaiocrassas s'est dit par ailleurs convaincu que sa démission contribuera à la lutte contre la corruption, et assuré qu'il a lutté lui-même contre ce phénomène qui a transformé le pays en une vingtaine d'années en "lanterne rouge de l'Europe". "La corruption existe, nous y sommes confrontés à chacun de nos pas", a-t-il ajouté.

Quant au style de sa lettre de démission, M. Palaiocrassas a déclaré avoir été très étonné des commentaires à ce sujet, et rappelé avoir utilisé le tutoiement envers M. Caramanlis du fait de la longue amitié qui les unit et de leur différence d'âge, et insisté qu'il ne s'agit nullement d'un manque de respect en la personne du Premier ministre.

Le directeur général de DEH, M. Maniatakis, a renvoyé vers une décision du Conseil d'Administration de l'entreprise selon laquelle il n'y a pas eu de dommage définitif pour DEH par les cas de corruption pour lesquels M. Palaiocrassas a saisi la justice. M. Maniatakis a précisé à l'occasion que le nombre d'avocats-conseils que l'entreprise rémunère sur une base régulière pour ses affaires auprès de l'Union européenne n'est pas de 100 comme l'annonçais M. Palaiocrassas, mais seulement de… 54.

Sioufas se réfugie derrière les lenteurs de la justice

Le ministre du Developpement, Dimitris Sioufas, a réagi lundi après-midi aux propos de l'ex-président de l'Electricité de Grèce (DEH), Ioannis Palaiocrassas, en répondant point par point aux déclarations de ce dernier, sans toutefois apporter des nouveaux élements.

Sur le maintien en fonction du directeur-conseil de la DEH, Stergios Nezis, après les Jeux olympiques, M. Sioufas a déclaré que son remplacement devait avoir lieu par le gouvernement au moment le plus opportun pour l'entreprise et en accord avec M. Palaiocrassas et le ministre de l'Economie et des Finances, Georges Alogoskoufis.

Quant aux 7 affaires dont la justice est saisie, M. Sioufas a déclaré qu'aucun élément nouveau n'est apparu, que la justice suit son cours et qu'il attendra son verdict.

Enfin, en ce qui concerne les remarques de M. Palaiocrassas selon lesquelles les augmentations de tarifs de la DEH acceptés par le ministère ne couvrent pas les coûts de production, entraînant ainsi une aggravation de ses résultats financiers en 2005, M. Sioufas a déclaré que son ministère prend en compte les intérêts des actionnaires de la DEH, mais aussi ceux des consommateurs, des ménages et des entreprises.

Toutefois, le ministre de l'Economie et des Finances, M. Alogoskoufis, en déplacement à Bruxelles, a fait savoir que son principal souci en tant qu'actionnaire de l'entreprise publique était la diminution de la capitalisation de DEH, le cours boursier de DEH ayant fortement baissé depuis l'été.

L'ancien Premier ministre et président honnoraire de Nea Dimokratia, le parti gouvernemental, M. Mitsotakis, à la sortie d'un entretien avec le Premier ministre, a dit que "M. Palaiocrassas a raison sur certains points, mais qu'il fait plus qu'il n'en faut".

Du côté de l'opposition, le PASOK a réagi par la voix de son porte-parole, Nicos Athanassakis, en affirmant que "le Premier ministre, Costas Caramanlis, est avisé, partie prenante et co-responsable pour tout ce qui se discute aujourd'hui et, si j'utilise les termes mêmes de M. Palaiocrassas, pour le compromis avec la corruption".

Le Parti communiste de Grèce (KKE) a mentionné dans son communiqué que "la conférence de presse de Ioannis Palaiocrassas a montré une fois de plus la visage anti-populaire de la libération du secteur de l'énergie, engagée par les gouvernements de la ND et du PASOK, conformément aux directives de l'UE et de la ploutocratie".

Quant à Synaspismos, le secrétaire du Comité politique central, Nikos Hountis, a déclaré que la lettre de démission et la conférence de presse de M. Palaiocrassas, posent des questions politiques majeures pour le gouvernement et obligent à s'interroger sur les phénomènes de corruption à la DEH et, plus généralement, dans le domaine des entreprises d'utilité publique.

i-GR/ANA

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