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Caramanlis expose la politique étrangère de la Grèce devant le Parlement

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Par iNFO-GRECE,

A une semaine de son deuxième voyage en un an aux Etats-Unis où il doit s'entretenir avec le Président américain Georges W. Bush, le Premier ministre grec, Costas Caramanlis, a exposé les principaux points de la politique étrangère de la Grèce, lors d'un débat extraordinaire au Parlement hellénique, vendredi dernier. Bien qu'habituellement il y a peu de divergences sur le fond, l'opposition n'a pas ménagé ses critiques, faisant de la politique étrangère un enjeu de la politique intérieure. Il est vrai que les Grecs ne sont pas insensibles à la qualité des relations avec les pays voisins qui constituent le principal des soucis de la politique étrangère grecque.


M. Caramanlis doit rencontrer Georges W. Bush vendredi de cette semaine pour un entretien qui devrait durer moins d'une heure au cours duquel le Premier ministre grec devra convaincre le Président américain de soutenir les thèses grecques sur les trois épineux sujets de la politique étrangère grecque : les relations avec la Turquie, la question chypriote et le différant sur le nom de l'ancienne République yougoslave de Macédoine. La question du futur statut de Kosovo devrait être également abordée. Des sources proches des milieux diplomatiques grecques estiment que M. Caramanlis pourrait faire valoir un plus grand engagement de la Grèce à faciliter l'acheminement de l'aide militaire en Irak et rappeler que les Etats-Unis restent le principal fournisseur de l'armée grecque. Toutefois, le Président américain a hâte d'en finir, coûte que coûte, avec la question du nom de Macédoine, question dont il peine à comprendre les fondements, de même qu'avec le problème chypriote, ces quelques kilomètres carrés qui "parasitent" ses relations avec la Turquie. D'autre part, Georges Bush devrait se garder quelques munitions pour recevoir le Premier ministre turc, M. Erdogan, dont la visite à Washington est prévue en juin.

C'est dans un tel contexte que le Premier ministre grec a ébauché, vendredi dernier, les succès de sa politique étrangère devant les parlementaires du pays, en soulignant que la Grèce reste au sein du noyau dur de l'UE, un choix dont il s'est déclaré très fier en tant que président de la ND (Nea Dimokratia, parti conservateur au gouvernement), et réussit parallèlement à revaloriser ses relations avec les Etats-Unis - "j'effectue dans quelques jours ma deuxième visite aux Etats-Unis - nous coopérons pour des intérêts communs en faisant preuve d'un respect mutuel", a-t-il dit s'adressant aux députés lors d'un .

"L'objectif permanent du gouvernement est d'assurer une synthèse durable des points de vues, la cohésion et l'unité des citoyens grecs", a affirmé M. Caramanlis, ajoutant que "pour le gouvernement, les questions nationales sont placées bien au-dessus des partis et des gouvernements".

M. Caramanlis, qui a prononcé ce discours vendredi dans le cadre d'un débat extraordinaire au Parlement sur la politique étrangère, a évoqué le resserrement des relations entre la Grèce et la Russie, ainsi qu'avec les pays de la mer Noire, "dont les résultats sont apparus avec la signature de l'accord pour la construction de l'oléoduc Bourgas-Alexandroupolis". "Nous avons exercé la présidence la plus dynamique de l'Organisation de Coopération économique de la mer Noire (CEMN), organisant des forums d'affaires, une conférence interparlementaire et six réunions ministérielles", a-t-il ajouté.

Au chapitre de l'Europe du Sud-Est, M. Caramanlis a insisté sur le fait que le gouvernement a donné un nouvel essor au plan de la reconstruction économique des Balkans, en inaugurant les premiers travaux en Albanie et le premier grand ouvrage en Bosnie. "Les exportations grecques vers les Balkans ont augmenté de 18% en 2004, alors que la Grèce est déjà la première force d'investissements en Bulgarie, FYROM et en Albanie", a relevé M. Caramanlis, ajoutant que "dans le cadre de la mise en place d'une communauté énergétique dans l'Europe du Sud-Est, nous ambitionnons de promouvoir l'acheminement du gaz naturel en Grèce via la Turquie, et nous espérons inaugurer en juin le lancement des travaux de construction du gazoduc en compagnie du premier ministre turc".

Concernant les relations entre la Grèce et la FYROM, le Premier ministre a rappelé que "nous avons d'emblée fait savoir que la proposition soumise par Matthew Nimetz ne satisfait pas pleinement nos positions, mais que nous serions disposés a entamer un cycle final de concertations", soulignant à ce sujet que "pour la première fois depuis de longues années, les regards de la communauté internationale sont tournés vers Skopje".

Abordant les relations greco-turques, M. Caramanlis a souligné que le règlement de la question chypriote est la condition indispensable à leur amélioration, ajoutant que la "Grèce soutient l'orientation européenne de la Turquie, qui dépend toutefois de son attitude et de la matérialisation des décisions du Sommet de décembre de 2004, lesquelles prévoient entre autres le règlement des problèmes de la minorité grecque d'Imvros et de Tenedos, la nécessité pour la Turquie de normaliser ses relations avec tous les Etats-membres de l'UE et de contribuer au règlement de la question chypriote, en harmonie, non seulement avec le cadre de l'ONU, mais aussi avec les principes de l'UE".

Développant ainsi sur la question chypriote, M. Caramanlis a dit "encourager la reprise des concertations entre les deux communautés sous l'égide de l'ONU, sans arbitrage, mais aussi sans délais asphyxiants pouvant engendrer de nouvelles impasses. Nous estimons qu'une préparation attentive est nécessaire, tant en ce qui concerne la procédure que l'essence des concertations, de sorte à garantir les meilleures conditions pour l'obtention d'un accord entre les deux parties, lequel fera par la suite l'objet de deux referendums séparés".

Enfin, en ce qui concerne le Patriarcat de Jérusalem, M. Caramanlis a fait part de "sa profonde peine", tout en insistant sur "la nécessite de rétablir l'ordre, l'harmonie et la solidarité (...) Notre priorité majeure est de garantir le caractère grec-orthodoxe et le statu quo en vigueur au Patriarcat, de même que l'unité de ses fidèles grecs et arabes".

Le PASOK "inquiet" quant à une possible montée prochaine de la tension entre la Grèce et la Turquie

papandreou

Le président du PASOK (parti socialiste), Georges Papandreou, a exprimé son inquiétude au sujet d'une "prochaine montée possible de la tension entre la Grèce et la Turquie, laquelle aurait pu être évitée". "Nous verrons peut-être l'apparition de navires de recherche océanographiques comme le Piri Reis ou le Hora en Eger, à l'extérieur des frontières turques", a insisté M. Papandreou, critiquant vivement l'ensemble de l'oeuvre gouvernementale et en invitant le Premier ministre, "qui comme [lui] partage la tradition de porter un grand nom", de se mesurer avec courage à l'histoire.

Evoquant les "erreurs" de la politique étrangère gouvernementale, M. Papandreou a parlé d'un état de "confusion" dans la question concernant la réduction des armements avec la Turquie, d'une "mobilisation intense de M. Erdogan au plan international au contraire de M. Caramanlis", ainsi que du "soutien inconditionnel" accordé a la candidature turque à l'UE et plus particulièrement du "renversement" du cadre d'Helsinki qui établissait un calendrier pour un recours en commun à la Cour international de Justice de La Haye.

Au sujet de la question chypriote, M. Papandreou a réitéré que "nous aurions pu avoir eu une meilleure position dans les négociations, si M. Caramanlis avait négocié à Lucerne", tout en soulignant parallèlement que les Chypriotes grecs ont pu se sentir libres de la responsabilité de ce qu'ils devaient voter, "non pas parce que le gouvernement de la ND les a laissés voter selon leur conscience, mais parce que le précédent gouvernement du PASOK avait garanti l'adhésion sans problème de Chypre à l'UE, sans l'exigence d'un règlement préalable du problème de Chypre".

S'agissant de la FYROM, M. Papandreou a rappelé qu'alors que les concertations ont débuté pour empêcher l'emploi de l'appellation "Macédoine" par le pays voisin, "nous en sommes venus à présent à discuter si la Grèce a le droit d'utiliser ce nom selon la dernière proposition Nimetz (envoyé spécial du Secrétaire Général de l'ONU pour la question du nom de la FYROM)".

Le KKE radicalement opposé à une stratégie "alignée sur les choix des Etats-Unis, de l'OTAN et de l'UE"

"Nous ne mettons nullement en doute l'existence d'une stratégie unique, commune et intangible dans la politique étrangère", a déclaré le secrétaire général du KKE (parti communiste), Aleka Papariga, dans son intervention au Parlement, pour mieux souligner l'opposition radicale de son parti à cette stratégie "intégralement alignée sur les choix des Etats-Unis, de l'OTAN et de l'UE". "Le KKE veut une Grèce "a contre-courant", qui ne soit pas alignée sur le nouvel ordre impérialiste et ses conséquences", a dit Mme Papariga, qui a soutenu, a propos des relations greco-turques, que les relations de bon voisinage ne peuvent être garanties par des concessions dans les droits souverains (grecs), alors qu'a propos des Balkans elle a mis en avant le principe absolu et inaliénable du respect et de la garantie des frontières.

Synaspismos accuse le gouvernement d'exercer "une diplomatie secrète" dans les questions greco-turques

Le président du parti de Synaspismos (coalition de la gauche radicale), Alecos Alavanos, a accusé le gouvernement d'"exercer une diplomatie secrète dans les questions greco-turques" et déploré un manque d'information à ce sujet. Répondant lors du débat extraordinaire du Parlement sur la politique étrangère, M. Alavanos a soutenu qu'en dépit de la récente nouvelle crise à Imia et les propositions Nimetz sur l'appellation de la FYROM, le Conseil des chefs des partis (sous la présidence du président de la République) n'est pas convoqué. M. Alavanos a dit déplorer que le gouvernement n'a pas remis aux partis politiques la lettre complète de M. Nimetz.

Enfin, M. Alavanos, faisant notamment allusion à la situation au Moyen Orient, a souligné l'absence de toute prise de position de la part des présidents de la ND et du PASOK sur la situation internationale, "à l'heure où la Grèce est membre du Conseil de sécurité de l'ONU".

i-GR/ANA

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