A l'approche des échéances cruciales pour le règlement du problème de Kosovo dont le statu définitif devra être fixé dans le courant de l'année, le président de Serbie-Montenegro, Boris Tadic, actuellement en Grèce à l'occasion d'un congrès économique, s'est déclaré résolument opposé à la création d'un Etat indépendant. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Petros Molyviatis, après son entretien avec M. Tadic s'est déclaré convaincu que la Grèce jouera un rôle constructif et important - en sa qualité de membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU - dans les Balkans.
M. Molyviatis, qui a déclaré avoir eu un entretien chaleureux et amical avec M. Tadic, qui a permis d'étudier la situation dans la région, a également mis l'accent sur la nécessité de renforcer l'orientation européenne de la Serbie, "ce qui permettra de garantir la sécurité et la stabilité". M. Molyviatis a encore relevé que le règlement de la question du Kosovo devra se fonder sur les valeurs et principes européens, indiquant que c'est justement dans cette optique que s'est déroulé son entretien lundi avec l'envoyé spécial du SG de l'ONU pour le Kosovo, Soren Jessen-Petersen.
Le chef de la diplomatie grecque a en outre souligné que la Grèce croit en la nécessité de soutenir le dialogue entre Pristina et Belgrade, afin de mettre en place un environnement de sécurité pour le retour des réfugiés et la restitution des propriétés des monastères.
M. Tadic a observé, de son côté, que le problème du Kosovo ne concerne pas uniquement la Serbie, mais constitue un problème régional et européen, soulignant en outre que la Grèce a un rôle particulier dans les Balkans, en tant que membre de l'UE et de membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, mais aussi comme Etat qui a pleinement conscience [de la nature] du problème. Le Président de Serbie-Montenegro a rappelé à cette occasion que des représentants de la communauté serbe et de la communauté albanaise devront participer au statut qui sera établi.
Un vœux illusoire, alors qu'après l'épuration des habitants Serbes de la région, les Albanais désormais maîtres de l'ancienne province serbe ne veulent pas entendre parler d'une quelconque souveraineté serbe sur le futur statu de Kosovo, encouragés en cela par le lobby pro-albanais qui s'est constitué durant la guerre du Kosovo. Dans une tribune publiée sou le titre "Pour un Kosovo libre" dans le quotidien français Le Monde début février (numéro daté du 05/02/2005), l'ancien commandant en chef des forces de l'OTAN durant la campagne du Kosovo en 1999 et aujourd'hui membre de l'International Crisis Group, Wesley Clark, appelait ouvertement pour la création d'un Etat indépendant en fixant les conditions préalables des discussions pour le futur Kosovo : pas de rattachement à Belgrade, pas de partition du territoire, pas d'union future avec l'Albanie ni aucun autre territoire voisin. Autrement dit, le seul point restant à discuter était le sort que subirait la minorité serbe du Kosovo, qui, selon M. Klark, dépendrait devrait être liée à l'attitude conciliatrice ou non de Belgrade.
En réponse à des questions de la presse, M. Tadic a jugé inacceptable la situation actuelle au Kosovo et s'est déclaré catégoriquement oppose à l'indépendance de cette province serbe, soulignant que "de toute façon, le Kosovo n'a pas la possibilité économique de devenir un Etat indépendant, et son indépendance viendrait encore augmenter le nombre déjà important de réfugiés, ce qui serait catastrophique pour l'économie serbe et une menace pour ses institutions".
L'envoyé spécial du Secrétaire Général de l'ONU pour le Kosovo, Soren Jessen-Petersen, était également en visite à Athènes où il s'est entretenu lundi de l'évolution et des perspectives de la région avec M. Molyviatis et avec le chef de l'opposition, le président du PASOK Giorgos Papandreou.
M. Molyviatis a fait part à M. Jessen-Petersen du vif intérêt de la Grèce sur l'avenir du Kosovo. Le ministre des Affaires étrangères grec, a indiqué que la Grèce continuera a oeuvrer pour la paix et la stabilité dans cette région, ainsi que pour son intégration dans les structures européennes.
De son côté, M. Jessen-Petersen a déclaré tenir compte de la contribution de la Grèce dans le dossier du Kosovo, de sorte que le sujet figure à l'agenda de l'UE.
M. Jessen-Petersen a insisté que "2005 sera une année particulièrement intéressante pour le règlement du statut du Kosovo" et ajouté, tout en mettant l'accent sur l'importance de l'aménagement de conditions de vie optimales pour les minorités de la région, que "tout le monde doit participer au dialogue, les serbes du Kosovo comme ceux de Belgrade".
L'envoyé spécial pour le Kosovo a enfin exprimé l'espoir que le règlement de la question du Kosovo soit possible au 2e semestre 2005.