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Chypre pourrait exercer son droit de veto sur l'adhésion de la Turquie. Les 25 européens esquivent les questions gênantes au sommet de Bruxelles.

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Par iNFO-GRECE,

Comme il était attendu le sommet européen des chefs d'Etat des 25 pays-membres de l'Union Européenne n'a traité aucun des thèmes qui pourraient gêner la nécessaire unité de façade à afficher. A part l'enregistrement d'un besoin de promouvoir l'idée européenne auprès du public et de mieux expliquer l'œuvre de l'Union Européenne, les conclusions officielles du sommet traitent essentiellement de la politique "étrangère", sans la moindre allusion aux affaires "intérieures", comme la conduite actuelle de la Turquie dans la région ou le malaise grec après la reconnaissance unilatérale du nom constitutionnel du FYROM par les Etats-Unis.


Outre les félicitations d'usage à la réélection du Président américain, le Conseil européen a passé en revue les "grands dossiers" qui font l'actualité diplomatique du moment : la situation en Irak, le problème palestinien, la conduite face au programme nucléaire de l'Iran, la situation dans le Soudan et les élections truquées en Ukraine, mais motus sur la nouvelle situation dans le sud des Balkans après la reconnaissance unilatérale du nom constitutionnel de "Macédoine" pour l'ancienne république yougoslave du même nom par les Etats-Unis et silence diplomatique sur le processus d'adhésion de la Turquie.

Mais si ces sujets ne sont pas mentionnés dans les conclusions officielles, ils n'étaient pas pour autant absents des coulisses. Ainsi le ministre des Affaires étrangères de la Turquie, Abdullah Gül, est arrivé à Bruxelles jeudi soir et répétait à qui voulait l'entendre que la Turquie remplit tous les critères pour commencer les négociations d'adhésion dès le 17 décembre prochain, date du prochain sommet. Pour M. Gül, c'est à l'Union Européenne de tenir maintenant ses promesses. M. Gül a rencontré entre autres le Commissaire européen à l'Elargissement, Günter Verheugen. Le ministre turc des Affaires étrangères avait pris soin d'annoncer avant son départ que la Turquie n'entendait pas reconnaître la République de Chypre, si l'Etat autoproclamé du Nord de Chypre issu de l'invasion de l'île par l'armée turque en 1794 n'était pas reconnu auparavant par les instances internationales.

Le Président chypriote, Tassos Papadopoulos, qui participait lui de droit au sommet des chefs des pays-membres de l'Union Européenne, interrogé sur l'attitude de Chypre au Conseil européen du 17 décembre devant traiter de l'ouverture des négociations sur l'adhésion de la Turquie à l'UE il a répondu que "Chypre définira sa position en fonction de données et des évolutions du moment", tout en rappelant que sur le principe Chypre soutien depuis longtemps la perspective européenne de la Turquie et l'ouverture des négociations en vue de son adhésion. M. Papadopoulos a toutefois ajouté que la position de Chypre est indissociable de la conformation de la Turquie quant à ses obligations envers Chypre, parmi lesquelles la reconnaissance de la République de Chypre que la Turquie continue de nier. Comme exemple d'"actions hostiles répétées et continues envers Chypre", M. Papadopoulos a cité le récent veto opposé par la Turquie à la participation de Chypre dans l'organisme Missile Technology Control Regime (MTCR). "Sans raison et sans cause, et auprès d'un organisme qui n'est pas directement concerné par la question chypriote", a expliqué le Président chypriote.

Les négociations pour l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne devront pouvoir s'interrompre à tout instant si Ankara quitte la route des reformes, a déclaré aussi de son côté le Premier Ministre du Luxembourg Jean-Claude Junker, qui exercera la fonction de Président du Conseil européen à partir de janvier prochain. Parmi les cas de rupture, M. Junker a cité l'absence de respect pour les droits de l'homme et l'influence excessive de l'armée sur le pouvoir politique.

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