Aller au contenu principal

Chypre rejette le Plan Annan, la Turquie montre ses muscles

Profile picture for user iNFO-GRECE
Par iNFO-GRECE,

Après deux nuits de négociations dans une atmosphère très lourde malgré les paysages enneigés de Bürgenstock où avaient lieu les pourparlers "de la dernière chance" sur l'avenir de Chypre, le porte-parole du gouvernement chypriote, Kyprios Chrysostomidis a déclaré mercredi que les changements techniques apportés au plan de résolution de la question chypriote par le Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, ne satisfont pas la partie chypriote-grecque. Pour des raisons diamétralement opposées, le leader chyproturc Raouf Denktash faisait savoir qu'il n'acceptait pas non plus le plan et traitait dans la foulée le commissaire européen à l'Elargissement de… nazi !


Sans rapport [pour qui ne veut pas le voir], sept formations de l'aviation turque ont survolé dans la journée du mercredi le ciel grec au nord de la mer Egée, violant autant de fois les règles de circulation du FIR d'Athènes et dans trois cas, l'espace aérien national grec.

Soumis à un calendrier très serré, les participants chypriotes, grecs et turcs aux concertations de Bürgenstock, Suisse, n'ont donc pas réussi à s'entendre sur le plan du Secrétaire Général de l'ONU pour un règlement de la question chypriote avant le 1er mai, date d'entrée de l'île dans l'Union Européenne.

M. Annan avait informé plus tôt dans la journée le président chypriote, Tassos Papadopoulos, des changements qu'il compte apporter dans son plan de règlement. "Le président Papadopoulos a estimé que celles-ci ne sont pas satisfaisantes et s'est entretenu avec M. Annan des positions soumises par la partie chypriote-grecque et qui n'ont pas été adoptées, explicitant les raisons pour lesquelles ces positions devaient être prises en compte", a dit M. Chrysostomidis, porte-parole du gouvernement chypriote.

Dans son point de presse mercredi en début d'après-midi, le porte-parole du gouvernement grec et ministre d'Etat, Theodore Roussopoulos, avait indiqué que le ministre des Affaires étrangères, Petros Molyviatis, avait fait le point sur la situation avec le président de la République hellénique, Costis Stephanopoulos, les chefs des partis politiques, et les anciens premiers ministres, MM. Simitis et Mitsotakis.

Selon des sources bien informées, M. Molyviatis a pu constater lors de ces entretiens téléphoniques avec la classe politique grecque "un climat d'entente". M. Roussopoulos a indiqué que M. Moliviatis comptait avoir des contacts continus pour informer des derniers développements.

Toutefois, les pressions sur le gouvernement grec restent fortes depuis mercredi matin, avec en particulier un appel téléphonique du secrétaire d'Etat au Foreign Office, Jack Straw, à M. Molyviatis. Comme l'a indiqué M. Roussopoulos, le ministre britannique a exprimé "son intérêt pour la recherche d'un accord sur un règlement", et pour la même raison, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, reprenait contact dans la matinée avec le chef de la diplomatie grecque.

A 10h15 heure locale, le Premier ministre, Costas Karamanlis, avait rencontré pendant 35 minutes le SG de l'ONU, Kofi Annan, la partie grecque exprimant une nouvelle fois, son désir qu'il y ait des améliorations au plan final, principalement en matière de sécurité et d'acquis communautaire afin de multiplier les chances que soit trouvée une solution.

Des sources diplomatiques grecques, toutefois, estimaient encore que "les marges sont étroites mais qu'on peut toujours espérer jusqu'au dernier moment".

Côté chyproturc, le leader Raouf Denktash a annoncé que dans la dernière révision du plan Annan les aspects négatifs pour sa communauté n'étaient pas assez estompés. S'exprimant au sujet du commissaire européen à l'élargissement Günter Verheugen, lequel représentait l'Union Européenne aux pourparlers, M. Denktash a dit que "le commissaire européen exerce des pressions de la part des Chypriotes-grecs. Il menace la partie turque en disant qu'elle est injuste avec la partie grecque. Il essaie d'obtenir ce qu'il veut de notre peuple criant comme un officier nazi" !

La position officielle de la Turquie devrait être fixée demain jeudi à l'issue du Conseil de la Sécurité Nationale, une instance dominée par les militaires turcs.

Conversation tendue entre Papandreou et Alvaro de Soto

Dans un long entretien téléphonique mardi soir avec l'envoyé spécial de l'ONU pour Chypre, Alvaro de Soto, le chef du principal parti de l'opposition grecque et ministre des Affaires étrangères du dernier gouvernement socialiste, Georges Papandreou, a fait savoir que si éventuellement il n'y avait pas de changement, l'ONU aurait à considérer comme un fait acquis une réponse négative et toute la procédure comme conduisant à un échec total. M. Papandreou a expliqué que "sans changements substantiels, le plan Annan n'est pas acceptable par les parties grecochypriote et grecque".

Selon les proches collaborateurs de M. Papandreou, cette conversation de 30 minutes a été difficile voire même, pourrait-on dire, conflictuelle, M. Papandreou d'autre part faisant état des responsabilités de l'ONU et du SG et du fait que sont mis en péril, selon lui, le prestige et la crédibilité de l'organisme international en ce qui concerne les conflits régionaux.

Par ailleurs, l'ancien ministre des Affaires étrangères s'est entretenu avec le président chypriote, Tassos Papadopoulos, lequel l'a informé des observations remises au SG de l'ONU.

Parti communiste grec : "tous les plans Annan expriment la même philosophie négative"

Le KKE (parti communiste) a rappelé ses dénonciations antérieures de tous les plans pour Chypre présentés par le SG de l'ONU, et comme l'a précisé mercredi le SG du CC du KKE, Aleka Papariga, dans des commentaires sur les développements des négociations qui ont lieu en Suisse, "tous les plans Annan expriment la même philosophie négative du plan original. Nous avons pour notre part exprime un et seul souhait ; que nous soyons démenti en ce qui concerne les développements négatifs dans la question chypriote".

Synaspismos dénonce les pressions de dernière minute exercées sur le gouvernement chypriote

Le président de la Coalition de la gauche radicale (Synaspismos), Nicos Constantopoulos, a caractérisé mercredi - quelques heures avant la remise attendue du plan final de l'ONU pour Chypre - "provocantes et absurdes" les pressions exercées sur le gouvernement chypriote. M. Constantopoulos a réclamé la mise en application des principes du droit international et le respect des critères européens.

Soyez le premier à noter cet article