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La boussole de l'EOT déréglée

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Par iNFO-GRECE,

On apprend dans le dernier bulletin de l'EOT (l'Office hellénique du Tourisme) ''Evolution du flux touristique 2003'', qui devrait être distribué au cours du Salon du Tourisme ''Filoxenia 2003'' à Thessalonique (du 30/10 au 2/11), que la réduction du flux des touristes en Grèce devrait, cette année, fluctuer de 2% à 3%. Les responsables de la politique touristique de la Grèce persistent ainsi à minimiser une baisse que les professionnels locaux qualifient de "catastrophique", un an avant les Jeux Olympiques d'Athènes.


Avec des estimations basées sur des recherches et données fournies par les tours opérateurs sur les marchés du tourisme grec, reprises par les rapports des bureaux de l'EOT à l'étranger, l'Office grec du tourisme cherche à démentir ainsi les prévisions pessimistes des hôteliers et agences touristiques en Grèce. En pleine restructuration et en voie de privatisation l'EOT tend ainsi à dresser un bilan agréable à sa politique, quitte à se déconsidérer auprès de ceux dont il est censé servir les intérêts, c'est à dire les professionnels locaux !

A noter que par "touristes", l'EOT entend l'arrivée des ressortissants étrangers aux frontières, qui sont loin d'être tous des touristes au sens plein du terme. C'est ainsi que dans les statistiques de l'année dernière, grâce aux 1,2 millions de "touristes" albanais, et de près d'un demi-million d'autres travailleurs immigrés balkaniques, le tourisme officiel s'était affiché en hausse de 1,6% masquant des baisses de l'ordre de 5% à 15% dans les pays du Nord-Ouest européen, pourvoyeurs traditionnels de touristes en Grèce.

Ecartelé entre une politique d'ouverture vers les pays de l'Est dictée par le gouvernement et le désir de profiter du pouvoir d'achat des touristes de l'Ouest, l'EOT vient d'entreprendre une campagne promotionnelle sur la Grèce en Russie qui a démarré jeudi avec la parution d'un complément en couleurs dans le quotidien russe ''Izvestia'' à l'occasion du Salon du tourisme de Moscou. Une campagne lancée sur le marché russe sous le titre "La Grèce dispose de tout" !

"La Grèce dispose de tout" est bien la marque de la difficulté de nos responsables d'opérer des choix et d'établir des priorités. Cet été, ils ont dénoncé avec vigueur le tourisme "pas cher" des tours opérateurs britanniques qui déversaient sur le Dodécanèse des charters de jeunes davantage intéressés par les canettes de bière et les night-clubbing que par les visites des monuments historiques ou les plages organisées des complexes 5*.

Si l'ouverture vers les marchés des pays de l'Est et les autres économies émergeantes n'est pas à mettre en cause, on doute fort que le pouvoir d'achat du touriste ordinaire russe soit plus élevé que celui de l'européen moyen. Mais, étant donné l'étendue des territoires et des populations concernées et puisque tout le monde y va, mieux vaut y être aussi que de ne pas y être. A moins que l'on ne lorgne sur ces étranges magnats aux revenus mystérieux qui ont fait la fortune de Monaco et de la Côte d'Azur ces dernières années. Mais dans un cas comme dans l'autre, on aura mis du temps à se réveiller et on arrive trop tard. N'est-ce pas qu'on dit, le monde appartient à ceux qui lèvent tôt ? Bien sûr, on peut toujours chercher à rattraper le temps perdu, mais on y arrive rarement en ne suivant que les idées des autres.

Et, puisqu'il est question de réveil, la transition est toute trouvée pour vous parler de l'assoupissement général provoqué récemment par la lecture d'un rapport de l'EOT devant un Congrès de journalistes Grecs de l'étranger, auquel j'assistais. Pour éviter de sombrer dans un profond sommeil, j'ai dû interrompre l'intervenant pour lui rappeler que malgré l'intérêt que présentait sa lecture, il se trouvait dans un congrès de journalisme et pas dans un séminaire sur le tourisme, et le priais-je donc de synthétiser. Perturbé, le malheureux, il a eu du mal à retrouver le paragraphe où je l'avais interrompu, au… grand soulagement de l'auditoire. Visiblement les responsables de l'EOT, s'épargnant l'effort de réflexion pour une présentation propre à chaque public, ils trimballent leurs rapports dont ils égrènent les pages, de la première à la dernière, de congrès en séminaire. Hors des lignes du rapport, point de salut.

De quoi il était question ? Passons sur les séries de chiffres indigestes et difficilement… déchiffrables ; il restait la politique, résumée en trois mots: nous savons ce que nous faisons ! En corollaire, avec une telle assurance, inutile de suivre les recommandations des professionnels de la communication des pays scandinaves (le rapport concernait la politique touristique dans le Nord de l'Europe) qui demandaient un peu plus de précision dans les messages de nos génies. Deuxième corollaire, les journalistes grecs de l'étranger devraient être les ambassadeurs de cette politique vantant les charmes de leur patrie aux quatre coins du monde. Bénévoles, cela va de soi ! Surtout que les dizaines de personnes employées dans les représentations officielles dans les différentes capitales sont occupées à distribuer des prospectus (lorsqu'ils existent).

Non, la Grèce veut de tout : et le tourisme de masse et le tourisme d'élit, et la culture et la baignade, et le campeur et la haute société. Pourquoi pas ? dans le pays de Zeus Xenios, l'hospitalité ne doit-elle pas être accordée sans distinctions ? Le problème est que quand Zeus fait sa promo, le message se brouille sans l'habilité d'un Hermès. Sûr, qu'habitués à la salade qui porte leur nom, les Russes nouvelle cible du tourisme grec vont apprécier le mélange des genres.

AE

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