Le président du Parlement chypriote, Dimitris Christofias, dans une interview exclusive à l'Agence athénienne de Presse, a passé en revue les différents paramètres qui guident les changements souhaités par la partie grecque dans le plan Annan pour la réunification de l'île, déclarant qu'ils doivent porter surtout au niveau du fonctionnement de l'Etat, de sorte que Chypre fasse efficacement face à ses obligations envers l'Union Européenne. D'autre part, l'Etat devra permettre de raccourcir les délais de retour des réfugiés. Pour M. Christofias, la situation devrait bouger en automne sur initiative des Etats-Unis.
M. Christofias a souligné que ces changements sont la conséquence de la signature du traité d'adhésion et de l'expérience "des contacts pacifiques et en masse entre les Chypriotes-grecs et les Chypriotes-turcs".
M. Christofias a estimé qu'il est possible que les "élections" dans la partie occupée de l'île en décembre prochain renforcent les forces politiques favorables à une solution, mais, a-t-il ajouté, Ankara, quel que soit le résultat, continuera à jouer un rôle déterminant dans les événements. Toutefois, si le résultat est favorable aux forces en faveur d'une solution, cela lui sera difficile de l'ignorer ou de l'éviter.
Denktash et Ankara cherchent à escamoter le débat de fond
M. Christofias a rappelé par ailleurs qu'il existe un dialogue ouvert avec les partis politiques turco-chypriotes qui sont en désaccord avec la vision de "partition" du leader turco-chypriote, Rauf Denktash.
M. Christofias a également dit que la levée partielle des restrictions de circulation entre les deux communautés a crée de nouvelles données positives, tout en ajoutant que les buts de Rauf Denktash et de la Turquie sont différents, car ceux-ci, a-t-il observe, visent surtout à améliorer leur image à l'étranger, à transformer la discussion sur le fond [l'occupation et la division de l'île] en une discussion sur l'édification de la confiance. Ce que Denktash et Ankara poursuivent est de diffuser le message selon lequel la solution repose sur de simples mesures de bon voisinage et sur la reconnaissance du pseudo-Etat turco-chypriote sur la partie occupée de l'île.
Concluant l'interview, M. Christofias a ajouté que les efforts des Etats-Unis, à l'origine de ces initiatives, s'intensifieront à l'automne, mais que le Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, semble réticent à entreprendre des négociations, car il est découragé par l'attitude négative de Rauf Denktash.