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Municipales/Préfectorales: les conservateurs gagnent les élections, les socialistes les symboles

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Par iNFO-GRECE,

A l'issue du second tour des élections locales en Grèce, hier dimanche 20, les états majors des deux grands partis, Nea Dimokratia à droite et Pasok à gauche, peuvent s'estimer satisfaits. Les conservateurs ont réussi le pari à teindre la carte en bleu et à envoyer un sérieux avertissement au gouvernement, mais le Pasok garde l'hyperpréfecture symbolique d'Athènes-Le Pirée et grâce à l'appui des communistes réformateurs de Synaspismos parvient à limiter ses pertes et à éviter une déroute à la française.

Il y avait double scrutin dans ces élections locales. Il s'agissait d'élire les maires et les préfets. Pour la deuxième fois, les Grecs étaient appelés à voter selon la réorganisation de l'administration locale par le "Plan Kappodistrias" consistant à prendre acte, entre autres, du dépeuplement des campagnes et à regrouper les petites communes en mairies intercommunales.

La droite emporte 28 préfectures, tandis que 21 sont tenues par le Pasok ou ses alliés. Le Pasok perd 3 préfectures par rapport aux élections précédentes, mais gagne l'hyperpréfecture d'Athènes-Le Pirée où habite le tiers de la population grecque et le quart des électeurs du pays.

Dans les grandes villes, capitales des préfectures, Nea Dimokratia emporte 28 mairies, le Pasok 19, Synaspismos 2 et les indépendants 2.

Le Pasok arrive ainsi à limiter ses pertes et la droite à atteindre ses objectifs arithmétiques. Par leur vote les Grecs ont montré que leur politisation autour des deux principales forces politiques du pays ne nuisait en rien à la maturité de leur décision citoyenne, maturité qu'ils ont exprimée en donnant certes un vote politique mais en le circonscrivant dans ce qui était l'enjeu de ces élections, la vie locale. Curieusement, de ce point de vue, les deux partis, si on met de côté les déclarations victorieuses de circonstance, sont politiquement perdants.

Des résultats-piège pour la stratégie future des deux partis et pour l'avenir de leurs leaders

La victoire symbolique dans l'hyperpréfecture d'Athènes-LePirée risque de priver le parti gouvernemental d'une remise en question d'une politique qui sans ce succès le conduisait à la déroute. Une déroute qui est nettement présente dans les campagnes et dans les régions du Centre et du Nord. La bonne résistance des candidats du Pasok dans les préfectures risque aussi de masquer les nombreux échecs dans les mairies. Rien qu'en Attique, au large bassin athénien, Nea Dimokratia détient 23 mairies, dont des villes symboliques comme Peristeri, Aigaleo, Nea Philadelphia, qu'elle a enlevé aux socialistes ; le Pasok perd même Nikaia au profit du KKE (parti communiste).

L'éclat de la victoire du Pasok dans l'hyperpréfecture d'Athènes-Le Pirée voile davantage les faiblesses du Pasok qu'elle n'éclaire ses forces. Si la personnalité de la candidate socialiste Fofi Gennimata est incontestablement le premier facteur de cette victoire, les erreurs stratégiques de la droite dans la désignation de son candidat à elle ne sont pas à négliger. La victoire confortable de Nea Dimokratia dans les deux mairies de l'hyperpréfecture est la pour le rappeler. De surcroît, les illusions investies dans cette victoire contribueront à renforcer au sein de l'appareil du Pasok les éléments les plus intransigeants et les plus archaïques qui ne seront pas forcement les meilleurs conseillers du Premier ministre Costas Simitis dans la direction des affaires européennes dont il doit assurer la présidence pour six mois à partir de janvier prochain. Pendant que M. Simitis sera occupé par la Présidence de l'Union européenne, il est fort à craindre que le Pasok qui a déjà main basse sur la politique gouvernementale, n'y mette aussi ses pieds. De quoi casser les porcelaines laborieusement constituées grâce aux fonds communautaires à un an des législatives. Les Jeux Olympiques de 2004 et les grands travaux consensuels dans les infrastructures constituaient le principal atout des socialistes pour les prochaines législatives. Un capital qui risque d'être rapidement consommé au profit d'un discours partisan.

Le niveau de politisation des Grecs reste en général assez élevé, ce qui fait que l'on retrouve dans ces élections locales le traditionnel clivage gauche-droite focalisé autour des deux grands partis de Nea Dimokratia et du Pasok. C'est sur ce constat que la droite a essayé de faire de ces élections un enjeu national et éventuellement obliger le gouvernement à appeler à des législatives anticipées à un moment où la droite a le vent en poupe et la gauche au gouvernement depuis deux législatures donne des signes de fatigue. Toutefois les électeurs n'ont que partiellement suivi Nea Dimokratia dans cette stratégie de défiance nationale. Les enjeux locaux sont restés le premier critère de choix entre les candidats. Le parti conservateur a saisi cette difficulté entre les deux tours mais il était déjà tard pour réorienter la campagne.

Autre difficulté qui a limité la progression de la droite en deçà de ses ambitions, la désignation pour l'hyperpréfecture d'Athènes-Le Pirée d'un homme venant de la gauche. Une volonté d'ouverture vers le centre qui n'a pas été suivie par les électeurs et qui, par ailleurs, se trouvait en contradiction avec la ligne radicale du Président de Nea Dimokratia, Costas Karamanlis. Résultat : alors que la droite gagne à la fois les mairies d'Athènes et de Pirée, elle perd la préfecture. Karamanlis s'il a réussi jusqu'ici à sortir le parti d'une période de querelles internes entre les différents barons de Nea Dimokratia et à le placer en position favorable pour les prochaines législatives, il risque toutefois de s'attirer quelques foudres suite aux erreurs de la campagne des municipales. A Nea Dimokratia, comme au Pasok, les prétendants s'ils ont appris à bien se tenir dans les rangs, n'ont pas forcement dit leur dernier mot. Et, les conséquences de ce dernier mot sont d'autant imprévisibles que les appareils de ces partis s'ils sont capables de former des leaders n'arrivent pas à faire émerger des véritables personnalités politiques. Simitis pour le Pasok, comme Karamanlis pour Nea Dimokratia, sont des chefs par défaut. Or, un leader sans personnalité, sera toujours un chef en sursis.

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