Editorial. Les réfugiés que le président turc menace de faire déferler fuient une guerre qu’il s’emploie lui-même à prolonger.
Que des populations civiles en détresse soient dramatiquement utilisées comme moyens de pression dans les rapports de force internationaux n’est pas nouveau. Mais le chantage aux migrants qu’exerce sur l’Union européenne (UE) Recep Tayyip Erdogan dépasse en cynisme, mais aussi en potentiel de déstabilisation, la plupart des précédents récents. Les réfugiés que le président turc menace de faire déferler sur l’Europe fuient une guerre, celle menée autour d’Idlib, dernier bastion rebelle en Syrie, qu’il s’emploie lui-même à prolonger.
En annonçant, jeudi 27 février, l’ouverture de sa frontière occidentale avec la Grèce, Ankara a non seulement donné implicitement le signal de la ruée vers l’Europe aux 3,6 millions de réfugiés du conflit syrien déjà présents en Turquie, mais brandi la menace d’en faire éventuellement de même pour le million de personnes qui, fuyant l’enfer d’Idlib, se massent aux abords de la frontière turque...