La Grèce et l'euro, c'est une Odyssée qui débute en 1991. Retour sur une crise sans fin au lendemain d'un nouvel Eurogroupe qui a accordé un nouveau prêt de 8,5 milliards d'euros à ce pays.
- Quai d'Orsay, juin 1991
La scène se passe dans le bureau de Pierre de Boissieu, l'un des deux négociateurs français, avec Jean-Claude Trichet, alors directeur du Trésor, du traité qui va devenir le traité de Maastricht. Ce diplomate haut en couleur explique à quelques journalistes le mécanisme de passage à la monnaie unique qui ne s'appelle pas encore l'euro, mais l'écu. Il insiste sur le fait que les douze États membres de l'époque en deviendront tous membres. Un journaliste s'étonne : « mais la Grèce, vu l'état de son économie et de son administration publique, n'a aucune chance d'en faire partie ! » Réponse méprisante de Boissieu : « la Grèce, c'est notre club Méditerranée, on a les moyens de se la payer »… Il ne croyait sans doute pas si bien dire : vingt-six ans plus tard, la Grèce est certes bien membre de la zone euro, mais, comme c'était prévisible, elle est en faillite depuis 2010, administrée par ses partenaires et le Fonds monétaire international ...