Tout avait trop bien commencé. La Grèce est entré dans la zone euro le 1er janvier 2001 avec les félicitations européennes pour ses efforts «admirables et remarquables» en matière de comptes publics. Le pays avait en effet vu chuter son déficit public de 10% en 1995 à... 1,6% en 1999! Certes, la dette publique dépassait les 100% du PIB, mais qu'importe, l'Eurozone (alors à onze pays) était pressée de s'élargir: un tel «bond en avant» garantissait le futur recul de cette dette vers les fameux 60% réglementaires. En bonne élève, la Grèce affiche ensuite des déficits exemplaires, de moins de 2% entre 2000 et 2004.
Sauf que les dés étaient pipés dès le départ. En mars 2004, la droite a pris le pouvoir aux socialistes lancé, à dessein, un audit sur les comptes publics du pays. À la fin de l'été 2004, surgit alors ce que Jean-Claude Trichet - le patron de la BCE à l'époque - a qualifié d'«énorme problème»: en réalité, les déficits publics grecs - en tenant compte de lourdes dépenses militaires et sociales qui avaient été «déplacées» dans la dette - ont atteint 4,1% en 2000, 3,7% en 2001 et 2002, 4,6% en 2003 et allaient...