Le gouvernement grec a déposé, vendredi 15 janvier, à la Commission européenne, un programme triennal de stabilité et de croissance, ratifié la veille par le Conseil des ministres et présenté à la hâte devant les commissions parlementaires concernées, au terme d'un marathon d'entretiens avec les experts de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, dépêchés la semaine dernière à Athènes ; un plan accueilli froidement par les milieux financiers internationaux.
Le pogramme grec sera discuté par la Commission soit le 27 janvier soit le 4 février, tandis que les 15-16 février, il figurera dans l'agenda de l'Eurogroupe et d'Ecofin.
Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, citant ses consultations avec les autres membres du cabinet, concernés par les changements qui figurent dans le PSA, mais également avec les experts de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne venus à Athènes, a expliqué que le PSA couvre tous les volets allant de la fiscalité à la sécurité sociale, au système de santé, aux investissements, aux exportations, au Service national de statistique, au suivi mensuel du budget, alors qu'est prévu un montant de 10% de "réserves" sur les recettes des ministères.
En réponse à des questions de la presse, M. Papaconstantinou a précisé ne pas exclure de déposer un Budget 2010 complémentaire, informant par ailleurs que dans les semaines qui suivent le ministère présenterait au Conseil des ministres le programme de dénationalisation et d'entrée en Bourse sur trois ans, représentant selon les estimations du PSA quelque 2,3% du PIB.
Toutefois, la privatisation de la Caisse d'Epargne (Tachydromiko Tamieftyrio) ne serait pas à l'ordre du jour. "Il n'existe aucune décision a priori, ni discussion, ni analyse, à propos de la privatisation de la Caisse d'Epargne (TT)", a-t-il par ailleurs souligné, s'interrogeant sur l'origine de cette rumeur, pour ajouter aussi que "à l'heure actuelle, l'engagement du gouvernement reste toujours valable en ce qui concerne la non-réduction de la part de l'Etat dans le capital social de l'Office hellénique des Télécoms (OTE)".
Le Programme de stabilité et de croissance (PSA) table sur une baisse du déficit de 12,7% du PIB en 2009 à 8,7% en 2010, avec par la suite un nouveau recul (5,6%) en 2011, de 2,8% en 2012 et de 2% en 2013, alors que la croissance, qui devrait passer de - 1,2% en 2009 à - 0,3% en 2010, enregistrerait des rythmes positifs en 2011 (1,5%), en 2012 (1,9%) et en 2013 (2,5%).
Par ailleurs, la dette publique est chiffrée à 120,4% du PIB en 2010 au lieu des 113,4% de 2009, alors qu'est prévue pour 2011 une stabilité relative à 120,6% et une baisse progressive les années suivantes.
Un résultat qui proviendrait essentiellement de la baisse des dépenses publiques et de la hausse des recettes. Plus précisément, en ce qui concerne les dépenses pour les salaires et retraites dans la fonction publique, les 11,5% de hausse en 2009 se limiteront à 2,8% en raison de la diminution du nombre des fonctionnaires, et d'une politique salariale plus stricte dans la fonction publique. Sont prévues également des coupes dans les dépenses de sécurité sociale et les dépenses fonctionnelles.
Les marchés et les experts ont accueilli froidement ces premières informations sur le plan d'Athènes. Avec une inflation à 2,6%, la capacité du gouvernement socialiste à appliquer des restrictions aux salaires des fonctionnaires est limitée, même s'il contrôle en partie les syndicats. Les hôpitaux publics ont déjà l'équivalent de plusieurs millions d'euros de traites non payées à leurs fournisseurs. Quant aux recettes à récupérer sur l'évasion fiscale il est à craindre qu'elles ne soient surestimées résultat du mythe de tricheur du fisc bien enraciné en Grèce. Si quelques grandes entreprises ne sont pas au dessus de tout soupçon, la majorité du travail au noir concerne les petits métiers et les artisans qui réinjectent la quasi-totalité de ce complément de revenu dans la consommation. Ce que l'Etat prendra d'une main sous forme d'impôt risque de le perdre de l'autre par une diminution des recettes de la TVA et par la destruction supplémentaire d'emplois, alors que le chômage a atteint 9,8% en décembre, au plus haut depuis 11 ans.
Sur le marché des swaps, le coût de la couverture à cinq ans contre le risque de défaut de paiement de la Grèce a frôlé les 335 points jeudi matin.
L'agence Reuters rapportait le même jour un sentiment général négatif des milieux financiers avec les propos des experts de la BNP Paribas selon lesquels les prévisions de déficit et celles de croissance ne son pas cohérentes, alors qu'un autre expert estimait qu'il y avait une très forte chance pour que la récession s'intensifie cette année et s'attendre à une nouvelle baisse du PIB en 2011 si le gouvernement tente d'atteindre les objectifs à tout prix. Or, la réalisation des objectifs est la condition de la crédibilité, estime un autre expert de IHS Global Insight.
i-GR/AE/ANA-MPA