Face à l'escalade des provocations de Skopje, avec notamment des appellations d'ouvrages publics faisant référence à l'antiquité grecque de la Macédoine, Athènes a élévé ce derniers jours le ton, menaçant de geler ses financements poru l'axe routier E10, récemment baptisé "Alexandre le Grand" ; en jeu, la reprise des négociations sous les auspices de l'ONU en février à New York.
Les représentants d'Athènes et de Skopje doivent se retrouver le 11 février prochain à New York autour du représentant spécial de l'ONU Matthew Nimetz pour tenter de trouver une solution acceptable par les deux pays à l'appellation définitive de l'Ancienne république yougoslave de Macédoine (admise actuellement dans les organismes internationaux sous l'acronyme anglais de FYROM).
Jusque-là, chaque partie fourbit ses armes, avec la FYROM ouvrant les hostilités par une série de baptêmes d'ouvrages publics faisant référence à l'histoire antique de la Macédoine. On se souvient du "soleil" de Philippe dans le drapeau de la FYROM au lendemain de la séparation de cette province de la Fédération yougoslave. Dans le même esprit, le gouvernement de Skopje a annoncé fin décembre de donner le nome de "Philippe B le Macédon" à l'ancien stade "Gradski" de la ville et son intension de donner le même nom à l'aéroport de la ville de Stip, alors qu'il y a déjà l'aéroport "Alexandre le Grand" à Skopje.
Dernière idée en date l'appellation de l'axe autoroutier européen 10 que Skopje appelle désormais, l'axe "Alexandre le Grand", provoquant ainsi l'exaspération à Athènes.
Le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, à Vienne cette semaine dans le cadre de la présidence grecque de l'OCDE, en a profité pour informer ses homologues européens et notamment son hôte autrichien, Michael Spindelegger. "Le gouvernement Gruevski pour obtenir des bénéfices partisans. place son pays et son peuple en otages", a-t-elle dénoncé en faisant allusion aux tensions de la politique intérieure qui alimentent la surenchère nationaliste dans le pays voisin.
A Athènes, le premier ministre Costas Caramanlis a saisi l'occasion d'une question au parlement du député et président du LAOS (droite traditionaliste, opposition) pour lancer un sévère avertissement à l'adresse de Skopje, soulignant que "la Grèce ne décaissera pas un seul euro dans le cadre de sa participation au financement de l'Axe routier européen 10 tant que les dirigeants de la FYROM entretiennent un climat de provocation, de nationalisme et d'intransigeance".
Long de 2.300 km et doté d'un budget de 600 millions d'euros, dont déjà 100 millions engagés par la Grèce, l'axe 10 lancé par l'Union européenne en 2001, doit relier l'Europe centrale à Thessalonique, via la Serbie et la FYROM, et ses travaux sur la partie sud doivent en principe commencer en avril 2009 et se terminer en 2012. Le problème d'un blocage du financement du corridor 10 est que la victime principale risque d'être… la Grèce puisqu'elle compte sur cet axe pour faire du port de Thessalonique un grand port régional. Seuls 75 km de l'axe traversent la FYROM. Par ailleurs, la Grèce doit gérer la concurrence du corridor 8 qui relie le port bulgare de Burgas à Brindisi en Italie en passant par Skopje et Tirana, axe qui doit récupérer une partie du trafic de l'axe Egnatia qui relie, lui, Brindisi à Istanbul via Igoumenitsa.
Néanmoins, répondant à la question de M. Karadzaferis, le premier ministre a réaffirmé que "les ambitions européennes et euro-atlantiques de Skopje ne seront pas satisfaites tant que la FYROM persiste dans un passé gris , avec l'exercice d'une politique dépourvue de fondement, en ne montrant aucun intérêt pour l'avenir mais uniquement pour de mesquins bénéfices partisans en vue des élections".
M. Caramanlis a encore dénoncé l'intransigeance de Skopje et ses décisions provocantes, comme les appellations dépourvues de tout fondement historique de stades, rues et de l'axe 10, soulignant que cette politique à courte vue va à l'encontre des relations et des principes de bon voisinage.
Pour sa part, le président du LAOS a dénoncé que les gouvernements grecs n'aient pas procédé, malgré les provocations incessantes de Skopje au cours des dernières années, au "blocage" des financements vers Skopje qui dépassent 1,11 milliard €. "Cela signifie que nous finançons l'arrogance, l'insolence et les provocations de Skopje", a encore dit M. Karatzaferis.
"Nos positions et nos décisions sont toujours prises en tenant compte de l'intérêt du pays, et dans la transparence la plus complète", a rétorqué M. Caramanlis, en réaffirmant les positions immuables de la Grèce pour "une appellation à détermination géographique" et "nous invitons Skopje à participer à la recherche d'une solution communément acceptée, car nous ne voulons pas que le pays voisin soit exclu de l'UE et de l'OTAN".
i-GR/ANA-MPA