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Caramanlis parie sur les sondages pour emporter un deuxième mandat

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Par iNFO-GRECE,

Misant sur l'avance du camp conservateur dans les sondages, le premier ministre grec Costas Caramanlis, a décidé d'accélérer le calendrier électoral et de convoquer les quelque 10 millions d'électeurs devant les urnes le 16 septembre, plusieurs mois avant l'échéance de mars-avril 2008 normalement prévue. Au lendemain de l'annonce M. Caramanlis s'est adressé à la Nation pour expliquer les raisons de cette décision qui se fonde sur la poursuite des réformes, l'élaboration du nouveau budget de l'Etat et la révision de la Constitution.

9.824.223 électeurs seront appelés le 16 septembre à se présenter aux urnes, selon les données du ministère de l'Intérieur établies sur la base des listes électorales (mai-juin 2007), alors que les électeurs résidant hors de leur circonscription de vote sont estimés à 123.010, tandis que les nouveaux électeurs sont au nombre de 429.385.

Il est certain que le gouvernement sortant fera valoir ses bons résultats sur le front économique. Une croissance qui dépasse les 4%, un déficit ramené à 2,6% en 2006 et en chômage à la baisse constituent des atouts certains mais les experts ne manqueront pas de pointer l'état dégradé des fondamentaux et le retard dans les reformes réclamées par l'Union européenne, notamment sur les retraites. La politique du gouvernement sortant a été basée sur l'amélioration des recettes fiscales, ce qui n'était pas difficile à obtenir dans un pays où l'économie est aussi importante que l'économie officielle. Cela s'est fait toutefois au détriment de la compétitivité des entreprises du pays et au prix d'un surendettement des ménages qui amène régulièrement la Banque de Grèce à rappeler les établissements de crédit à l'ordre.

Du côté de l'opposition, les deux partis communistes, KKE (historique) et Synaspismos (réformateurs radicaux), se réjouissent de l'accélération du calendrier, certains d'améliorer leur position - en capitalisant sur les mécontents du premier gouvernement Caramanlis - quoique celle-ci ne changera pas fondamentalement. En revanche, la situation du principal intéressé, le Parti Socialiste (PASOK) est plus qu'incertaine. Son leader Giorgos Papandreou n'a cessé depuis deux ans de réclamer des élections anticipées. Bien que M. Caramanlis, l'ait menacé avant l'été de le prendre au mot, il est peu probable que les trois semaines qui restent d'ici le 16 septembre lui suffisent pour mener campagne et combler le retard, du moins tel qui s'esquisse dans les derniers sondages.

Vendredi, le premier ministre a réuni le Conseil des ministres approuvant à l'unanimité la décision d'élections anticipées, puis s'et rendu au Palais présidentiel et informer le chef de l'Etat, Carolos Papoulias, et lui demander la dissolution du Parlement et la proclamation officielle de la date des élections.

De retour au Palais Maximou, en tout début d'après-midi, M. Caramanlis s'est adressé à la Nation pour expliquer les raisons de cette décision qui se fonde sur la poursuite des réformes, l'élaboration du nouveau budget de l'Etat et la révision de la Constitution.

"Il y a 3 ans et demi, a notamment déclaré le premier ministre s'adressant à la Nation en direct sur les écrans de télévision, vous nous avez chargé de sortir le pays des impasses économiques et de créer les conditions préalables à une vie meilleure. Nous avons faits de réels efforts, tout n'a pas été corrigé, mais pourtant des avancées ont été faites, des réformes importantes ont été réalisées", a-t-il dit.

En vue de ce mois de campagne électorale, M. Caramanlis a appelé par ailleurs à la nécessité de l'unité nationale, laquelle ne peut supporter la polarisation, les tensions, les haines politiques, se déclarant prêt à s'opposer à tout ce qui ferait du tort à la Nation.

Ce que la Nouvelle Démocratie a toujours mis en avant, a expliqué le chef du gouvernement, c'est de "défendre la culture politique, de parler la langue de la vérité, sans affirmer avoir tout fait parfaitement, mais s'efforçant fortement d'aller de l'avant".

Et c'est sur les projets d'avenir que M. Caramanlis a conclu en disant avoir entière confiance dans le jugement des Grecs, "lesquels auront à juger et à décider qui peut au mieux garantir une avenir meilleur pour le pays".

Des propos que le premier ministre a repris samedi lors de la réunion du groupe parlementaire de la ND (Nea Dimokratia). "L'intérêt national exige le recours immédiat aux urnes et l'organisation d'élections, c'est pourquoi nous demandons l'aval du peuple grec pour poursuivre les changements et réformes nécessaires au pays", expliquant que la date du 16 septembre "est lié avant tout avec le premier budget qui est établi après la levée par la Commission de la procédure de déficit excessif contre la Grèce et que le gouvernement se doit de déposer au Parlement un projet de budget pour le 1er octobre".

Procèdant au bilan de la politique gouvernementale de la ND, M. Caramanlis a indiqué que son gouvernement avait procédé à l'harmonisation budgétaire la plus bénigne possible tout en garantissant parallèlement un développement durable.

Passant à la période qui suivra les élections, M. Caramanlis a annoncé la mise en place d'un Fonds national de cohésion sociale, l'octroi à partir de 2008 de l'allocation de famille nombreuse aux familles ayant trois enfants mineurs, une nouvelle augmentation de l'allocation de chômage, de l'allocation de solidarité sociale des pensionnés (EKAS) ainsi que des retraites des agriculteurs. Ces initiatives, a-t-il dit, constituent les éléments de base du prochain budget alors que "le gouvernement prépare également l'institution du seuil minimal de retraite, des réformes pour un système de sécurité sociale juste et moderne ainsi que la poursuite des réformes dans le secteur de l'éducation pour une revalorisation qualitative de l'enseignement public".

Le premier ministre a également procédé à son autocritique soulignant que "l'énorme déficit budgétaire ne nous a pas permis de soutenir, autant que nous l'aurions voulu, les plus économiquement faibles", affirmant encore "nous faisons notre autocritique, nous reconnaissons que tout n'a pas été parfait, que certains cadres du secteur public n'ont pas répondu aux principes de la nouvelle gouvernance". "Toutefois, nous sommes déterminés à obtenir une nouvelle dynamique, une nouvelle vitesse, de nouveaux rythmes. Nous disposons de l'expérience et de la connaissance exigées par le moment présent".

Papandreou: La Grèce tourne la page dans 29 jours

"Enfin, en voilà la fin!", s'est exclamé le président du PASOK, Giorgos Papandreou, et "dans 29 jours la Grèce change de page", ajoutant que le 17 septembre le nouveau gouvernement du PASOK se met au travail, après 4 ans perdus avec la ND, sans perdre un seul jour. En dépit des sondages qui depuis 4 ans le donnent constamment perdant, M. Papandreou croit toujours en ses chances et en la redistribution du revenu en guise de principale ligne politique.

Ces quatre dernières années, a poursuivi le chef du principal parti de l'opposition, j'ai parcouru les quatre coins du pays et j'ai vu sur les visages des hommes et des femmes de Grèce leur déception à propos du gouvernement Caramanlis, leurs attentes se transformer en promesses non tenues, l'insécurité engendrée par ce gouvernement, les salaires se fondant avec la cherté de la vie, le chômage touchant les jeunes, les privilèges allant au petit nombre.

Selon M. Papandreou, la ND s'en va ne pouvant supporter le poids du mécontentement populaire, les impasses dont ce parti est responsable. "Le gouvernement Caramanlis a terminé son cycle", a tranché le président du PASOK.

"Il est temps de tourner la page", a insisté M. Papandreou, soulignant que "les citoyens savent juger et comparer, et leur réponse est claire: en voilà assez des supercheries, de l'incapacité et de la mentalité de l'Etat-butin. L'heure est venue de marcher dans une autre voie, avec vision et projet pour la Grèce. Stopper la dégringolade. Je serai toujours présent, nous serons toujours présents en première ligne du combat pour les problèmes du pays et des citoyens, que nous sommes prêts à affronter".

"Nous commençons avec comme guide notre programme rénové, avec confiance en soi, avec certitude que la Grèce a des possibilités et des perspectives, avec confiance en l'Hellénisme. Nous démarrons pour clore les brèches de l'inégalité ouverte par le gouvernement Caramanlis, grâce à une juste redistribution du revenu, pour apporter au citoyen grec sécurité, espoir et perspective. Pour garantir un développement qui respecte et qui repose sur l'environnement, qui soit épaulé par l'éducation et un Etat social moderne et efficace", a-t-il dit.

C'est en recourant aussi à la métaphore de la page qui tourne qui s'est exprimée également la Secrétaire générale du Parti communiste (KKE), Aleka Papariga, pour se dire confiante qu’"une nouvelle page peut être tournée le 16 septembre", si les électeurs renforcent le KKE et donc affaiblissent les deux grands partis, ND et PASOK, ajoutant que ce scrutin pourra permettre "un nouveau départ pour éviter à l’avenir le pire qui est prévisible, conquérir certains acquis absolument nécessaires, et faire un pas en avant vers la victoire du peuple".

Mme Papariga a expliqué que le vote pour le KKE est un vote contre la politique d’austérité en place depuis des années, de la vie chère et du chômage, contre la privatisation de l’éducation, de la santé, des services sociaux, contre la restriction des libertés syndicales, contre la répression étatique croissante et contre le délitement des droits sociaux et souverains.

Le président de Synaspismos (communistes radicaux), Alecos Alavanos, en commentaire vendredi de l'annonce des élections, s'est, lui, félicité de l'important travail de son parti tout au long de ces dernières années, regrettant seulement "avec tristesse et pessimisme" que ce scrutin a lieu dans le pays ravagé par les incendies de forêts.

M. Alavanos a critiqué les raisons "nationales" invoquées par la ND pour convoquer des "élections anticipées", puisque confondant les raisons nationales avec la politique du gouvernement, à savoir les réformes, et a pointé que ceci "met en position difficile le président de la République amené à accepter des mensonges".

Samedi M. Alavanos a réuni le secrétariat politique du parti pour la dernière fois en tant de président de Synaspismos puisque il sera désormais typiquement à la tête de la formation unifiée de Synaspismos, appelée SYRIZA et destinée à regrouper les différents groupes politique qui s'agitent à la gauche du PASOK, mais qui a pour le moment échoué à attirer les écologistes, principale force à l'extrême gauche après les deux partis communistes.

Concluant son intervention, M. Alavanos a ironisé sur le premier ministre assurant que "ce dernier devrait être dans le livre des records Guiness car c'est la première fois qu'un premier ministre demande des élections anticipées pour des raisons extraordinaires tout en ne citant pas la question brûlante d'actualité qui est la destruction de la richesse forestière du pays, et ceci au moment où tous les gouvernements du monde ont pour priorité de faire face aux conséquences de l'effet de serre".

i-GR/ANA-MPA

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