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Entretiens Bakoyannis-Gül : la Grèce et la Turquie prolongent le moratoire sur la mer Egée

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Par iNFO-GRECE,

Le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, a adressé un message de salutations samedi matin 10 mai à Istanbul, en ouverture des travaux de la 4e Rencontre greco-turque des représentants des medias, pour appuyer le rôle décisif que peuvent jouer les medias, alors qu'elle s'entretenue ensuite avec son homologue turc, Abdullah Gül, attendu également à la séance d'ouverture des travaux. Une rencontre jugé d’importance dans les milieux diplomatiques après le récent incident entre avions turcs et grecs sur le ciel de l’Egée ayant coûté la vie au pilote grec.


Les entretiens Bakoyannis-Gül ont porté essentiellement sur les moyens de renforcer la confiance entre les deux parties, parmi lesquels la signature d’un moratoire de trois mois sur les opérations militaires en mer Egée, qui prolonge ainsi d’un mois le moratoire existant depuis 1988 (accord signé par l’actuel président de la République grecque, M. Papoulias, lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères et son homologue turc de l’époque M. Yilmaz).

De même un accord a été signé pour l'installation d'un téléphone rouge entre les deux centres nationaux d'opérations aériennes à Larissa et Eskisehir, qui sera opérationnelle dès le 1er juillet ainsi qu’une ligne directe - entre les chefs des Armées des deux pays.

Des questions aussi relevant de la candidature de la Turquie à l'UE ont été abordées ainsi que la coopération dans des domaines dits « de politique douce » comme l’aide en cas des catastrophes naturelles, la création d’un deuxième pont sur l’Evros (point de passage Grèce-Turquie en Thrace) pour fluidifier le trafic routier, etc.

Des points positifs qui restaurent le climat positif qui prévalait entre les deux pays avant l’incident du mois de mai quand des avions militaires turcs en mission d’espionnage au-dessus du Dodécanèse ont abattu un F-16 grec et causé la perte du pilote participant à l’effort d’interception. Toutefois, aucune des questions de fond n’a été abordée vu l’opposition radicale des points de vue. La Grèce s’obstine dans son droit théorique découlant du Droit international mais qu’elle n’ose exercer, la Turquie sur son droit pratique découlant du rapport de force qu’elle applique à sa guise.

« Les droits de chaque pays sont donnés et le Droit international connu. Nous continuerons nos efforts pour une meilleure compréhension là om il a des différences », a dit Mme Bakoyannis lors de la présentation de l’accord signé samedi matin.

« Il est naturel qu'il existe des différences de points de vue et des politiques différentes. Il est naturel qu'il existe des problèmes entre deux pays voisins », disait la veille s'adressant jeudi aux correspondants de presse grecs, 48h avant l'ouverture à Istanbul des travaux de la 4e Rencontre greco-turque des représentants des medias le ministre turc M. Gül soulignant toutefois que ce qui est important « c’est notre disposition à régler ces problèmes. Autrefois, nous pensions qu'en multipliant les problèmes, nous améliorerions nos positions », a dit encore le ministre turc expliquant qu'aujourd'hui ce n'est plus le cas.

Mme Bakoyannis, invite la Turquie à respecter la liberté des cultes, lors de sa visite au Phanar

bakoyanni barthol


Politiquement la plus payante pour la Grèce, une solution a mi-teinte au problème du patriarcat sera la moins coûteuse des concessions des Turcs qui essaieront de neutraliser en échange les autres dossiers comme Chypre et la souveraineté de l’espace aérien en Egée

Vendredi, Mme Bakoyannis était reçue au Phanar par le patriarche œcuménique Bartholomée, où un dîner était prévu en son honneur, une occasion pour inviter la Turquie à respecter la liberté des cultes et l'existence du Patriarcat œcuménique, et, surtout, pour rassurer le patriarche du soutient du gouvernement grec.

« Nous soutenons tous l'orientation européenne de la Turquie. Nous croyons que la Turquie a sa place au sein de l'UE, à la condition toutefois que ce pays reconnaisse la liberté des cultes, le libre exercice des cultes, l'existence et le fonctionnement du Patriarcat œcuménique », a-t-elle notamment affirmé.

« Cela signifie la réouverture de la Faculté de théologie de Halkis, qui est la position connue du gouvernement et que nous soutenons partout. Je pense que la Turquie acceptera -dans sa marche vers l'UE- cette réalité très simple », a-t-elle encore ajouté tout en soulignant que « la position du gouvernement -pour le soutien du Patriarcat- est également la position de l'ensemble de l'UE et est citée dans tous les documents européens. »

Accueillant Mme Bakoyannis au Patriarcat, Vartholomeos I, s'est interrogé sur la raison pour laquelle sont révisés les accords qu'il a co-signé, « pourquoi les accords sont-ils violés, pourquoi les droits sont-ils foulés et pourquoi raviver des anciennes blessures », tout en réitérant la position du Patriarcat oecuménique qui encourage la Turquie dans sa voie vers l'UE et exprimant l'espoir que les conditions nécessaires à cette orientation seront mises en place. A ce sujet, il a souligné que la Turquie ne peut ignorer les droits des minorités et la reconnaissance due au Patriarcat oecuménique, ainsi que les droits d'existence des institutions éducatives comme la Faculté de Théologie de Halkis.

Vartholomeos I ayant requis le soutien du gouvernement grec à cette requête, Mme Bakoyannis lui a affirmé aussitôt que « le gouvernement grec est à vos côtés et soutient chacune de vos initiatives. Je vous prie de considérer que le soutien de l'Etat grec à tous vos efforts va de soi, tant en ce qui concerne l'oeuvre du Patriarcat, qu'en ce qui concerne votre présence à Istanbul en tant que gardien des valeurs, principes et idéaux séculaires. »

Mme Bakoyannis a encore loué les initiatives du Patriarche oecuménique pour le dialogue entre les cultes et la protection de l'environnement, qui sont reconnues de tous. « Ces initiatives, a-t-elle dit, constituent l'expression du rôle contemporain de l'universalité du Patriarcat. »

Mme Bakoyannis assistera dimanche à la messe célébrée pour la Pentecôte et regagnera ensuite Athènes.

La nouvelle « nouvelle » stratégie de Papandreou pour régler les différends grecoturcs

Un jour après la rencontre au Palais Maximou entre le premier ministre, Costas Caramanlis, et le président du PASOK, Georgios Papandreou, et en référence a la proposition de ce dernier que la Grèce exerce son droit d'étendre ses eaux territoriales avant d'élaborer un compromis avec la Turquie comme préalable à un recours de la Grèce devant la CIJ de La Haye sur la délimitation du plateau continental de l'Egée, le porte-parole du ministère des AE, Georgios Koumoutsakos, répondant jeudi aux nombreuses questions des journalistes, a déclaré que l'extension des eaux territoriales n'est pas « un pas nécessaire » pour recourir à la CIJ puisque, a-t-il dit, « le trace des limites du plateau continental dépend du tracé de la mer territoriale et, comme le prévoit la Convention des Nations unies sur le droit de la mer signée le 10 décembre 1982, la Grèce a le droit d'étendre ses eaux territoriales dans la limite des 12 milles nautiques. »

M. Koumoutsakos a tenu a réitérer une fois encore que la Grèce a suivi constamment la même stratégie dans ses relations avec la Turquie, une stratégie soutenue par les deux grands partis, son noyau étant l'encouragement à l'optique européenne de la Turquie et les progrès en même temps des contacts dans les domaines de l'énergie, du tourisme et de l'économie en général. « Ces contacts se poursuivent et grâce à cette stratégie cohérente, le rôle éventuel de la CIJ a toujours et reste encore un outil, une alternative dans la politique étrangère de la Grèce », a relevé M. Koumoutsakos.

Pour sa part, le porte-parole par intérim du gouvernement, Evanghelos Antonaros, amené à commenter les relations greco-turques, qui font incontestablement la Une de l'actualité, a déclaré a propos de la proposition de M. Papandreou qu'un recours à La Haye sur le plateau continental ne pourrait se faire que « si les conditions avaient mûri ». « Il n'y a aucun nouvel élément dans la nouvelle stratégie annoncée par M. Papandreou », a dit M. Antonaros.

Efnin, de son côté, le porte-parole du PASOK, Nicos Athanassakis, a déclaré jeudi dans son point de presse a propos de la proposition du président du parti, Yorgos Papandreou, sur les eaux territoriales, que « l'interprétation qui en est faite est absolument fausse. »

M. Athanassakis précisant que « avant La Haye il doit y avoir un aboutissement en ce qui concerne l'extension des eaux territoriales. » a affirmé que ce qui avait été dit lors de l'entrevue mercredi Caramanlis-Papandreou ne signifiait pas « commencez des ce matin et étendez les eaux territoriales », M. Papandreou présentant au contraire, a-t-il dit, « une stratégie globale, dont le premier point est un appel à des initiatives gouvernementales pour une désescalade de la tension (entre la Grèce et la Turquie) ».

i-GR/ANA-MPA

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