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Collision des F-16 grec et turc en mer Egée : Caramanlis hausse le ton !

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Par iNFO-GRECE,

Confronté aux critiques de l’opposition mais aussi au sentiment de la population que la politique de « bon voisinage » et des « basses tonalités » mettait la Grèce en position de faiblesse au lendemain de la collision d’un avion de chasse F-16 avec un appareil identique turc, le Premier ministre grec, Costas Caramanlis, s’est résolu à changer le ton de ses déclarations vis-à-vis de la Turquie appelant cette dernière à « réfléchir sérieusement » et à « réviser une fois pour toute son attitude. » M. Caramanlis qui est en visite à Paris depuis lundi a rencontré mercredi matin le premier ministre français, Dominique de Villepin.


L'incident est survenu au cours d’un effort d’interception d’avions turcs entrés illégalement en mission photographique dans la zone de contrôle du FIR d’Athènes. Le pilote turc qui a eu le temps de s'ejecter a pu être sécouru, tandis que le sort du pilote grec est ignoré malgré des recherches intenses depuis 24 heures.

Le premier ministre, Costas Caramanlis a eu mercredi un entretien avec son homologue français, Dominique de Villepin, informant ce dernier de la collision des deux avions militaires grec et turc mardi au sud-est de Carpathos et soulignant, en ce qui concerne l'adhésion de la Turquie à l'UE, que celle-ci dépend de la matérialisation de ses engagements européens et du respect de l'attitude de bon voisinage.

MM. Caramanlis et de Villepin se sont également entretenus de l'évolution de l'UE et des préoccupations relatives à la Constitution européenne qui fera l'objet des débats du Sommet européen en juin.

S'agissant de l'orientation européenne des Balkans, M. Caramanlis a réaffirmé les positions connues de la Grèce en faveur de leur adhésion, tandis que M. de Villepin rappelait à son tour que le président Chirac s'est également prononcé en faveur de leur orientation européenne.

Les deux premiers ministres ont également évoqué le dossier du Kosovo, soulignant que la stabilité (dans la région) est indispensable, alors qu'en ce qui concerne le programme nucléaire de l'Iran, ils ont réitéré leurs points de vue quant à un règlement diplomatique de la question, évoquant également à ce sujet les propositions de l'UE et de la Russie.

Au sujet de Chypre, M. Caramanlis a réaffirmé les positions connues de la Grèce pour le règlement du problème de l'île dans le cadre des propositions de l'ONU, tout en soulignant que chaque action doit être soigneusement préparée pour apporter un résultat.

La sinistre actualité de la collision des deux appareils de l’armée de guerre, un turc et un grec, donnait à M. de Villepin l’occasion de revenir avec son interlocuteur sur la question de l'achat par la Grèce d'avions militaires de la quatrième génération et du Rafale. M. Caramanlis a précisé que l'étude entreprise par le ministère de la Défense n'est pas terminée et par conséquent il ne peut formuler aucune position.

Enfin, M. de Villepin a remercié la Grèce pour son aide aux activités de la francophonie.

Répondant un peu plus tôt aux questions de presse lors de la conférence sur les résultats de la réunion ministérielle de l'OCDE, M. Caramanlis a déclaré que « l'incident d'hier (mardi 23 mai) doit faire réfléchir sérieusement notre pays voisin afin qu'il revoit une fois pour toute son attitude », appelant ainsi Ankara « à renoncer pour toujours aux pratiques et comportements qui n'ont rien a voir avec des relations de bon voisinage et qui, bien sûr, sont pris en compte et évalués dans le cadre de sa marche européenne. »

M. Caramanlis a affirmé que « la Grèce défend ses intérêts nationaux et droits souverains », se félicitant que la gestion de cette crise « à tous les niveaux » a été marquée par « un sens des responsabilités et du sérieux », comme c'est le cas, a-t-il précisé, lorsque le gouvernement ou les autorités compétentes réagissent dans des situations sensibles en matière de politique étrangère et de défense.

« De tels événements impliquent pour tous ceux qui participent à la vie publique et, plus généralement, se trouvent dans la sphère publique, du sang-froid, de la lucidité et un sens des responsabilités », a dit encore M. Caramanlis.

Le chef du gouvernement a par ailleurs exprimé sa sympathie et solidarité à la famille du pilote des forces de l'armée de l'air grecque, toujours porté disparu, alors qu'en réponse à une autre question, le premier ministre a confirmé ne pas avoir été en contact avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan.

A propos de l'information transmise aux partenaires européens, M. Caramanlis a affirmé que « ce qui devait être fait, a été fait », mentionnant notamment le fait de s'être entretenu le jour même de cette collision avec le premier ministre français, Dominique de Villepin.

On apprenait par ailleurs que le président de la Commission, José Manuel Barroso, est attendu en visite en Grèce dimanche 28 mai à l'invitation de M. Caramanlis.

M. Barroso prononcera un discours à l'occasion d'une manifestation de commémoration, le 28 mai à 19h30 sur le site archéologique de la Pnyx, du 25ème anniversaire de l'adhésion de la Grèce à l'UE. Le président de la Commission quittera Athènes pour Bruxelles le lendemain, lundi 29 mai.

A Athènes, le porte-parole par intérim du gouvernement, Evanghelos Antonaros, confirmait de son côté que la Grèce a procédé à une démarche de protestation après de la Turquie et informé l'OTAN et l'UE, alors que se référant à la collision des deux F-16 grec et turc, il a souligné que « le gouvernement, par ses initiatives au plan opérationnel, diplomatique et politique, a réagi avec responsabilité, détermination, sang-froid et efficacité, face à une situation particulièrement dangereuse ». M. Antonaros a souligné que les droits souverains de la Grèce et ses domaines de compétence se sont fait pleinement respecter, ajoutant encore que la Grèce ambitionne de conduire les relations greco-turques vers un avenir meilleur, dans la paix et la stabilité, tout en garantissant parallèlement les intérêts grecs.

M. Antonaros a en outre fait part de sa conviction que « le chapitre européen qui s'est ouvert le 3 octobre dernier pour la Turquie sera valorisé avant tout par Ankara, ce qui signifie que la Turquie devra renoncer à toute attitude n'allant pas de pair avec les relations de bon voisinage. De notre côté, selon notre pratique immuable, nous procédons à toutes les démarches nécessaires. »

Interrogé sur la disparition du pilote grec, M. Antonaros a indiqué que « nous avons vécu un incident tragique mardi », et souligne que « le pilote disparu ainsi que tous les pilotes de l'armée de l'air grecque défendent tous les jours - au risque de leur vie - l'espace aérien de la Grèce et nos droits souverains ».

S'agissant de certaines informations, selon lesquelles au cours de leur dernière rencontre les premiers ministres de Grèce et de Turquie sont convenus « d'un été calme sur les eaux de l'Egée », M. Antonaros a dit que « ce qui a été convenu reste valable », alors qu'en ce qui concerne les conditions de la collision, il a précisé que celles-ci font l'objet d'une enquête, soulignant encore une fois que « ce qui est certain, c'est qu'il y a eu infraction des règles de la navigation aérienne du FIR d'Athènes ».

Enfin, invité à préciser si le programme de la visite du ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, le 10 juin à Istanbul est modifié, M. Antonaros a indiqué ne pas avoir d'information en ce sens.

i-GR/ANA-MPA

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