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Visite de Mme Bakoyannis aux Etats-Unis : Washington et New York attendent le 'bon moment' pour conclure les initiatives dans les Balkans

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Par iNFO-GRECE,

Aux Etats-Unis depuis mercredi dernier, le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, a clôturé hier sa tournée américaine à New York par un entretien avec le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, au terme d'un marathon de rencontres dont notamment le Président Américain, George Bush, et le Secrétaire du Département d'Etat, Condoleezza Rice. Au menu des entretiens avec les hauts officiels américains, les relations bilatérales, les affaires régionales et internationales, telles que les Balkans, l'optique européenne de la Turquie et le Moyen-Orient, et, bien sûr, la question chypriote. Malgré l'accueil chaleureux réservé au ministre grec, aussi bien le gouvernement américain à Washington que l'ONU à New York ne semblent pas pressés de voir se dénouer la situation dans les Balkans et à Chypre et attendent le "bon moment", tandis que pour Mme Bakoyannis, "le moment est venu".


Le président américain, George Bush, a loué la contribution de la Grèce à la démocratie et la liberté et évoqué les liens historiques qui unissent les peuples américain et grec, tout en évoquant la personnalité du ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, au cours de la réception organisée vendredi à la Maison Blanche pour la célébration de la fête nationale du 25 mars. Il a encore rappelé que les Américains ont soutenu ardemment la révolution grecque contre le joug ottoman, alors que des luttes communes se sont poursuivies au XXe siècle.

M. Bush a notamment évoqué la contribution de la Grèce -non seulement au niveau historique, mais aussi à l'époque actuelle- qui coopère à la lutte contre le terrorisme international et joue un rôle actif dans le développement de l'Afghanistan. Il a en outre accordé une importance toute particulière au rôle joué la communauté greco-américaine au niveau politique, culturel et économique et loué la contribution du sénateur démocrate, Pol Sarbanis et de tous les Grecs-Américains qui servent son gouvernement, dont notamment John Negroponte et Francis Townsend, tout en ajoutant que la présence de l'Eglise grecque orthodoxe reflète la richesse religieuse de l'Amérique.

Arrivée mercredi à Washington, Mme Bakoyannis, s'est d'abord entretenue avec le secrétaire d'Etat adjoint américain, Daniel Fried, en vue de la rencontre jeudi avec Condoleezza Rice. M. Fried a voulu d'emblée placer la rencontre dans un climat amical, faisant peu du cas de la renonciation grecque pour l'achat des F-16 supplémentaires, et évitant de nommer le pseudo-Etat de Chypre du Nord établi par la force et l'occupation de l'armée turque de cette partie de l'île.

"Malgré la coopération avec le régime du leader turco-chypriote, Mehmet Ali Talat , les Etats-Unis ne signeront en aucun cas d'accord commercial, de sorte a éviter toute action qui reconnaîtrait directement ou indirectement un Etat séparé", a dit M. Fried se félicitant du niveau des relations greco-americaines qu'il a qualifiées d'excellentes, dans un briefing d'information. "Nous sommes contre la reconnaissance, contre la séparation, contre la division", a encore dit M. Fried, assurant que l'administration américaine soutient la réunification de l'île sur la base d'une fédération bizonale, bicommunautaire.

Concernant la question du nom de la FYROM (Ancienne République Yougoslave de Macédoine), M. Fried a indiqué que Washington a fait savoir à la FYROM que son adhésion à l'OTAN et à l'UE passe par un accord avec la Grèce sur l'appellation.

Enfin, invité à commenter la décision de la Grèce de ne pas user de son option sur l'achat de 10 F-16 supplémentaires dans le cadre d'un accord initial d'achat de 30 avions de combat de ce type, M. Fried, tout en soutenant que ce type précis d'avions de combat "est le meilleur sur le marché", a tranché que cela ne fait nullement problème dans les relations bilatérales.

bakoyannis rice


La Grèce représente un partenaire stratégique, a dit le chef de la dimplomatie américaine (à dr.) à son homologue grecque (à g.)

Jeudi donc, le ministre grec pouvait entrer dans le vif du sujet en rencontrant son homologue américain, Condoleezza Rice –la première rencontre entre les deux femmes depuis la nomination de Mme Bakoyannis à la tête de la diplomatie grecque en février dernier. Mme Rice, après avoir félicité Mme Bakoyannis pour son oeuvre en tant que maire d'Athènes, a réaffirmé que la Grèce représente "un partenaire stratégique", soulignant que les deux pays partagent la même volonté de régler de nombreux problèmes internationaux ; "sans que cela signifie nécessairement qu'ils s'accordent sur toutes les questions", s'est empressé de compléter la diplomate américaine, façon de signifier à sa collègue grecque que les Etats-Unis méneront de toute façon leur politique comme ils l'entendent.

Dans le cadre de sa mention à la coopération stratégique, Mme Rice a notamment évoqué les très bonnes relations de la Grèce avec le monde musulman lesquelles peuvent être utilisées pour promouvoir la paix, alors que de son côté Mme Bakoyannis a cité la nécessité de régler les problèmes dans diverses régions du monde, citant tout particulièrement les Balkans occidentaux dont l'avenir est situé en Europe alors qu'en ce qui concerne le statut du Kosovo, elle a souligné qu'il est nécessaire de prendre en compte les positions de toutes les parties concernées et de tous les éléments.

Mme Bakoyannis a en outre insisté sur la nécessité d'un règlement de la question chypriote de sorte à ce qu'il existe une Chypre bicommunautaire ; la solution du dossier chypriote devant être basé sur les résolutions afférentes du Conseil de Sécurité des Nations unies. Mme Rice a également mis l'accent sur la nécessité d'une réunification de l'île sur la base des valeurs démocratiques sans toutefois faire mention du plan Annan.

Au chapitre des relations greco-turques, Mme Rice a affirmé que les USA soutiennent l'amélioration constante des relations des deux pays qui a débuté après les séismes meurtriers de 1999, alors que Mme Bakoyannis a attiré l'attention de son homologue sur la nécessité de rouvrir la Faculté de Théologie de Halkis (l'Ecole du patriarcat en Turquie). Mme Rice a déclaré que cette question est posée sans cesse à la Turquie par les Etats Unis.

Enfin, le secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice a accepté l'invitation que lui a adressée son homologue grec, Dora Bakoyannis à visiter la Grèce et exprimé sa joie d'avoir l'occasion de venir en Grèce.

Le lendemain, 24 mars, veille de la fête nationale grecque, Mme Bakoyannis l'a consacré à l'importante communauté grecque vivant aux Etats-Unis, en commençant par un à "Blair House" offert par le directeur des Services nationaux des Renseignements des Etats-Unis, John Negroponte, en l'honneur du ministre grec et de l'archevêque d'Amérique, Mgr Dimitrios, à l'occasion du, fête nationale grecque.

Après la cérémonie spéciale à la Maison Blanche, où le président Bush a rendu hommage à la fête nationale grecque, Mme Bakoyannis a quitté la capitale américaine pour New York, capitale des Grecs des Etat-Unis, mais aussi siège des Nations Unies où elle devait s'entretenir samedi avec le Secrétaire général, Kofi Annan, et médiateur de l'ONU pour la FYROM, Matthew Nimetz.

Mme Bakoyannis est restée ferme avec le médiateur de l'ONU, lui affirmant que "la Grèce attend la réaction de la partie adverse" sur la question de l'appellation définitive " mutuellement acceptable" de l'ancienne république yougoslave de Macédoine. De son côté, M. Nimetz a souligné à l'intention des journalistes à l'issue de son entrevue avec Mme Bakoyannis qu'"il ne compte pas, dans la phase actuelle, présenter de nouvelle proposition, mais de poursuivre ses contacts avec les deux parties concernées", tout en évoquant également ses entretiens à Bucarest avec le président de la FYROM. M. Nimetz a réaffirmé son intention de continuer à offrir ses services pour aider les parties concernées à trouver une solution "au bon moment".

La même prudence onusienne pouvait être constatée aussi lundi lors des entretiens du ministre grec avec le SG de l'ONU, Kofi Annan, en marge des travaux du Conseil de sécurité. Prudence qui masque mal l'inertie bureaucratique de cet organisme international.

"Nous avons discuté du dossier des Balkans occidentaux et du Kosovo, un dossier qui nous préoccupe au niveau européen. Nous avons eu enfin l'occasion d'aborder un peu la question du nom de la FYROM et j'ai eu l'occasion une fois encore de présenter les positions de la Grèce à ce sujet", a dit Mme Bakoyannis à l'issue de l'entretien.

Et concernant Chypre, "le moment est venu", a dit de son côté Mme Bakoyannis, "pour que les deux parties [chypriote-grecque et chyproturque, ndlr] se mettent d'accord sur cet effort et progressent, et comme je l'ai déjà dit, la question chypriote ne peut souffrir un autre échec. Une bonne préparation des nouveaux efforts, sans calendrier asphyxiant, et sans décisions prises d'avance, sera la meilleure solution possible".

Selon le ministre, un nouvel effort commence sur base des rencontres techniques, lesquelles toutefois devront conduire à une bonne préparation de la nouvelle initiative pour un règlement viable et fonctionnel de la question chypriote.

Toutefois, selon des sources diplomatiques proches du dossier, l'ONU attend toujours la réponse de la partie turque sur la constitution des comités techniques devant mettre en route les accords convenus lors de l'entretien à Paris en février dernier entre Kofi Annan et le Président de la République de Chypre, Tassos Papadopoulos.

i-GR/ANA

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