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Skopje, Turquie, Albanie, les messages de fermeté du Premier ministre grec restent sans effet

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Par iNFO-GRECE,

Le Premier ministre, Costas Caramanlis, a adressé un double message de fermeté à la FYROM et à la Turquie sur fond de leur marche d'adhésion à l'UE, dans un discours lundi soir en session parlementaire au niveau des chefs de partis, convoquée par le chef du gouvernement sur la politique étrangère. Des messages qui n'ont pas pour autant rencontré l'écho souhaité à Ankara et à Skopje, tandis qu'à Athènes, le chef de l'opposition parlementaire, Georges Papandréou, se montrait opportunément sévère, faisant notamment état d'une "dégringolade du pays". De plus, un nouveau front s'ouvrait mardi avec des manifestations hostiles de nationalistes albanais à Tirana provoquant l'annulation de la rencontre entre les chefs d'Etat des deux pays.


M. Caramanlis a affirmé que la marche d'adhésion de Skopje à l'UE peut avoir lieu, soit après un règlement du nom, soit sous son nom de FYROM, rappelant pour Ankara que les principes et valeurs de l'UE ne s'accordent, ni avec le casus belli ni avec une occupation militaire.

S'adressant plus précisément au gouvernement de Skopje, M. Caramanlis a rappelé qu'en vertu de l'accord intermédiaire de 1995, la FYROM avait accepté que la Grèce ait le droit de ne pas être d'accord avec son entrée dans les organismes internationaux sous une appellation qui n'ait pas été acceptée par les deux parties autre que le nom de la FYROM.

caramanlis parlement


Après la réitération des menaces turques de casus belli sur l'Egée et Chypre, on attendait du Premier ministre des précisions sur la confirmation ou non de son voyage à Ankara prévu en novembre. L'annulation aujourd'hui de la rencontre du Président Papoulias avec son homologue albanais sur fond de revendications territoriales albanaises réduit sensiblement les marges de manœuvre du Premier ministre sur la scène diplomatique du voisinage balkanique et asiatique.

"Je veux être absolument clair. La marche d'adhésion vers l'UE peut exister seulement dans deux cas. Soit après qu'ait été convenue une appellation par les deux parties, soit sous le nom de la FYROM. Il n'y a pas d'autre voie. La Grèce a fait preuve et prouve sa bonne foi dans les actes. Elle a montré qu'elle tient jusqu'au bout ses engagements. Il faut toutefois un respect réciproque de ses droits. Il faut respecter les accords de tous les autres. C'est pourquoi personne ne doit l'oublier. Je pense que le message est plus que clair".

D'autre part a propos de la "longue" marche européenne de la Turquie, le Premier ministre a déclaré qu'elle serait contrôlée par les "25", et donc par Athènes et Nicosie, ajoutant que Ankara doit mettre en valeur entre autres les critères de Copenhague, accepter les procédures de la Cour internationale de la Haye, changer de cap entièrement en ce qui concerne le Patriarcat œcuménique, l'Ecole de théologie de Halkis, les droits des Grecs d'Istanbul, de Imvros et Tenedos entre autres.

La Turquie, a encore relevé le Premier ministre, "peut devenir membre de l'UE lorsque, et naturellement si, elle répond entièrement aux critères européens et avant tout aux principes et valeurs de l'UE, aux principes ne s'accordant ni avec le casus belli, ni avec l'occupation de territoires européens. Ce n'est que si seulement elle satisfait et se conforme à ces critères que la porte de l'UE lui sera ouverte".

Des propos qui de l'autre côté de la mer Egée ont eu pour écho des manifestations de quelques centaines d'éléments nationalistes devant le patriarcat à Fanari (Istanbul) qui ont réclamé le départ du patriarche Bartolomé Ier et le transfert du Patriarcat en Grèce.

Quelques jours plus tôt (20 octobre), le vice-président du Parti de la Justice et du Développement (AKP, parti du Premier ministre turc), mettait en cause le caractère œcuménique du Patriarcat, l'assimilant à un institut turc dont le chef est représentant de la minorité grecque de Constantinople. Le même jour, l'entrée en Turquie était réfusée au chef des députés européens de Nea Dimokratia, Giannis Varvitsiotis, sous prétexte que son laissez-passer du parlement européen n'était pas reconnu par les autorités turques au même titre que le passeport.

Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Panagiotis Scandalakis, a eu lundi un entretien téléphonique avec le patriarche œcuménique, Bartholomeos Ier, avec lequel il a procédé à un examen exhaustif et à une évaluation des récentes manifestations provocantes de nationalistes extrémistes turcs contre le patriarcat œcuménique.

Selon le communiqué relatif du ministère, l'accent a été mis sur l'importance que prennent de tels événements en relation avec l'optique européenne de la Turquie, en particulier après le 3 octobre et l'ouverture de la procédure d'adaptation de la Turquie aux critères et préalables européens, lesquels permettent d'établir les progrès dans les négociations d'adhésion.

M. Scandalakis a eu l'occasion de réaffirmer l'assistance illimitée et le soutien ferme et constant du gouvernement grec à la personne du patriarche œcuménique et à l'institution du patriarcat œcuménique, conclut le communiqué.

"Leur objectif n'est pas seulement le patriarcat et les minorités, comme cela pourrait s'expliquer à première vue", a déclaré de son côté le patriarche œcuménique, "leur objectif est l'optique européenne de la Turquie, le premier ministre de Turquie, lequel veut résolument conduire son pays au sein de l'UE". Une analyse fondée sur le soin constant de Bartolomé Ier à ne pas froisser les "bonnes relations" avec le Premier ministre turc, mais qui, si jusqu'ici a permis la survie de son trône, n'a pas pour autant fait évoluer l'isolement dans lequel le Patriarcat subit depuis des décennies ni fait lever la menace permanente qui pèse au dessus de sa tête.

Le président du PASOK (socialiste), Georges Papandréou, s'est montré particulièrement sévère à l'égard du gouvernement et de son Premier ministre, faisant notamment état d'une "dégringolade du pays, d'insuffisance et d'incapacité".

Selon M. Papandréou le gouvernement est dominé par la crainte et la lâcheté face aux problèmes ardus auxquels il doit faire face avec pour conséquence de perdre un temps précieux, son prestige et des alliés en se plaçant volontairement en marge des événements internationaux et en laissant le champ ouvert à d'autres forces.

En ce qui concerne la question de Skopje, M. Papandréou a demandé que la Grèce soutienne la marche européenne et atlantique de Skopje sous le nom de la FYROM et même d'accepter une adhésion entière à la condition que celle-ci ait lieu sous une appellation acceptée mutuellement, alors qu'au chapitre des relations greco-turques, il a à nouveau évoqué l'abandon de la stratégie d'Helsinki qui, a-t-il affirmé, si elle avait été suivie aurait conduit à un recours porté devant la Cour de Justice internationale de La Haye en faveur de la Grèce.

Concluant, il a dénoncé la position selon laquelle l'absence de position est une position et l'absence de règlement un règlement, la qualifiant d'inacceptable et craintive. "Eviter les crises constituera un frein pour la Grèce, Chypre et la Turquie et pourra engendrer des crises", a-t-il affirmé.

Pour sa part, le SG du KKE (communiste), Aleka Papariga a lancé une critique tous azimuts contre les autres partis : sévère contre la ND et le PASOK faisant notamment état de positions communes "lesquelles n'ont rien à voir avec les intérêts du peuple grec", elle dénonce également Synaspismos (gauche radicale) qui "vit sous le signe de l'illusion et du leurre".

S'agissant enfin de l'appellation de la FYROM, Mme Papariga -après avoir qualifié de "malheureuses" les déclarations concernant l'organisation éventuelle d'un referendum- a souligné que dans le cas où les concertations destinées à trouver une solution acceptée de part et d'autre contiendraient le nom de "Macédoine" ou tout autre dérivé, la partie grecque devra alors déclarer que cette appellation a une définition géographique et non nationale.

De son côté, le président de Synaspismos, Alecos Alavanos, est également apparu très sévère à l'égard des deux grands partis en ce qui concerne la politique étrangère, se déclarant, au sujet des relations greco-turques et de la FYROM, en faveur de leur adhésion à l'UE. "Nous y sommes favorables car nous n'avons pas le droit de dire à n'importe quel pays si il a le droit d'y adhérer", a-t-il dit. Un déni du droit de dire non que M. Alavanos n'a pas explicité davantage.

Enfin, on apprenait mardi midi que le Président de la République hellénique, Carolos Papoulias, en visite en Albanie, a dû annuler sa rencontre prévue dans l'après-midi avec son homologue albanais, Alfred Moisiu, choqué par les manifestations nationalistes anti-grecques à Saranta (ville de la minorité grecque de l'Epire du Nord en Albanie) devant l'hôtel où devait avoir lieu la rencontre entre les deux présidents. Il s'agissait du 2e rendez-vous informel entre les deux hommes après celui à Ioannina (région d'Epire, Grèce) en mars dernier.

Selon des premières informations les manifestant étaient menés par l'organisations des Cams ou Tsams, un puissant clan musulman qui demande des dédommagements à Athènes sur fond d'allégations de discrimination de leurs parents au Nord de la Grèce durant la Second guerre mondiale. Les Tsams qui avaient collaboré avec l'occupant italien et allemand, accusent la Grèce de les avoir expulsé, en représailles, de leurs maisons en Epire grecque, une version de l'histoire que la Grèce a toujours récusée.

Après l'annulation de la rencontre entre MM. Papoulias et Moisiu, la Grèce reprochait à l'Albanie de n'avoir rien fait pour empêcher la manifestation de se dérouler si près de l'hôtel et de brandir des revendications sur un sujet inexistant, ni de garantir la tenue pacifique et sûre de la rencontre. A Tirana, le bureau de presse de la présidence albanaise faisait état d'un prétexte grec infondé, s'agissant seulement du rassemblement d'un groupuscule sur la place avoisinant l'hôtel de la rencontre.

i-GR/ANA

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