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L'Amérique donne Skopje aux Albanais et jette les Grecs dans les bras de l'extrême droite. Les dirigeants en Grèce appellent le pays à l'unité

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Par iNFO-GRECE,

Au cours du week-end, et aux 2e et 3e jours après la reconnaissance par les Etats-Unis du nom de "République de Macédoine" à l'ex-République yougoslave de Macédoine (FYROM), et alors que l'échec du référendum de l'opposition à Skopje pour l'annulation du redécoupage administratif était peu commenté à Athènes, les leaders grecs donnaient plutôt aux appels à l'unité pour faire face à cette situation que tous reconnaissent difficile et appelant à redéfinir les grandes questions nationales.


Les appuies marqués de l'Union Européenne et des Etats-Unis à la coalition albano-slave au gouvernement à Skopje ont fini par mettre en échec l'initiative référendaire de l'opposition de la FYROM contre le redécoupage administratif du pays accordant des nouveaux privilèges à la minorité albanaise. L'opposition slave et serbe n'a pas réussi à mobiliser au delà de ses rangs, mais le fait que son propre camp s'est fortement, lui, mobilisé atteignant 26% des électeurs du scrutin, crée des nouveaux risques pour la paix dans le pays. En rappelant aussitôt, malgré la reconnaissance de la défaite, le poids numérique des 500.000 personnes sur le 1,7 million d'électeurs que compte le pays, les nationalistes slaves ont clairement indiqué que la frustration de leur échec ne sera pas éteinte de sitôt de même que leur amertume de voir l'albanais érigée en deuxième langue officielle du pays sous la pression et le lobbying de la minorité albanaise.

Soucieux de préserver le statu quo qui a suivi le cessez-le-feu dans la guerre civile qui avait opposé les deux communautés en 2001, les "grands" de l'Union Européenne ont apporté leur soutien aux accords dits "d'Ohrid" dont le redécoupage administratif actuel est le dernier volet, quitte à soutenir des rapports de force et un concept "multiethnique" qu'aucun pays européen n'est disposé à appliquer chez-lui. Washington en a fait de même selon sa propre logique de "gros calibre", c'est-à-dire en offrant le nom "Macédoine" réclamé par Skopje pour son appellation officielle, peu de cas des susceptibilités grecques sur la question et du risque de raviver aussi de la sorte le nationalisme grec.

Certes le nationalisme grec est canalisé par des partis qui n'ont rien à voir avec l'extrême droite raciste des pays de l'Europe occidentale. Il n'empêche que la Grèce se passerait bien de leur fournir le pain qui de plus béni – c'est le cas de le dire – par une Eglise toujours sourcilleuses des questions nationales. Risque pour le moment écarté grâce au sens des responsabilités des hommes politiques et des hiérarques de l'Eglise. Mais la question demeure : jusqu'à quand les dirigeants grecs travailleront pour limiter les dégâts collatéraux de la politique américaine dans la région avec pour seule récompense des couleuvres à avaler ?

C'est dans ce climat que le chef de l'Etat, Costis Stephanopoulos, est intervenu lors d'une cérémonie dimanche à Nea Smyrni (Athenes) en hommage au grand homme d'Etat grec du 20e siècle, Eleftheros Venizelos, pour appeler à l'unité des Grecs, recourant en l'occurrence à la leçon tirée d'une page de l'histoire de la Grèce - les moments noirs au début du siècle dernier de la catastrophe d'Asie mineure, des combats notamment à Smyrne (Izmir actuellement) entre Grecs et Turcs – dont le sens, a dit M. Stephanopoulos, avait été la signification primordiale à donner à l'unité du peuple dans les moments difficiles.

M. Stephanopoulos a exprimé le souhait que "la Grèce puisse dépasser les problèmes qui restent encore et […] à montrer qu'elle est un Etat luttant pour le bien-être de son peuple mais aussi pour la prospérité dans toute la région en coopération avec les Etats balkaniques".

Le président de la PASOK, Georges Papandreou, appelait aussi de son côté au consensus entre toutes les formations politiques. A l'issue samedi à Bucarest de la session des partis socialistes et socio-démocrates des Balkans, le chef de file du principal parti de l'opposition a estimé que "la reconnaissance unilatérale des Etats-Unis du nom de la FYROM crée de fait de nouvelles données importantes. Je l'ai constaté ici même dans les discussions que j'ai eues avec mes collègues". "Je considère qu'il est de toute importance une entente entre tous les partis, toutes les forces politiques du pays, afin de faire à nouveau le point, et de décider des prochaines actions à entreprendre afin de sortir de l'impasse actuelle", a-t-il dit.

L'archevêque d'Athènes et primat de Grèce, Mgr Christodoulos, s'est exprimé sur le même ton de modération, alors que dans des déclarations, le célèbre compositeur, Mikis Theodorakis, a proposé pour dépasser les difficultés actuelles le trace d'une politique nationale acceptée par toutes les tendances politique, mettant en relief par ailleurs l'importance des alliances de la Grèce avec l'Europe, le monde arabe, la Russie et les pays balkaniques. "Nous devons voir clairement quelles sont les alliances des forces actuelles et futures, puisqu'il devient évident que notre pays et Chypre compris sont cibles par la superpuissance", a ajouté M. Theodorakis.

Pour le secrétaire du Comité Central du parti gouvernemental de Nea Dimokratia (ND), Vanghelis Meïmarakis il s'agit de conserver son "sang froid" comme l'avait demandé le Premier ministre M. Caramanlis. Intervenant lors d'une rencontre des membres du parti à Thessalonique, M. Meïmarakis a exprimé son opposition à des manifestations et mobilisations de rue. "Nous comprenons la colère des Grecs a propos de la décision de Washington, mais la politique étrangère ne s'exerce pas par des slogans mais par des plans et des programmes. Nous soutenons les initiatives du gouvernement dans ce combat pour une recherche d'une solution mutuellement acceptable dans la question du nom. La ND n'encourage pas les manifestations de rue et les meeting".

Toujours est-il qu'à l'appel du LAOS (Rassemblement populaire orthodoxe) quelque 2.000 personnes ont manifesté dimanche à Thessalonique devant le monument d'Alexandre le Grand pour entendre le président du parti et eurodéputé, Georges Karatzaferis.

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