Le lever du Nouvel An avait un air de tragédie familiale en Grèce avec l'annonce de l'assassinat de Constantin Yannitsis, fils du ministre du Travail, Anastasios Yannitsis, dans la ville mexicaine de Taxco, par une bande de jeunes délinquants. L'émotion du public fut grande et sur le "yali", la vitre, comme les grecs appellent leurs chaînes de télé, on a du remplacer le programme de festivités par des longs reportages et enquêtes pour essayer de comprendre le pourquoi et le comment de ce meurtre surprenant. Quelques jours après, notre correspondant à Athènes, Florent Celay, a cherché via Internet à connaître le sentiment des habitants de la ville où a eu lieu le drame.
Les déclarations du ministre des Affaires Etrangères mexicain, Jorge Castaneda, selon lesquelles, le meurtre de Constantin Yannitsis n’aurait aucune conséquence négative sur l’image du Mexique en ce qui concerne la sécurité des étrangers, n’ont pas convaincu l’opinion publique mexicaine.
Les réponses à la question: « A votre avis, quelle doit être la sanction des mineurs inculpés pour l’assassinat de Constantin Yannitsis, le fils du ministre grec ? », posée par le quotidien La Reforma sur son website, sont révélatrices de l’état de l’opinion. L’ensemble des lecteurs du journal rejette la perspective d’une libération rapide des 3 inculpés quand ces derniers seront devenus majeurs. Ils sont au contraire favorables à des peines très sévères y compris à la peine de mort qui trouve des adeptes même parmi les femmes, malgré le fait que celle-ci soit abolie au Mexique. «Ils ne semblent pas capables de rédemption: la peine de mort» déclare Veronica Zamora, une lectrice de Mexico city. «Si la peine de mort était encore en vigueur alors il y aurait fallu les y condamner. Peut importe si cela contribuerait à la baisse de la criminalité. Ce qui importe c’est de donner une satisfaction aux parents de ce pauvre jeune grec» estimait pour sa part, Agustin Jimenez. D’autres répondants, comme Carlos Amieva, sont favorables à une peine de 50 ans de prison «sans possibilité de réduction de la peine pour cause de bonne conduite», tandis que les plus cléments considèrent que la peine ne doit pas être inférieure à 10 ans d’incarcération.
Les citoyens anonymes que nous avons contactés, se disent préoccupés par l’atteinte portée à la réputation de leur pays. Lucia C., jeune professeur de français, de Tampico, réagit vivement quand on l’informe que la presse grecque a utilisé les termes de «destination dangereuse» pour parler du Mexique: «Mais ce n'est pas vrai, moi j'habite ici et rien ne m’est arrivé encore... je suis désolée pour ce qui s'est passé mais je crois que c’est une chose qu'on ne peut pas expliquer.. une fatalité…et je considère très injuste le fait de croire que tout le pays est une destination dangereuse à cause de ça. Si cela était arrivé aux Etats-Unis les médias n'auraient probablement pas réagi de la même manière». Le bruit autour de la sécurité est excessif. Même certains feuilletons mexicains semblent vouloir faire passer ce message. Dans une scène de la série «Nunca te Olvidaré.», très populaire en Grèce, le héros, Luis-Gustavo, est agressé à Chicago. Révélant cet incident à son ami, il ajoute: «Et après on nous dit que tous les braquages ont lieu au Mexique».
Commentant le geste de ses concitoyens de déposer des fleurs sur le lieu où le jeune grec a été assassiné, Daniel Martinez, conseiller financier à Taxco, la trentaine, nous dit: «Ici, nous sommes très accueillants vis à vis des voyageurs. Nous sommes en colère à cause de ce meurtre. C’est un grand problème pour nous. Nous craignons que cela que cela ne dissuade les touristes qui souhaiteraient visiter notre ville».
Fl. C pour Info-Grèce Janvier 2001