Les ministres des Finances de l'Eurogroupe se sont mis d'accord dimanche à Bruxelles sur la somme d'aide internationale qui s'élève à 110 milliards d'euros pour trois ans, a annoncé le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, alors que le DG du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a salué le plan ambitieux d'économies du gouvernement grec, mais à Athènes, les milieux économiques commencent déjà à craindre la récession que provoquera le plan d'austérité.
Bruxelles
La Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) ont jugé que la Grèce n'était plus en mesure d'avoir accès aux marchés, et qu'en conséquence il avait été décidé d'activer le plan d'aide, ainsi que tous les moyens légaux et techniques indispensables pour l'activation de ce mécanisme par tous les Etats-membres de la zone Euro, a indiqué M. Juncker.
Des 110 milliards de l'aide internationale - en fait un prêt au taux plutôt élevé de 5% et 6% - 30 milliards proviendront du FMI, tandis que les 15 Etats-membres de la zone euro se répartiront les 80 milliards restants.
En contrepartie, Athènes devra épargner 30 milliards d'euro sur ses dépenses, soit 11 % de son PIB afin de réduire son déficit public en deçà de 3 % en 2014.
Avant les premiers versements, il sera nécessaire, toutefois, de compléter ces prochains jours les démarches parlementaires des prêts bilatéraux dans certains États membres, dont l'Allemagne, plus gros contributeur du plan.
M. Juncker a fait comprendre que les autorités grecques disposeront de l'argent à temps pour le 19 mai, jour d'une importante échéance de la dette publique grecque. Une première évaluation des démarches des prêts aux niveaux nationaux aura lieu le 7 mai lors d'un sommet extraordinaire des dirigeants de la zone.
"L'Eurogroupe est convaincu que l'ajustement budgétaire ambitieux et de vastes réformes structurelles dans le cadre du programme des autorités grecques sont destinées à stabiliser la situation financière et économique et à relever les défis budgétaires et structurels de l'économie grecque d'une manière décisive. Le programme est soutenu par une forte conditionnalité. Il contribuer également à restaurer la confiance et à préserver la stabilité financière dans la zone euro", note le communiqué officiel de l'Eurogroupe.
"Je suis convaincu que ce programme solide et ambitieux va permettre à la Grèce de redresser sa situation économique et financière ainsi que sa compétitivité", a déclaré le président du Conseil européen M. Van Rompuy.
"Le gouvernement grec s'est engagé dans un processus de réforme difficile mais nécessaire pour mettre l'économie grecque sur une trajectoire durable et rétablir la confiance. La Commission estime que cette série convenue de mesures constitue un ensemble solide et crédible", a dit de son côté le président de la Commission européenne M. Barroso, avant de conclure que "cette aide sera déterminante pour aider la Grèce à mettre son économie sur les rails et préserver la stabilité de la zone euro. L'assistance et la base sur laquelle il est fixé à fournir, montre la volonté commune des membres de la zone euro et de nos institutions, à agir dans un esprit de solidarité et de responsabilité".
Washington
Dans un appel téléphonique au Premier ministre grec Georges Papandréou, le président américain, Barack Obama, s'est félicité dimanche du plan d'aide à la Grèce adopté par l'UE et le FMI, a fait savoir la Maison Blanche.
De son côté, le DG du FMI, Dominique Strauss-Kahn, selon un communiqué publié dimanche soir à Washington, "le gouvernement grec a élaboré un programme politique ambitieux pour faire face à la crise économique".
M. Strauss-Kahn souligne de plus que l'aide qui sera accordée à la Grèce se chiffre à 30 milliards d'euros et est associé à un programme de plusieurs années qui commence avec des efforts importants visant à rectifier les lourds déséquilibres budgétaires de la Grèce, afin que ce pays retrouve une économie plus compétitive, et restaure au fur et à mesure la croissance et la création d'emplois.
Le DG du FMI informe que la réduction des salaires et retraites dans le secteur public était inévitable, étant donné qu'ils représentent 75% de l'ensemble (hors intérêt) des dépenses de l'Etat, relevant que ce programme prévoit en outre des coupes dans le budget des fournitures d'armement.
Athènes
Le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie, Constantin Michalos, a mis en garde dimanche, en commentaire des nouvelles mesures contre la fermeture d'entreprises, appelant le gouvernement à demander de l'aide "non seulement à partir du fameux mécanisme de soutien mais aux forces saines du marché et de la production, d'ouvrir ses portes à de nouvelles idées et solutions et à séparer le bon grain de l'ivraie sans tenir compte des connaissances et amis".
"Ceci n'est pas une politique économique, c'est une attaque sauvage contre le monde de l'entreprise, les travailleurs et les salariés", a ajouté M. Michalos, tranchant que les "entreprises se trouvent désormais dans l'oeil du cyclone".
i-GR/AE/ANA-MPA