Le premier ministre, Georges Papandréou, a annoncé la demande officielle de la Grèce pour l'activation du mécanisme de soutien conjoint Union européenne/Fonds Monétaire International, informant par ailleurs avoir mandaté le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, de procéder aux démarches nécessaires, dans des déclarations vendredi matin depuis la petite île frontalière de Kastelorizo, dans le Dodécanèse.
La décision d'activer le mécanisme de soutien a été clairement motivée par les événements de ces derniers jours où les taux d'intérêt de la dette grecque battaient record sur record et la réévaluation par Eurostat du déficit de la Grèce en 2009 (de 12,7% à 13,6%), ainsi que par la dégradation de la note de l'économie grecque - à A3 par Moody's la veille. D'autre part, dans la négociation des termes du recours au soutien UE/FMI, le gouvernement Papandréou perdait chaque jour du terrain avec des sacrifices supplémentaires à demander au peuple grec qui s'ajoutaient de négociation en négociation, sans pour autant arriver à restaurer la confiance de la finance internationale. Le recours à l'aide de l'UE/FMI avec son cortège de conditions draconiennes devenait la seule option pour cesser le massacre.
Le mécanisme devrait être activé relativement vite, bien que la chancelière allemande, Angela Merkel, a dit vouloir terminer les négociation en cours avant le déblocage de l'argent.
Mme Merkel a appelé M. Papandréou aussitôt après l'annonce officielle d'activation du mécanisme de soutien et alors le premier ministre grec prenait part à une réunion consacrée aux problèmes de l'île de Kastelorizo.
Le DG du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a affirmé de son côté que le FMI est prêt à répondre très vite à cette demande.
"'L'heure est venue, le temps que les marchés ne nous donnent pas, qu'il nous soit donné par la décision qu'avons tous pris ensemble les dirigeants des pays de l'Europe de soutenir la Grèce. C'est une nécessité nationale et impérative de demander officiellement à nos partenaires de l'UE l'activation du mécanisme de soutien, que nous avons créé en commun", a déclaré M. Papandréou.
Le premier ministre a expliqué en outre que les marchés n'avaient pas réagi (au cours des semaines passées), soit parce qu'ils ne croyaient pas en la volonté de l'UE, soit parce que certains avaient décidé de continuer à spéculer, M. Papandréou affirmant que "la situation aujourd'hui sur les marchés menace de rendre nuls les sacrifices du peuple grec et (de détruire) la marche normale de l'économie, avec le risque que les efforts du peuple grec ne servent à rien, suite aux taux d'intérêt sur les prêts et plus grave encore sur les possibilités d'emprunt".
En rappel des statistiques d'Eurostat la veille sur le déficit de 2009, M. Papandréou s'en est pris durement au précédent gouvernement, énumérant "les fautes incompréhensibles, les omissions, les choix criminels et l'avalanche de problèmes" dont avait hérité son gouvernement de la part de la Nouvelle Démocratie. "Nous avons tous hérité d'un bateau prêt à sombrer, un pays sans prestige et crédibilité, ayant perdu jusqu'au respect de ses amis et partenaires, une économie laissé aux qautre vents, à la spéculation".
De la petite île de Kastelorizo aux couleurs de l'Egée, où il est accompagné par une importante délégation ministérielle, M. Papandréou s'est référé à l'Odyssée pour se dire convaincu "d'avoir devant lui un voyage vers Ithaque chargé des demandes de tous, mais de plus avoir une conscience collective nouvelle, des efforts en commun, pour aborder en sécurité, plus sûrs et plus justes et plus fiers".
"Notre destination finale, a conclu le chef du gouvernement, est de libérer la Grèce des surveillances et des tutelles", pour affirmer "nous y arriverons, il suffit que nous, les Grecs, ayons confiance en nous-mêmes".
Samaras: La ND proposera des solutions pour sortir du FMI
Le président de la Nouvelle Démocratie (ND), Antonis Samaras, a informé vendredi que le principal parti de l'opposition présenterait des propositions et politiques pour sortir la Grèce du "contrôle asphyxiant" du FMI, en commentaire de l'annonce de l'activation du mécanisme européen.
M. Samaras a relevé que "finalement ce qui ne devait pas arriver est arrivé", soulignant la "surprise" et "l'absence de plan pour demain", critiquant le premier ministre de n'avoir toujours pas reconnu sa part de responsabilité d'un recours au FMI, qu'il a caractérisé de "dépendance économique du pays".
"Il n'a pas compris", a poursuivi le président de la ND, "que les marchés n'ont pas réagi ces 4 derniers mois", puisque "ayant simplement perdu leur confiance au gouvernement, en ses choix contradictoires, son double langage et ses incroyables retards", ironisant sur les nouvelles "odyssées" auxquelles s'est référé M. Papandréou. "Dieu seul sait seulement combien de temps (le voyage) durera", a-t-il dit.
"Comme le savent les Grecs, nous avions proposé en temps opportun des propositions, une autre politique de sortie de la crise", a poursuivi M. Samaras, informant qu'à présent il avancerait des solutions et politiques pour que la Grèce sorte au plus vite du contrôle asphyxiant du FMI, la Grèce ayant les moyens et les fonds et les hommes pour sortir seule de la crise.
Les partis de l'opposition - KKE, LAOS et SYRIZA - très critiques pour l'annonce du recours au FMI
En commentaire de l'annonce vendredi de la demande de la Grèce d'activer le mécanisme de soutien UE/FMI, le KKE rappelle - comme il l'avait prévu depuis longtemps - que les politiques du PASOK servent des intérêts à long terme de la ploutocratie, démentant les affirmations sur un manque de fonds, alors que 17,5 milliards d'euros ont déjà été mis à la disposition des banques notamment, d'autres milliards ayant été dépensés pour les grands industriels, les équipements de défense pour l'OTAN.
Pour sa part, le président du LAOS, Georges Karadzaferis, a estimé que le premier ministre, "de la lointaine île" (pourquoi Kastelorizo? s'est-il interrogé) a avoué la "défaite de la Grèce et de sa propre lutte contre la crise économique". "Le cadeau était modeste", a ajouté M. Karadzaferis, faisant allusion à la fête nominale du premier ministre ce vendredi 23 avril.
Le président de la SYRIZA, Alexis Tsipras, a proposé l'organisation d'un référendum "en vue de la sortie immédiate du mécanisme du FMI", soulignant que "M. Papandréou et son gouvernement n'ont aucune légitimité démocratique pour de tels choix", alors que dans une lettre au président du Groupe GUE/NGL du Parlement européen, Lothar Bisky, il appelle au soutien des forces de ce groupe, le choix du gouvernement étant "catastrophique" pour le pays et un mauvais présage pour les autres peuples de l'Europe.
i-GR/ANA-MPA