Le ministère grec des Affaires étrangères se montrait soulagé mardi par les conclusions du Conseil des Affaires générales concernant la marche d'adhésion de la FYROM, dont les négociations sont reportées à la prochaine présidence de l'Union européenne.
Au terme de délibérations marathon, la Grèce n'a pas obtenu le gel des négociations d'adhésion de la FYROM et à lier celle-ci au règlement du différend sur le nom constitutionnel de l'Ancienne république yougoslave de Macédoine.
Néanmoins, aucune référence n'est faite dans le texte quant à l'ouverture en mars de négociations d'adhésion avec la FYROM, comme il était stipulé initialement, alors qu'il est dit que "le Conseil reviendra sur cette question au cours de la prochaine présidence", qui sera exercée par l'Espagne à compter du 1er janvier 2010.
Le ministre adjoint des Affaires étrangères, Dimitris Droutsas a voulu minimiser les risques de cette demi-victoire des thèses grecques se déclarant pleinement satisfait des conclusions du Conseil des Affaires générales.
En effet, M. Droutsas et le ministre chypriote des Affaires étrangères, Marcos Kyprianou, ont exprimé leur entière satisfaction sur les conclusions finales du Conseil des Affaires générales de l'UE concernant la Turquie et la FYROM, dans une déclaration commune devant les représentants des médias mardi à Bruxelles, un résultat qu'ils ont attribué à la coordination absolue entre la Grèce et Chypre.
Concernant plus spécialement la FYROM, M. Droutsas a informé la presse que le premier ministre, Georges Papandréou, doit avoir dans la journée un contact téléphonique avec son homologue de la FYROM, Nikola Gruevski, cette initiative s'interprétant comme une confirmation de la volonté de la Grèce de renforcer la coopération bilatérale.
Concernant la Turquie, M. Droutsas a souligné que la diplomatie grecque et chypriote a obtenu, au terme d'une longue et âpre négociation, l'amélioration substantielle des conclusions du Conseil de l'UE. "La coopération étroite, quasiment sur une base quotidienne, avec la partie chypriote, a donné beaucoup de poids à la voix commune de la Grèce et de Chypre, n'hésitant pas à parler d'un "grand renversement dans des conditions adverses" puisque la présidence suédoise de l'UE avait des vues radicalement opposées aux vues grecques.
M. Droutsas a mentionné tout particulièrement le "succès majeur" d'avoir obtenu la radiation du texte de conclusions d'une proposition de la présidence suédoise faisant état que les différends bilatéraux des Etats membres avec les pays candidats (à l'adhésion) ne devront pas faire obstacle à l'élargissement de l'UE.
Le ministre précise encore que les conclusions font explicitement mention à l'obligation d'Ankara de remplir les critères de Copenhague et en particulier de respecter les droits fondamentaux, tels que la liberté d'expression, les libertés religieuses, les libertés des minorités et leurs droits sur leurs biens, des questions cruciales pour le Patriarcat oecuménique et la communauté grecque. Il est fait également formellement mention à la question de l'immigration clandestine, où il est cité que la Turquie a l'obligation d'appliquer les accords bilatéraux de réadmission qu'elle a contractés et la nécessité qu'elle intensifie les contrôles à ses frontières.
Les conclusions stipulent également le devoir pour Ankara de conserver des relations de bon voisinage et de contribuer au règlement pacifique des différends, conformément à la Charte des Nations unies, et s'il le faut, par un recours devant la Cour internationale de Justice de La Haye.
A ce point, M. Droutsas souligne la référence pour la première fois de la nécessité de respecter les droits souverains des Etats membres, y compris des accords bilatéraux sur la base du droit international et de la Convention sur le droit de la mer.
Concernant enfin les obligations de la Turquie vis-à-vis de Chypre, les "27" expriment leur regret sur le fait que la Turquie, en dépit de leurs appels, refuse de mettre en application le Protocole d'Ankara, le Conseil restant ainsi ferme sur sa décision de décembre 2006 de maintenir gelés huit chapitres de négociations. Le Conseil invite la Commission européenne à réévaluer les progrès de la Turquie lors de son prochain rapport annuel et souligne qu'il attend des progrès sans nul autre délai. Le Conseil déclare aussi attendre de la Turquie qu'elle contribue activement aux efforts en vue d'un règlement juste et viable de la question chypriote dans le cadre de l'ONU.
Répondant à certaines questions de la presse, et invité à commenter des déclarations du premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, sur la minorité musulmane en Grèce, M. Droutsas a rappelé la position de fermeté du gouvernement grec de ne pas discuter de questions concernant la minorité musulmane, donc des questions concernant des citoyens grecs. "La Turquie peut dire ce que bon lui semble", a-t-il dit.
En référence en outre à la FYROM, M. Droutsas a signalé que le plan initial de conclusions de la présidence suédoise ne correspondait nullement à la réalité, puisque parlant de la fixation d'une date d'ouverture de négociations avec la FYROM en mars 2010. "Ce qui est recherché, c'est de parvenir au règlement de la question du nom. Avant l'obtention d'une solution dans la question du nom, il est inconcevable d'ouvrir des négociations avec la FYROM. Cela n'est pas objet à négociation, c'est une réalité", a-t-il tranché.
Toutefois, la rude bataille que la diplomatie grecque a dû livrer à Bruxelles pour un résultat mitigé dénote que le climat général de nos partenaires européens est plutôt défavorable aux thèses grecques. Une autre bataille pour renverser ce climat est nécessaire si le gouvernement grec ne veut pas voir ses arguments s'épuiser dans une course à contre-courant lors des prochaines discussions.
i-GR/ANA-MPA