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Le Conseil de Sécurité maintien le plan Annan et condamne l'attitude du chef chyrpoturc Denktash

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By iNFO-GRECE,

A deux jours de la signature à Athènes du traité historique d'adhésion des 10 nouveaux pays à l'Union Européenne, dont Chypre, le Conseil de Sécurité de l'ONU a adopté lundi après-midi à l'unanimité la résolution 1475 avec laquelle il appuie le plan du Secrétaire général Kofi Annan pour un règlement global de la situation à Chypre. La résolution condamne nommément l'attitude négative du dirigeant chyproturc Raouf Denktash à qui il attribue la responsabilité de l'échec, mais évite soigneusement de mettre en cause la Turquie.


La résolution rappelle son attachement à un règlement politique global à Chypre et rappelle que le plan Annan du 26 février 2003 constitue une base unique pour de nouvelles négociations. Le Conseil de sécurité engage toutes les parties concernées à continuer à négocier, dans le cadre de la mission de bons offices confiée au Secrétaire général.

Le Conseil de sécurité estime que l’attitude négative du dirigeant chypriote turc, Raouf Denktash est la raison pour laquelle il n’a pas été possible de parvenir à un accord prévoyant de soumettre le plan à deux référendums simultanés avant le 16 avril 2003, c'est à dire avant la signature du traité d'adhésion de Chypre à l'ONU.

Dans son exposé auprès Conseil de sécurité le 10 avril dernier sur la situation à Chypre, le Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial du Secrétaire général pour Chypre, Alvaro de Soto, a indiqué que les deux parties avaient rejeté le plan du Secrétaire général le 11 mars dernier à La Haye, après deux journées d’âpres négociations, le représentant chypriote turc, Rauf Denktash, ayant souhaité renégocier les principes fondamentaux.

Expliquant son vote, le représentant de la Fédération de Russie a réaffirmé l’appui de son Gouvernement à un règlement global de la question de Chypre. Il a toutefois estimé que le plan du Secrétaire général pouvait être modifié pour mieux tenir compte des attentes des différentes parties, dans le souci de parvenir à un règlement juste de la question de Chypre. Dans ce contexte, il a prôné la création d’un État fédéral comprenant deux zones distinctes souveraines.

Il est encore tôt pour décrypter l'intervention russe, mais force est de constater que le Conseil de Sécurité a soigneusement évité de mettre en cause le rôle de la Turquie dans le rejet du plan Annan par l'autoproclamée par Raouf Denktash République Turque de Chypre du Nord, que la Turquie est seule dans le monde à reconnaître et soutenir. Le double langage des autorités d'Ankara et de Denktash, permet justement à la Turquie d'être de tous les festins, marchandant tout en ne rien négociant.

Les Grecs et les Chypriotes s'ils ne peuvent que se féliciter de cette condamnation onusienne de Denktash, ne devraient pas se trop se tranquilliser. La présente résolution sera sans conséquences. Il y a bien d'autres résolutions de l'ONU beaucoup plus consistantes et sur des sujets autrement plus graves qui n'ont porté à aucune conséquence, autre que celle de geler les statu quo au profit des agresseurs. Le plan Annan visait à rendre service à l'Union Européenne qui souhaitait voir adhérer une Chypre unie, cela constituait aussi une belle opportunité pour le règlement. En faisant porter le chapeau de l'échec à Denktash évite de se remettre en cause elle-même. Dans une négociation arbitrée, on oublie souvent que le rôle de l'arbitre est déterminant. En l'occurrence l'arbitre Annan en rabaissant le Président de la République de Chypre au rang de chef communautaire, ne faisait que renforcer le rôle du chef chyproturc Dektash. Dès lors l'intransigeance, la voracité et le jusqu'au-boutisme de ce dernier était à attendre.

Dans les coulisses diplomatiques on est à la recherche d'une formulation de l'adhésion de Chypre à l'Union Européenne pour surmonter l'obstacle que constitue l'adhésion d'un pays "divisé". Et là les nuances sémantiques du langage prendront toute leur importance. Outre l'appui russe pour un Etat fédéral avec des zones distinctes souveraines tenant mieux compte des attentes de chaque partie, une autre piste a été soufflée par Thomas Weston, chargé du dossier chypriote au Département d'Etat américain. Ce pourrait ne pas être Chypre qui adhère à l'Union Européenne, mais la République de Chypre. Une dissociation entre l'entité géographique et l'entité politique qui permettrait à chacun de jongler à sa façon.

Ci-après le texte de la résolution 1475 tel que proposé hier au vote du Conseil de Sécurité :

Le Conseil de sécurité

,

Réaffirmant

toutes ses résolutions concernant Chypre, en particulier la résolution 1250 (1999) du 29 juin 1999 qui devait mener à un règlement global de la question de Chypre,

Rappelant

son ferme attachement à un règlement politique global à Chypre qui prenne pleinement en compte ses résolutions ainsi que les traités pertinents,

Accueillant avec satisfaction

le rapport du Secrétaire général en date du 1er avril 2003 (S/2003/398) concernant sa mission de bons offices à Chypre,

1. Rend hommage au Secrétaire général et à son Conseiller spécial et son équipe pour les efforts extraordinaires qu’ils déploient depuis 1999 au titre de la mission de bons offices et dans le cadre de la résolution 1250 (1999) du Conseil;

2. Rend hommage aussi au Secrétaire général pour avoir pris l’initiative de présenter aux parties un plan de règlement global visant à aplanir leurs divergences, en s’inspirant des pourparlers qui ont commencé en décembre 1999 sous les auspices de l’ONU et, après des négociations, de réviser ledit plan le 10 décembre 2002 et le 26 février 2003;

3. Regrette que, comme décrit dans le rapport du Secrétaire général, du fait de l’attitude négative du dirigeant chypriote turc, qui a abouti à la position adoptée lors de la réunion tenue les 10 et 11 mars 2003 à La Haye, il n’ait pas été possible de parvenir à un accord prévoyant de soumettre le plan à deux référendums simultanés comme proposé par le Secrétaire général, et donc que les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs aient été privés de la possibilité de se prononcer eux-mêmes sur un plan qui aurait permis la réunification de Chypre, la conséquence étant qu’il ne sera pas possible de parvenir à un règlement global avant le 16 avril 2003;

4. Appuie pleinement le plan soigneusement équilibré du Secrétaire général du 26 février 2003, qui constitue une base unique pour de nouvelles négociations, et engage toutes les parties concernées à négocier dans le cadre de la mission de bons offices du Secrétaire général en utilisant le plan afin de parvenir à un règlement global comme il est énoncé aux paragraphes 144 à 151 du rapport du Secrétaire général;

5. Souligne qu’il appuie pleinement la mission de bons offices du Secrétaire général qui lui a été confiée dans la résolution 1250 (1999) et le prie de continuer d’offrir à Chypre ses bons offices, tels que décrits dans son rapport;

6. Décide de demeurer activement saisi de la question.

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