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M. Simitis devant le Parlement Européen de Strasbourg

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By iNFO-GRECE,

Présentant le programme de la Présidence grecque du Conseil des Chefs d'Etat de l'Union Européenne, hier, devant le Parlement Européen à Strasbourg, le Premier ministre grec Costas Simitis a déclaré que "l'Union européenne est entrée dans une ère de transformation historique dans laquelle la Commission, le Parlement, le Conseil et les peuples de l'Union vont contribuer à l'intégration européenne." Concernant les tensions internationales, "l'Union européenne est dans un système mondial dans lequel elle devra se battre pour défendre la paix, la coopération et la justice. […] L'Union européenne doit adopter une position unique sur la scène internationale", a dit M. Simitis.

Pour M. Simitis, l'Europe doit placer au centre de ses préoccupations son souci pour les citoyens. Le programme de la Présidence consiste à relever le défi européen mais également le défi de la conjoncture internationale. Il s'agit de combattre le manque de compétitivité, la stagnation économique, une situation sociale préoccupante et de frapper à la source l'ensemble de ces problèmes. En même temps, l'Union européenne doit se concentrer sur les crises internationales qui contribuent à l'insécurité.

M. Simitis a présenté ensuite les cinq priorités de la Présidence grecque.

La première concerne l'élargissement. La Grèce souhaite exercer une bonne conduite de l'élargissement à dix nouveaux Etats membres qui devra être menée à bon terme avec notamment la signature des traités d'adhésion le 16 avril à Athènes. Les relations avec la Bulgarie et la Roumanie seront poursuivies activement pour respecter l'objectif de 2007. Concernant la Turquie, la Grèce est convaincue que ce pays doit trouver sa place dans la famille européenne sur la base des décisions existantes du Conseil européen. L'Union européenne doit aider la Turquie à mener les réformes nécessaires pour respecter les critères de Copenhague. Les relations avec les Balkans devront également être soutenues pour que ces pays puissent devenir éligibles à l'adhésion à l'Union européenne par la suite. Costas Simitis souhaite fortement que Chypre adhère réunifiée. Il est confiant en une solution qui serait trouvée avant le 28 février.

La deuxième priorité de la Présidence grecque touche à la réforme de l'économie européenne et à la cohésion sociale. La stratégie de Lisbonne reste d'actualité. M. Simitis met l'accent sur six points : les questions liées à la macro-économie et à la nécessité d'une "gouvernance économique" européenne; la réforme de la stratégie européenne pour l'emploi ; la promotion de la compétitivité et de l'esprit d'entreprise ; le développement de l'économie européenne des connaissances et de l'innovation; l'approfondissement de la libéralisation de certains marchés, dont notamment l'électricité et les télécommunications ; la préservation et la défense du développement durable pour lequel l'Union européenne doit se fonder sur les conclusions du Sommet de Johannesburg.

La troisième priorité touche l'immigration clandestine. L'Union européenne doit devenir un véritable espace de liberté et de sécurité pour ses citoyens. Il est nécessaire de combattre l'origine des problèmes sociaux qui sont la pauvreté et l'oppression sociale. Concernant l'immigration, une meilleure protection contre l'immigration clandestine est nécessaire.

La quatrième priorité concerna l'avenir de l'Union européenne qui devra être plus proche des citoyens. La Convention livrera bientôt ses conclusions. Avant le Conseil du mois de juin, la Présidence grecque s'occupera particulièrement des problèmes institutionnels de l'Union avec, pour objectif, d'établir un bilan actuel du fonctionnement des institutions, de lancer un débat substantiel sur la question et de définir le mandat de la CIG à venir et la date à laquelle elle se déroulera.

La cinquième priorité de la Présidence grecque sera la scène internationale. La politique européenne de sécurité et de défense a déjà fait l'objet de progrès. La Grèce met l'accent sur la conclusion d'accords permanents de coopération avec l'OTAN. Le rôle que joue l'Union européenne en Macédoine est un premier exemple concret positif. Concernant l'Irak, la Grèce estime que la paix est nécessaire et veut éviter la guerre. Des efforts seront réalisés par l'Union européenne pour aller dans ce sens. M. Simitis espère que l'Irak respectera la volonté des Nations Unies.

Concernant le Parlement Européen, M. Simitis souhaite se concentrer sur la définition du statut des députés européens ainsi que sur le statut des partis politiques européens.

Réactions de la Commission

En répondant, le Président de la Commission, M. Romano Prodi, a estimé que l'année 2003 sera "déterminante à de nombreux égards", l'élargissement et la réforme institutionnelle nécessitant des préparatifs appropriés.

M. Prodi a salué l'engagement de la Présidence grecque, qui, en fixant ses priorités pour les six mois à venir, a montré qu'elle inscrira son travail dans la continuité du processus de Lisbonne. Le Conseil européen du printemps constituera à cet effet, souligne-t-il, une occasion déterminante de fixer des priorités économiques, sociales et environnementales pour 2003.

Toutefois, souligne le Président de la Commission, les objectifs de Lisbonne ne seront remplis qu'avec une plus grande volonté politique de la part des Etats membres, qui doivent accélérer la mise en œuvre de nombreuses réformes politiques nationales nécessaires pour parvenir aux objectifs de ce processus. Le processus de Lisbonne doit passer, insiste M. Prodi, par un investissement important dans la connaissance et l'innovation, qui sont les premiers à être réduits en temps de crise mais qui sont pourtant au centre du développement durable. Or, si l'Union a accompli des progrès vers une économie fondée sur la connaissance, elle est encore en retard par rapport à ses principaux concurrents en termes d'investissement et de performance dans le secteur de la recherche, surtout par rapport aux Etats-Unis. La conséquence logique de cette situation, est la délocalisation hors Union de la recherche par les grands groupes européens et la fuite des cerveaux, qui partent en masse poursuivre leurs recherches aux USA.

Réactions des Groupes politiques

M. Hans-Gert Poettering (D), au nom du groupe PPE-DE, souhaite beaucoup de succès à la Présidence grecque. Les Traités d'adhésion en avril de cette année devant l'Acropole constitueront un symbole fort pour les pays candidats. Concernant Chypre, M. Poettering se déclare favorable à une solution pacifique et à la stratégie proposée concernant la Bulgarie et la Roumanie. Les Balkans doivent également bénéficier d'une perspective d'adhésion. Cette perspective concerne toutefois le long terme car les citoyens de l'Union européenne doivent à présent "digérer" l'adhésion de dix nouveaux Etats. Concernant la Convention, le PPE souhaite une véritable Constitution. Fin juin, une brève Conférence intergouvernementale serait souhaitable sous la Présidence italienne pour adopter les résultats des travaux de la Convention. M. Poettering propose que, pour garder les scientifiques européens en Europe, le marché du travail soit assoupli. Sur les questions des relations internationales et des armes de destruction massive, toute action doit être encadrée par les Nations Unies. Le développement d'une position commune de l'Union européenne serait toutefois très positif.

M. Enrique Baron Crespo (E), au nom du groupe PSE, souhaite revenir sur les cinq défis que la Grèce aura à relever pendant sa Présidence. L'élargissement bénéficiera d'un heureux concours de circonstance avec la signature des Traités d'adhésion en avril de cette année à Athènes qui représente le berceau de la démocratie en Europe. L'adhésion de Chypre avec une île réunifiée serait très positive et M. Baron Crespo apporte son entier soutien à la politique de Kofi Annan. Quant à la Turquie, la situation est inédite et sans doute très positive pour améliorer la relation entre la Grèce et la Turquie. La stratégie de Lisbonne est toujours d'actualité et une politique économique unique est nécessaire pour sortir du marasme actuel. M. Baron Crespo propose, pour attirer les cerveaux en Europe, de lancer un programme Socrates mondial. Après la catastrophe des naufrages de l'Erika puis du Prestige, la sécurité maritime voit la Grèce jouer un rôle particulier par son poids dans le secteur des transports maritimes.

Enfin, M. Baron Crespo demande à la Présidence grecque de poursuivre une politique active au Moyen-Orient. Le groupe PSE apporte tout son soutien à la Présidence dans ce but.

La présidence grecque devra, estime M. Graham Watson (UK, groupe ELDR), exploiter ses bonnes relations avec Chypre pour que l'île entre dans l'UE enfin réunifiée. Quant au processus de Lisbonne, la situation actuelle nécessite un effort de la part des Etats membres pour lui donner un nouvel élan et démontrer aux citoyens que l'Europe est une communauté de valeurs, et pas seulement une union économique. Enfin, pour ce qui est de la crise irakienne, la Présidence grecque devra faire bonne figure en recevant le témoin de la part de la Présidence danoise dans un marathon, un terme dont "le sens est bien connu à Athènes".

Le groupe GUE/NGL soutient la Présidence grecque dans son effort de parvenir à une situation pacifique en Irak, affirme Mme Sylvia-Yvonne Kaufmann (D). L'UE doit "faire corps" derrière la nouvelle présidence en exercice pour éviter un conflit armé, qui fait l'objet d'une "grande hostilité" de la part de l'opinion publique européenne. Quant à la présentation du rapport de printemps de la Commission, la Gauche nordique, tout en soutenant les efforts annoncés de poursuivre la mise en oeuvre du processus de Lisbonne, attend des résultats lors du sommet de printemps, principalement pour ce qui est de la lutte contre le chômage et l'exclusion sociale.

M. Daniel Cohn-Bendit (F), au nom du groupe Verts/ALE, déclare au sujet de l'Irak qu'il devrait être possible de définir la position que l'on souhaite voir adopter par le Conseil de sécurité de l'ONU. Il n'est pas souhaitable de se réfugier derrière le Conseil de sécurité. M. Cohn-Bendit demande à M. Simitis de rassembler les quatre gouvernements de l'Union européenne qui sont présents au Conseil de sécurité et de leur demander de renoncer à la guerre. Il n'existe jusqu'à présent aucune preuve d'une véritable agressivité de l'Irak. Par contre, pour Daniel Cohn-Bendit, la Corée du Nord détient déjà des armes de destruction massive et peut fabriquer des bombes nucléaires.

M. Cohn-Bendit demande également à la Présidence grecque de redéfinir les responsabilités écologiques dans le domaine de la sécurité maritime lors de catastrophes. Les responsables de tels événements doivent en supporter l'ensemble des coûts.

M. Gerard Collins (IRL), au nom du groupe UEN, déclare que la Présidence grecque commence dans un moment d'incertitude sur la scène internationale. Les inspecteurs des Nations Unies en Irak feront part de leur rapport à la fin du mois. La concentration de moyens militaires dans la région rend cependant une guerre fort possible.

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